A Soleure, le dossier de l’asile déchire les chrétiens
11 septembre 2006
La mobilisation des Eglises romandes contre les nouvelles lois fédérales en matière d’asile bat son plein
Il n’en va pas de même outre-Sarine où les nuances des ecclésiastiques peinent à dissimuler le malaise. A Soleure, les tensions entre les institutions religieuses et les défenseurs des migrants sont particulièrement vives.« Les médias ne sont pas les bienvenus à l’Eglise, nous ne voulons pas que notre communauté soit mêlée à des prises de position politiques. » Cette déclaration de l’une des conseillères de la paroisse méthodiste de la ville de Soleure en dit long sur le climat qui règne. « Je suis très partagée entre mon idéal d’accueil et le fait que de nombreux clandestins abusent de la situation » ajoute-t-elle encore, tout en refusant de donner son nom. Cette Eglise libre loue ses locaux à un groupe indépendant, IGA-SOS-racisme. Une poignée de bénévoles y tient deux fois par mois un brunch assorti de conseils juridiques pour les requérants d’asile et les clandestins.
« L’Eglise Méthodiste est la seule qui ait bien voulu nous louer ses locaux », se plaint Françoise Kopf, la principale responsable d’IGA-SOS-Racisme. Elle poursuit : « les Eglises sont particulièrement frileuses à Soleure ». Elisabeth, l’une des bénévoles qui veut garder l’anonymat, renchérit : « je suis membre de l’Eglise catholique chrétienne. La plupart des paroissiens partagent ma préoccupation pour les requérants d’asile, mais l’Eglise ne veut rien faire pour les clandestins. Notre président du Conseil de paroisse fait partie de la police. Il n’est pas question d’agir en marge des lois ».
Ce dilemme est particulièrement vif dans l’Eglise réformée. La question de l’asile l’a frappée de plein fouet en octobre 2004. Peter Bürgi, un pasteur aujourd’hui retraité, avait alors mis à disposition d’IGA-SOS-Racisme un local de la paroisse dans lequel l’association avait tenu conférence de presse. La bombe était amorcée. Une déferlante de protestations avais suivi la couverture médiatique. Le conseiller de paroisse Andreas Uebelhart raconte : « Plusieurs personnes ont brutalement quitté l’Eglise ou menacé de le faire. Soudainement, l’Eglise a pris conscience d’une problématique dont elle ignorait tout jusque-là ». Depuis, bien des choses ont changé. « Nous avons constitué un pot commun, une sorte de caisse noire, destinée en priorité aux besoins des personnes en situation de précarité. Ce fond finance le brunch d’IGA-SOS-Racisme et permet aux pasteurs de distribuer une manne aux nécessiteux qui frappent à leur porte », explique Andreas Uebelhart. Les requérants d’asile et les clandestins ne sont en effet pas rares à Soleure. Le centre de Balmberg, à dix kilomètres de la ville, dispose de 120 places pour accueillir les personnes enregistrées. Quant aux clandestins, une quinzaine sont connus des services officiels, mais leur nombre est estimé entre 60 et 150.Positions officielles clairesDu point de vue institutionnel, les positions sont tout à fait claires : la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) et la Conférence des Evêques Suisses ont publié une déclaration commune condamnant les dispositions de la nouvelle loi durt l'asile. Le Synode de l’Eglise réformée Berne-Jura-Soleure a relayé cette déclaration. « Dans les paroisses, la réception de ce texte est très contrastée », commente le pasteur Stefan Hagenow, en charge de la problématique. « 95% des gens ne sont pas concernés par cette question et ils font un amalgame entre les différents statuts des étrangers. Beaucoup d’images viennent des médias et sont caricaturales. Les gens attendent un engagement humanitaire de l’Eglise mais ne veulent pas qu’il soit trop politisé. Ils utilisent invariablement le même argument : l’Etat est un Etat de droit, lorsqu’il prend une décision, nous n’avons pas le droit de lui tirer dans le dos.» Selon lui, l’Eglise est intervenue trop tardivement sur ce dossier et peine à sensibiliser la population. En guise de conclusion, il ajoute : « J’ai l’impression que le climat s’est massivement durci durant les deux dernières années. Un esprit qui n’était pas présent auparavant pèse aujourd’hui sur les discussions. Cela a conduit à des polarisations au sein de l’Eglise ».
« L’Eglise Méthodiste est la seule qui ait bien voulu nous louer ses locaux », se plaint Françoise Kopf, la principale responsable d’IGA-SOS-Racisme. Elle poursuit : « les Eglises sont particulièrement frileuses à Soleure ». Elisabeth, l’une des bénévoles qui veut garder l’anonymat, renchérit : « je suis membre de l’Eglise catholique chrétienne. La plupart des paroissiens partagent ma préoccupation pour les requérants d’asile, mais l’Eglise ne veut rien faire pour les clandestins. Notre président du Conseil de paroisse fait partie de la police. Il n’est pas question d’agir en marge des lois ».
Ce dilemme est particulièrement vif dans l’Eglise réformée. La question de l’asile l’a frappée de plein fouet en octobre 2004. Peter Bürgi, un pasteur aujourd’hui retraité, avait alors mis à disposition d’IGA-SOS-Racisme un local de la paroisse dans lequel l’association avait tenu conférence de presse. La bombe était amorcée. Une déferlante de protestations avais suivi la couverture médiatique. Le conseiller de paroisse Andreas Uebelhart raconte : « Plusieurs personnes ont brutalement quitté l’Eglise ou menacé de le faire. Soudainement, l’Eglise a pris conscience d’une problématique dont elle ignorait tout jusque-là ». Depuis, bien des choses ont changé. « Nous avons constitué un pot commun, une sorte de caisse noire, destinée en priorité aux besoins des personnes en situation de précarité. Ce fond finance le brunch d’IGA-SOS-Racisme et permet aux pasteurs de distribuer une manne aux nécessiteux qui frappent à leur porte », explique Andreas Uebelhart. Les requérants d’asile et les clandestins ne sont en effet pas rares à Soleure. Le centre de Balmberg, à dix kilomètres de la ville, dispose de 120 places pour accueillir les personnes enregistrées. Quant aux clandestins, une quinzaine sont connus des services officiels, mais leur nombre est estimé entre 60 et 150.Positions officielles clairesDu point de vue institutionnel, les positions sont tout à fait claires : la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) et la Conférence des Evêques Suisses ont publié une déclaration commune condamnant les dispositions de la nouvelle loi durt l'asile. Le Synode de l’Eglise réformée Berne-Jura-Soleure a relayé cette déclaration. « Dans les paroisses, la réception de ce texte est très contrastée », commente le pasteur Stefan Hagenow, en charge de la problématique. « 95% des gens ne sont pas concernés par cette question et ils font un amalgame entre les différents statuts des étrangers. Beaucoup d’images viennent des médias et sont caricaturales. Les gens attendent un engagement humanitaire de l’Eglise mais ne veulent pas qu’il soit trop politisé. Ils utilisent invariablement le même argument : l’Etat est un Etat de droit, lorsqu’il prend une décision, nous n’avons pas le droit de lui tirer dans le dos.» Selon lui, l’Eglise est intervenue trop tardivement sur ce dossier et peine à sensibiliser la population. En guise de conclusion, il ajoute : « J’ai l’impression que le climat s’est massivement durci durant les deux dernières années. Un esprit qui n’était pas présent auparavant pèse aujourd’hui sur les discussions. Cela a conduit à des polarisations au sein de l’Eglise ».