La démarche de frère Roger visait la communion avec la foi catholique, non la conversion

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La démarche de frère Roger visait la communion avec la foi catholique, non la conversion

8 septembre 2006
En Suisse romande, les Réformés qui ont côtoyé le fondateur de la communauté de Taizé ne croient pas à sa conversion au catholicisme
« Il se plaçait lui-même au-delà des clivages confessionnels », se souvient le pasteur Michel de Montmollin à Peseux.Dans un article du « Monde » paru mercredi, la thèse d’une conversion au catholicisme du pasteur réformé Roger Schutz, fondateur de la communauté œcuménique de Taizé en Bourgogne est affirmée. Selon l’historien français Yves Chiron, le protestant se serait converti en 1972. Une autre preuve de ce fait serait l’accueil de Frère Roger à la communion lors des obsèques du pape Jean-Paul II par le cardinal Ratzinger. La communauté des Frères de Taizé a vivement réagi à ces affirmations, estimant que la démarche de son fondateur n’avait pas été comprise. D’origine protestante, frère Roger a tenté, pour la première fois depuis la Réforme, à entrer en communion avec la foi catholique sans se convertir, ce qui aurait impliqué de rompre avec sa foi d’origine. Si le cofondateur de Taizé, le pasteur Max Thurian, s’était bel et bien converti, ce que Frère Roger souhaitait pour lui-même était une démarche que d’autres puissent suivre également, visant la réconciliation et sans rupture de communion avec quiconque.

Quant à la communion à l’eucharistie catholique, les compagnons de Frère Roger relèvent qu’il la recevait depuis plus de trente ans, sans que cela n’implique d’abjurer le protestantisme. « A mon avis, Frère Roger s’était lui-même mis au-delà de ces clivages confessionnels, en accueillant des prêtres dans sa communauté, où des Messes étaient également célébrées. Cependant il était resté fidèle à sa vocation de pasteur et de réformé, il n’y voyait pas d’incompatibilité », explique le pasteur Michel de Montmollin à Peseux, qui l’a bien connu. « Il était au-delà des polémiques et des discussions ».

Pasteur protestant de l’Eglise réformée évangélique de Neuchâtel (EREN), Roger Schutz était resté lié à cette Eglise et en particulier à la Communauté des sœurs de Grandchamp, marquée par Taizé dans sa manière de pratiquer la foi. La Communauté se rallie à la réponse de Taizé démentant la conversion de frère Roger et refuse de commenter ce « serpent de mer qui alimente les journaux ». En effet, les bruits à ce sujet courraient déjà du vivant de frère Roger, avant sa disparition brutale le 16 août 2005. « La communauté de Taizé m’a toujours affirmé que la rumeur de sa conversion était inexacte », se souvient le pasteur de l’EREN Pierre Burgat. Son collègue François Jacot, qui a connu Taizé depuis ses débuts, relève toutefois que « l’évolution de la communauté montrait que frère Roger se sentait de plus en plus proche de catholicisme, mais on m’a toujours affirmé qu’il n’avait pas changé de confession ».