Livre: "Quand l'autre boit" Un guide pour les proches des personnes alcooliques
L’alcool ne fait pas seulement souffrir celui qui boit : le conjoint vit parfois un véritable enfer, s’épuise à chercher des solutions et se heurte à un mur. Entre déni, honte, peur et culpabilité, chacun se débat comme il peut. « J’ai un problème ? C’est toi qui a un problème !», rétorque l’alcoolique à celle ou celui qui le prie de se faire soigner. La communication est extrêmement difficile entre l’alcoolique et son entourage. Les enfants s’isolent ou fuient la maison pour ne plus assister à des scènes insupportables. Ils se sentent rejetés ou abandonnés. La survie dans le chaos et l’insécurité de leur enfance leur donne une vision faussée de la vie, qui marque durablement leurs comportements. Ils devront apprendre à se reconstruire et à communiquer, de même que les conjoints doivent chercher à ne plus être « co-dépendants », c’est-à-dire complices.
Dès le moment où l’alcoolo-dépendant entreprend de son plein gré de suivre une cure de désintoxication, il est essentiel d’encourager les proches à développer une meilleure communication avec lui. Il s’agit de restaurer une solidarité familiale et d'éviter des dérapages calamiteux qui peuvent faire capoter le traitement. « Le dialogue serait plus aisé, assure le Dr. Claude Uehlinger, si les proches s’efforçaient de mieux comprendre le phénomène de la dépendance, à savoir que l’alcoolisme est une maladie, et non un vice ou la conséquence d’une faiblesse de caractère". C’est pourquoi les nouvelles approches thérapeutiques associent l’entourage au traitement du patient.
Le spécialiste des dépendances donne à l’entourage des pistes simples et claires pour s’en sortir. Il insiste sur le fait qu’il est faux de croire qu’une personne alcoolique manque de volonté, qu’on l’aide en surveillant sa consommation, ou qu’une rechute flanque tout par terre. Il ne faut donc pas perdre de vue que la personne alcoolique n’est pas responsable de sa dépendance mais considérée comme un malade en proie à un processus d’addiction qu’il n’est pas en mesure de contrôler.
Des groupes d’entraide, fondés sur l’amitié, le partage et une totale confidentialité, se sont formés un peu partout pour permettre un dialogue authentique dans le respect de chacun. Certains accueillent des alcooliques, (Alcooliques anonymes, Croix Bleue), tandis que les groupes Al-Anon sont destinés aux proches des personnes alcooliques. Ces réseaux sont précieux pour épauler les participants dans ce qu’ils sont en train de vivre, et les aider à se reconstruire et à s’accepter tels qu’ils sont. Les témoignages recueillis par la journaliste Marlyse Tschui prouvent qu’il est possible d’en finir avec l’enfer de l’alcool. Certains illustrent bien les différentes étapes du changement qui mènent au bout du tunnel et, peut-être à une vie familiale à nouveau vivable pour ceux qui n’ont pas abandonné la partie. La démarche préconisée pour les proches est expliquée de façon simple pour leur permettre de reprendre confiance en soi, de penser à soi, plutôt que de se focaliser sur les problèmes de l’alcoolique. Rétablir des liens de confiance avec le malade nécessite tout un travail de la part du proche pour retrouver l’estime de soi et changer ses réflexes, conditionnés par des années de souffrances et de comportements erronés qui ont souvent contribué à maintenir l’alcoolique dans sa dépendance. Une vérité parfois difficile à entendre.