Une fédération des centres islamiques vaudois n’est pas à l’ordre du jour

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Une fédération des centres islamiques vaudois n’est pas à l’ordre du jour

23 mars 2006
Des divergences portant sur le contenu de la foi empêchent le centre islamique de Lausanne et la dizaine de centres regroupés au sein de l’Union vaudoise des associations musulmanes de former une union
Dans le canton de Vaud, le projet de loi redéfinissant les rapports entre l’Etat et les communautés religieuses prévoit la possibilité de reconnaître d’intérêt public les Eglises qui en feraient la demande, pour peu qu’elles s’engagent à respecter les principes de l’ordre juridique suisse, l’égalité entre hommes et femmes et la transparence financière. C’est la voie que devrait suivre la communauté musulmane, à qui la Constitution vaudoise n’a pas accordé d’office, à l’instar de la communauté israélite, cette reconnaissance qui lui permettrait de participer aux aumôneries, d’être exonérée d’impôts et consultée sur les projets de lois la concernant. Fédérer les centres islamiques existant dans le canton n’est toutefois pas à l’ordre du jour, des divergences de points de vue portant sur le contenu de la foi séparant le centre islamique de Lausanne et la dizaine de centres réunis au sein de l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM).

« Il sera difficile pour l’Etat d’avoir deux interlocuteurs », constate Martin Burkhard, chargé du dialogue interconfessionnel et interreligieux à l’Eglise réformée vaudoise. « Actuellement, le centre islamique de Lausanne et l’UVAM ne veulent pas faire partie de la même union. Ils ne s’entendent pas sur un certain nombre de points concernant le contenu de la foi. Le centre islamique de Lausanne a toujours voulu représenter l’islam dans le canton de Vaud, tout en affirmant un côté rigoriste en matière d’exercice personnel de la religion. Parallèlement, il s’y pratique des invocations de type soufi, mystique, montrant une ouverture que l’on ne trouve pas ailleurs ». A ceci s’ajoutent des différences linguistiques et culturelles : au centre islamique turc à Ecublens, l’imam est un représentant du ministère des affaires religieuses de son gouvernement et ne s’exprime que dans sa langue. Les centres islamiques bosniaques ou albanais complètent ce tableau varié.

« L’Islam est unique : soit on est dedans, soit on est dehors », affirme pour sa part Toufiq El-Maliki, porte-parole du centre islamique de Lausanne. « Nous avons fait des efforts de rapprochement, nous n’avons jamais fermé notre porte mais cela s’est heurté à un silence radio. On ne peut nous reprocher notre bonne foi. Nous sommes prêts à travailler ensemble, mais il y a des principes sur lesquels on ne peut transiger : nous voulons que l’on condamne clairement l’extrémisme. Or, nous n’avons pas eu de réponse jusqu’à ce jour ». Une condition à la discussion qui a semble-t-il choqué certains participants, estimant que condamner le terrorisme allait de soi.