Quels changements souhaite le public ? L’Eglise neuchâteloise donne les résultats de son micro-trottoir

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Quels changements souhaite le public ? L’Eglise neuchâteloise donne les résultats de son micro-trottoir

28 mars 2006
Quelque 4500 personnes ont effectué 6500 visites sur le site Internet où l’Eglise réformée évangélique neuchâteloise organisait une vaste consultation sur sa mission
Les répondants attendent que l’Eglise donne un cadre et des valeurs à la société, mais aussi qu’elle apprenne à mieux communiquer.En septembre dernier et durant quatre mois, l’Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN) a ouvert un vaste espace-débat sur le Net. Le défi du site www.feu-sacre.ch consiste à sonder les opinions au-delà du cercle des ministres, conseils de paroisse et paroissiens engagés. Il s’agit d’effectuer un micro-trottoir susceptible d’intéresser tout un chacun, sur le thème « Que pensez-vous de l’Eglise et de ses professionnels ? ». Hier, à la collégiale de Valangin, Pierre de Salis, responsable du service théologique de l'EREN a présenté les résultats de la consultation avec les concepteurs de cet espace débat sur le Web. Quelque 4500 personnes ont effectué 6500 visites sur le site ; 787 d’entre-elles ont répondu à un questionnaire visant à mieux cibler la place de l’Eglise dans la société et à mieux répondre aux attentes du public à son endroit. Pour entretenir la flamme du débat, 16 personnalités neuchâteloises, issues des différentes Eglises chrétiennes du canton ou provenant de la société civile, ont livré leur propre regard sur l’institution, adressé par lettre électronique à quelque 1500 destinataires, et suscité de nouvelles réactions.

L’analyse des quelque 669 questionnaires utilisables montre que les gens demandent à l'Eglise de donner un cadre et des valeurs à la société, qui traverse une crise de sens. Les personnes qui s’y impliquent sont en général plutôt appréciées et perçues comme diffusant un rayonnement, mais les répondants sont partagés quant à leur réalisme. Parmi les changements attendus, l’Eglise doit apprendre à communiquer plus justement, en tenant compte de la culture d’aujourd’hui. Le ministre doit être un médiateur entre le monde savant de la théologie et celui du public ; on attend des pasteurs qu’ils soient engagés dans la foi pratique. Pour un autre courant, l’Eglise doit redécouvrir son message ; elle fait trop de social et pas assez de spirituel ; les célébrations devraient être plus vivantes. D’autres répondants considèrent que l’Eglise est un catalyseur, un stimulant pour notre société : elle doit s’impliquer, enseigner la tolérance et la compréhension de l’autre, signifier la solidarité avec les plus démunis, réapprendre à « se mouiller », voire faire davantage de politique.

Peu d’avis recueillis décrivent une Eglise décalée et inadaptée. Certains se demandent toutefois si tout a été fait pour intégrer la jeunesse, pour effectuer un vrai contrôle de qualité des prestations de l’EREN, ou s’interrogent sur la possibilité de facturer certains services. L’opportunité d’élargir la consécration à d’autres personnes que les pasteurs et les diacres, mandat initial de la consultation, recueille des avis partagés, allant du statu quo au changement radical. Les personnes les plus âgées y sont le plus opposées, par crainte de perte de leurs repères. Il n’existe toutefois pas une demande insistante en faveur de cette solution.

Certaines réponses, telles celles qui montrent que l’importance attachée à la spiritualité augmente avec l’âge des répondants, mériteraient une analyse plus fine. Ces données pourront être confrontées avec les synthèses de sociologie des religions en Suisse, publiées par Roland Campiche, voire donner lieu à des mémoires universitaires. Isabelle Ott-Baechler, présidente du Conseil synodal, a souhaité poursuivre l'étude de renseignements "précieux pour notre Eglise".