Gros consommateurs d’énergie, les Eglises sont invitées à adopter un comportement plus écolo

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Gros consommateurs d’énergie, les Eglises sont invitées à adopter un comportement plus écolo

12 octobre 2006
Pour la première fois cet automne, un cours destiné aux concierges et sacristains de Neuchâtel, Berne, Jura et Fribourg sera organisé en Suisse romande
Le chauffage des églises peut parfois être réduit de plus d’un tiers.Le réchauffement climatique conduit aussi les Eglises à prendre conscience de leur responsabilité envers la Création : début octobre, une centaine de délégués des Eglises protestantes, catholiques, anglicanes et orthodoxes, réunis en Suède au sein du réseau européen des chrétiens pour l’environnement, a appelé « les Eglises, gros consommateurs d’énergie, à économiser les ressources naturelles ». En Suisse romande, l’association Oeku Eglise et environnement organise cet automne, pour la première fois, un cours destiné aux concierges et sacristains des cantons de Neuchâtel, Berne, Jura et Fribourg . Mis sur pied avec les experts du programme fédéral SuisseEnergie, cette formation, qui n’était jusqu’alors proposée qu’en Suisse alémanique, réunit chaque année une centaine de responsables de bâtiments des paroisses et personnel technique autour des économies de chauffage.

« La consommation d’énergie est souvent immense dans les églises du fait du volume de ces bâtiments, et la mauvaise isolation fait que l’on chauffe souvent davantage le jardin que l’église elle-même », constate Kurt Aufdereggen, délégué à l’environnement au sein d’Oeku, une organisation soutenue par plus de 600 paroisses protestantes et catholiques. Or en Suisse, très peu d’églises ont effectué le bilan énergétique de leurs bâtiments. « Ces cours apprennent aux concierges et sacristains à maintenir un juste rapport entre chauffage et humidité, car un excès de chauffage peut aussi abîmer les orgues ou certains tableaux. Souvent, on conseille de réduire la température la semaine, lorsque peu de gens se rendent à l’église, et d’installer un chauffage automatique pour le week-end. » Expérience faite, le chauffage peut parfois être réduit sur une année de plus d’un tiers.

Mais d’autres efforts peuvent être faits en faveur de l’environnement : « dans les cimetières ou les jardins des églises, on devrait cultiver des plantes indigènes et non du Sud. Les fleurs coupées pour la décoration devraient aussi provenir des jardins paroissiaux. Un parc à vélo à côté de l’église peut encourager la mobilité douce », suggère le délégué. Un manuel à l’intention des paroisses propose même de récupérer la cire des restes de cierges pour effectuer des ateliers de fabrication de bougies en période de Noël, d’avoir recours à du papier recyclé pour le travail de bureau ou d’utiliser des produits de nettoyage naturels.

Si, en Suisse alémanique, plusieurs centres de formation appartenant à l’Eglise protestante zurichoise ou bâloise appliquent des critères de management écologiques, tout comme des maisons appartenant aux Jésuites ou aux Franciscains, les efforts restent modestes en Romandie. « Pour les vingt ans d’Oeku, service des Eglises spécialisé dans les questions liées à l’environnement, nous avons organisé cette année un concours destiné aux paroisses protestantes et catholiques suisses afin de distinguer des projets écologiques exemplaires. Nous avons reçu 31 projets, dont deux seulement de Suisse romande », regrette Kurt Aufdereggen. A part le chemin spirituel de l’abbaye de Fontaine-André dans le canton de Neuchâtel, qui conduit en dix stations de l’église St. Norbert à la source de l’abbaye et invite à méditer sur le thème de la création, la transformation de l’église catholique Notre-Dame à Payerne a donné lieu à une idée originale. Lors de la rénovation du bâtiment, l’utilisation de matériaux naturels (autel en chêne massif, briques en terre glaise pour le sol) a été privilégiée et une installation solaire, symbole de la présence spirituelle, fournit la lumière éternelle qui éclaire le tabernacle.

Une idée qui pourrait être développée en Suisse : « En Allemagne, plus de 700 églises se sont équipées d’installations solaires, alors que dans notre pays seules 6 ou 7 en sont pourvues. La plupart de ces bâtiments possèdent une toiture sud, c’est un potentiel qui pourrait être exploité pour économiser le chauffage. L’électricité venant du ciel est un symbole fort», estime le délégué à l’environnement. Il souhaite aussi que les Eglises qui ne pourraient ou ne voudraient pas adopter un comportement écolo soutiennent en contrepartie financièrement des projets dans le Sud en faveur de l’environnement.