Nouvelle Encyclopédie du protestantisme:Comprendre l'esprit protestant dans sa pluralité

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Nouvelle Encyclopédie du protestantisme:Comprendre l'esprit protestant dans sa pluralité

14 septembre 2006
Bioéthique, contraception, culpabilité, incarnation, pudeur, violence : voici quelques-unes des 1370 rubriques répertoriées dans la nouvelle édition, format de poche, de l’Encyclopédie du protestantisme
Une pléiade d’auteurs s’est attelée, sous la direction de Pierre Gisel, professeur de théologie à l’Université de Lausanne, et de Lucie Kaennel, à cette mise à jour. Elle s’inscrit dans une perspective délibérément historique et culturelle et témoigne des réalités multiformes du protestantisme. Interview.Quel article de la version, actualisée et étoffée, de l’Encyclopédie du protestantisme avez-vous préféré rédiger ?C’est finalement le dossier consacré aux images de Jésus et aux représentations diverses que le protestantisme a pu se donner de la figure christique. J’ai aussi un faible pour la rubrique consacrée au « syncrétisme », terme trop souvent employé dans un sens péjoratif et auquel on a recours pour parler des recompositions religieuses en cours dans nos sociétés occidentales. Il ne faut pas oublier que le christianisme est de fait culturellement syncrétiste au niveau de ses représentations, comme c’est le cas, à des degrés divers, de toutes les grandes religions historiques, l’histoire des religions l’a montré. Le christianisme est en effet constitutivement marqué par toutes sortes d’emprunts de données culturelles, religieuses et sociales de l’Antiquité tardive. La Bible, elle-même, apparaît culturellement syncrétiste, au long de l’Ancien Testament avec des représentations d’origine mésopotamienne et égyptiennes notamment, mais dans le Nouveau Testament aussi.Vous avez voulu donner à cette nouvelle Encyclopédie une audience plus large. Quelle est aujourd’hui l’utilité d’un tel ouvrage sur le protestantisme ?On est en pleine mutation du religieux. On assiste aujourd’hui à une déconfessionnalisation croissante et à une perte de l’identité religieuse. Il a semblé important à l’équipe éditoriale de s’interroger de façon un peu décalée sur quatre siècles de protestantisme, sur les différents courants qui le constituent, des anglicans aux pentecôtistes, sur l’apparition et la montée actuelles des fondamentalismes. Nos héritages religieux se trouvent pris dans un brassage sans précédent en Occident. Je souhaite que cette encyclopédie apporte une contribution aux débats actuels touchant les bouleversements de la société et les problèmes éthiques qui se posent aujourd’hui. Je suis content que nous ayons pu nous nous décentrer un peu de l’Europe et étoffer nos dossiers concernant les pays d’Asie, l’Afrique et les Etats-Unis.Qu’est-ce qui vous a guidé dans le choix de la cinquantaine de nouvelles rubriques ?Depuis la première édition parue il y a une dizaine d’années, nous avons beaucoup discuté, été à l’affût des remarques et des suggestions qui nous ont été faites et nous avons aussi constaté des oublis. Nous l’avons complétée tout en restant fidèle à notre perspective de base : une approche socioculturelle du protestantisme et de ses effets dans l’imaginaire collectif et comme source d’inspiration artistique.Ce qui explique sans doute les rubriques consacrées à Giacometti, Michel Rocard, à Michel Soutter ou encore au cinéaste Alain Resnais, pas forcément croyants ni protestants bon teint ?Exact. Nous avons voulu y inscrire les personnalités qui ont été influencés par la pensée protestante.

Vous avez travaillé avec 330 auteurs différents. Y a-t-il eu parfois des divergences de vue ?

Oui, notamment sur la Communauté de Taizé et sur une Faculté de théologie allemande et de son attitude sous le nazisme.