Pro Deo : 4 expositions font parler les archives de l’ancien Evêché de Bâle
10 août 2006
La vie au Moyen-Âge, presque comme si on y était : les 4 expos Pro Deo que l’on peut voir à Bienne, Delémont, Porrentruy et Bâle, donnent à voir jusqu’à cet automne la vie quotidienne du IVe au XVIe siècle
« Il nous a paru intéressant de permettre aux visiteurs de renouer avec un passé où le sacré et le profane étaient intimement liés et de proposer différentes lectures des œuvres d’art et des objets présentés », explique Jean-Claude Rebetez, conservateur de la Fondation des Archives de l’ancien Evêché de Bâle à Porrentruy.Le grand escalier de bois de l’Hôtel de Gléresse à Porrentruy ne craque plus comme autrefois, regrette Jean-Claude Rebetez, en en gravissant les marches pour rejoindre les salles de la Fondation des Archives de l’ancien Evêché de Bâle dont il est le conservateur. L’escalier a été refait et les salles qui contiennent les trésors sur lequel veille l’historien, auteur d’une thèse sur l’abbaye de Bellelay, ont été rafraîchies: on y prend soin d’une collection de documents rares, de chartes, de livres de comptes où furent minutieusement détaillées les dépenses des collectivités, de registres de baptêmes remontant jusqu’au Ve siècle, de plans et de chroniques qui témoignent de 1200 ans d’histoire régionale, politique, religieuse et culturelle, du 4e au 16e siècle.
La Fondation, créée en 1985 par les cantons de Berne et du Jura, rejoints par la suite par Bâle-Campagne, a souhaité mettre en valeur ces témoins du passé et faire parler les archives pour le grand public. Pas question en effet de réserver ce patrimoine aux seuls chercheurs. Jean-Claude Rebetez a initié une collaboration inter cantonale et pluridisciplinaire, donnant naissance aux quatre expositions sur la vie religieuse, du Moyen-Âge au 16e siècle, qu’on peut voir jusqu’à cet automne au Museum Kleines Klingental à Bâle, au Musée de l’Hôtel-Dieu à Porrentruy, au Musée jurassien d’art et d’histoire à Delémont et au Musée Neuhaus à Bienne.
Les expositions sont bilingues et comportent des vitrines ludiques placées à la hauteur des enfants, pour piquer leur intérêt. Un livre accompagne les présentations des différents musées et permet de s’immerger dans la vie au Moyen-Âge, de comprendre la religiosité qui imprégnait toute la société, de la naissance à la mort, de découvrir comment les gens envisageaient l’au-delà, cherchaient à se protéger et comment ceux qui étaient considérés comme hérétiques étaient exclus et condamnés.
« On aimerait que les gens, en visitant ces expositions, puissent renouer avec leurs racines, avec ce qui fonde leur identité, explique Jean-Claude Rebetez, qu’ils puissent retrouver la signification de la symbolique religieuse des objets et des œuvres d’art qu’ils voient et se réapproprient l’histoire de leur région, où jadis le sacré et le profane étaient très intimement liés.Bâle, les débuts de l'évêché L’exposition de Bâle présente l’histoire mouvementée des débuts de l’évêché. On y suit les traces des premiers chrétiens et des premiers évêques. A Delémont, l’exposition « Etre de chair et de ciel » s’interroge sur les saints et leur utilité pour les croyants. Souvent issus de l’aristocratie politique, comme Eloi, haut fonctionnaire du roi Dagobert et fondateur d’abbayes, Donat, fils du duc de Transjurane, devenu évêque de Besançon, ou Germain, premier abbé de Moutier-Grandval. Ils étaient considérés comme des faiseurs de miracles qui intercédaient auprès de Dieu pour le salut des hommes.
A Porrentruy, l’exposition « Fêter, vivre, prier : une paroisse à la fin du Moyen-Âge » témoigne d’une société imprégnée d’une religiosité festive, exubérante, où les fidèles, pieux et indociles, curés savants ou indignes se côtoyaient dans un monde très divers, dont les juifs et les lépreux étaient impitoyablement exclus. On s’y familiarise avec les indulgences, un élément capital de la vie religieuse au Moyen-Âge. Elles permettaient d’adoucir les pénitences à accomplir sur terre, par exemple en substituant des dévotions et des charités tarifées au jeûne sévère prescrit pour un crime. L’octroi de ces indulgences sera au centre de la polémique protestante. Les Réformés affirment qu’on peut être sauvé sans avoir recours aux indulgences de Rome, simplement par la foi et l’observation des Ecritures. L’hérésie sous la crosse L’exposition de Bienne « L’hérésie sous la crosse, les Réformés dans l’évêché de Bâle » s’attache, elle, à dépeindre la situation particulière engendrée par la ville de Bienne passée à la Réforme, mais politiquement dépendante de l’évêque de Bâle, qui doit composer avec ceux qu’il considère comme les « hérétiques » du sud. Rappelons que l’évêque de Bâle exerce alors un double pouvoir, religieux dans son diocèse, qui englobe le département français du Haut-Rhin, une partie des cantons d’Argovie, de Soleure, de Berne, du Jura et les deux Bâle, et temporel dans sa seigneurie épiscopale, qui va de Bâle à Bienne, de Porrentruy à La Neuveville.
L’exposition biennoise permet de se familiariser avec la figure d’un réformé méconnu, Thomas Wyttenbach, qui n’a pas laissé d’écrits mais a joué un rôle significatif dans le ralliement de Bienne à la foi réformée. Issu d’une famille de notables de la ville, professeur de théologie à l’Université de Bâle, il eut comme élève Ulrich Zwingli, avant d’être nommé en 1507, curé de Bienne. Il se mit à proclamer la nouvelle foi, condamna ouvertement les abus de l’Eglise et, suivant l’exemple de Zwingli, devenu curé du Grossmünster de Zurich, se maria en 1524. Cette union déclencha lune vive réaction de ses adversaires et entraîna sa destitution, mais de loin pas la fin de sa carrière.
La Fondation, créée en 1985 par les cantons de Berne et du Jura, rejoints par la suite par Bâle-Campagne, a souhaité mettre en valeur ces témoins du passé et faire parler les archives pour le grand public. Pas question en effet de réserver ce patrimoine aux seuls chercheurs. Jean-Claude Rebetez a initié une collaboration inter cantonale et pluridisciplinaire, donnant naissance aux quatre expositions sur la vie religieuse, du Moyen-Âge au 16e siècle, qu’on peut voir jusqu’à cet automne au Museum Kleines Klingental à Bâle, au Musée de l’Hôtel-Dieu à Porrentruy, au Musée jurassien d’art et d’histoire à Delémont et au Musée Neuhaus à Bienne.
Les expositions sont bilingues et comportent des vitrines ludiques placées à la hauteur des enfants, pour piquer leur intérêt. Un livre accompagne les présentations des différents musées et permet de s’immerger dans la vie au Moyen-Âge, de comprendre la religiosité qui imprégnait toute la société, de la naissance à la mort, de découvrir comment les gens envisageaient l’au-delà, cherchaient à se protéger et comment ceux qui étaient considérés comme hérétiques étaient exclus et condamnés.
« On aimerait que les gens, en visitant ces expositions, puissent renouer avec leurs racines, avec ce qui fonde leur identité, explique Jean-Claude Rebetez, qu’ils puissent retrouver la signification de la symbolique religieuse des objets et des œuvres d’art qu’ils voient et se réapproprient l’histoire de leur région, où jadis le sacré et le profane étaient très intimement liés.Bâle, les débuts de l'évêché L’exposition de Bâle présente l’histoire mouvementée des débuts de l’évêché. On y suit les traces des premiers chrétiens et des premiers évêques. A Delémont, l’exposition « Etre de chair et de ciel » s’interroge sur les saints et leur utilité pour les croyants. Souvent issus de l’aristocratie politique, comme Eloi, haut fonctionnaire du roi Dagobert et fondateur d’abbayes, Donat, fils du duc de Transjurane, devenu évêque de Besançon, ou Germain, premier abbé de Moutier-Grandval. Ils étaient considérés comme des faiseurs de miracles qui intercédaient auprès de Dieu pour le salut des hommes.
A Porrentruy, l’exposition « Fêter, vivre, prier : une paroisse à la fin du Moyen-Âge » témoigne d’une société imprégnée d’une religiosité festive, exubérante, où les fidèles, pieux et indociles, curés savants ou indignes se côtoyaient dans un monde très divers, dont les juifs et les lépreux étaient impitoyablement exclus. On s’y familiarise avec les indulgences, un élément capital de la vie religieuse au Moyen-Âge. Elles permettaient d’adoucir les pénitences à accomplir sur terre, par exemple en substituant des dévotions et des charités tarifées au jeûne sévère prescrit pour un crime. L’octroi de ces indulgences sera au centre de la polémique protestante. Les Réformés affirment qu’on peut être sauvé sans avoir recours aux indulgences de Rome, simplement par la foi et l’observation des Ecritures. L’hérésie sous la crosse L’exposition de Bienne « L’hérésie sous la crosse, les Réformés dans l’évêché de Bâle » s’attache, elle, à dépeindre la situation particulière engendrée par la ville de Bienne passée à la Réforme, mais politiquement dépendante de l’évêque de Bâle, qui doit composer avec ceux qu’il considère comme les « hérétiques » du sud. Rappelons que l’évêque de Bâle exerce alors un double pouvoir, religieux dans son diocèse, qui englobe le département français du Haut-Rhin, une partie des cantons d’Argovie, de Soleure, de Berne, du Jura et les deux Bâle, et temporel dans sa seigneurie épiscopale, qui va de Bâle à Bienne, de Porrentruy à La Neuveville.
L’exposition biennoise permet de se familiariser avec la figure d’un réformé méconnu, Thomas Wyttenbach, qui n’a pas laissé d’écrits mais a joué un rôle significatif dans le ralliement de Bienne à la foi réformée. Issu d’une famille de notables de la ville, professeur de théologie à l’Université de Bâle, il eut comme élève Ulrich Zwingli, avant d’être nommé en 1507, curé de Bienne. Il se mit à proclamer la nouvelle foi, condamna ouvertement les abus de l’Eglise et, suivant l’exemple de Zwingli, devenu curé du Grossmünster de Zurich, se maria en 1524. Cette union déclencha lune vive réaction de ses adversaires et entraîna sa destitution, mais de loin pas la fin de sa carrière.