Hongrie : seules 14 Eglises sur 358 reconnues par l'Etat
« Nous souhaitions une nouvelle loi, rendant moins facile l’installation de nouvelles Églises dans notre pays, et nous sommes satisfaits que le gouvernement ait fait quelque chose dans ce sens » a déclaré Zoltan Tarr, secrétaire général de l’Église réformée hongroise, dont les membres constituent environ un cinquième des quelque 10 millions d'habitants de ce pays.
« Nous sommes tout à fait en faveur de la liberté de culte et nous pensons que chacun a le droit de pratiquer sa religion. Mais cette loi constitue une démarche positive car elle exclut un certain nombre de communautés qui, chez nous, ne sont pas ce qu’on peut légitimement appeler des Églises ».
Le pasteur calviniste s’exprimait ainsi après la promulgation, le 12 juillet, de la « loi sur le droit à la liberté de conscience et de religion, ainsi que sur les Églises, les religions et les communautés religieuses », appuyée par le Fidezs, parti de centre droit au pouvoir en Hongrie.
Interviewé par ENInews, il a dit que la loi sur les Églises de 1990 était trop « libérale », et il a ajouté que toutes les communautés religieuses avaient eu l’occasion d’étudier la nouvelle loi avant qu’elle ne soit présentée à l’Assemblée nationale hongroise.
Mais l’un des dirigeants de l’Église de Dieu, une Église hongroise plus petite, n'est pas d'accord avec cette version des faits. Selon lui le texte définitif de la loi est « très différent » du texte présenté aux groupes religieux lors d’une consultation, en mai. « Je ne pense pas qu’on viendra nous dire que nous ne pouvons pas adorer Dieu » déclare Laszlo Debreceni, dont l’Église affirme être en Hongrie depuis 1907, mais à qui la nouvelle loi refuse la reconnaissance. « Cela va soulever de graves problèmes si certaines Églises figurent désormais sur la liste de celles qui sont approuvées et d’autres non. »
Selon cette loi, seules 14 des 358 Églises et associations religieuses déclarées se voient attribuer un statut de reconnaissance légale tandis que les autres devront présenter à nouveau une demande au tribunal après approbation par le parlement à la majorité des deux-tiers.
D’après Politics.hu, site Internet qui traite des questions politiques en Hongrie, les groupes religieux devront répondre à sept critères pour être reconnus, entre autres des effectifs d’au moins 1000 membres et un minimum de vingt années de présence en Hongrie. L’Église méthodiste hongroise et la communauté islamique figurent parmi les groupes qui se sont vus privés de leur statut juridique antérieur.
La loi, qui avait été présentée en juin, a été modifiée juste avant d’être finalement approuvée au parlement par 254 voix contre 43. Elle reconnaît les Églises principales de Hongrie, c’est-à-dire les Églises réformée, catholique-romaine, luthérienne et orthodoxe, ainsi que la communauté israélite.
L’évêque Imre Sibiu, président luthérien du Conseil œcuménique des Églises de Hongrie, qui regroupe dix Églises et dix-huit groupes associés, a déclaré à ENInews qu’il acceptait cette nouvelle loi.
Mais Botond Elekes, président de l’Église unitarienne hongroise, s’est dit déçu parce que son Église s’est vue refuser la qualité de « religion historique ».
« Notre fondation remonte aux temps de la Réforme – a-t-il déclaré à ENInews – et nous considérons que nous sommes la seule Église authentiquement hongroise d’origine ; nous avons sans aucun doute une origine historique ici ».
Cette loi a été condamnée comme présentant « un grave recul de la liberté religieuse en Hongrie » dans une pétition adressée au parlement par l’Union pour les libertés civiles en Hongrie et le Comité d’Helsinki, avec la signature également de Droits humains sans frontière, de la Southern Baptist Convention et d’autres organisations.
Selon Laszlo Debreceni, les Églises les plus petites vont perdre des ressources et se verront « traitées autrement » au niveau des institutions locales. Il regrette, a-t-il ajouté, que seule l’Église baptise hongroise se soit « manifestement souciée » du sort des communautés qui ont perdu leur statut de reconnaissance.
Dans une déclaration à ENInews, le pasteur de l’Église de Dieu a dit que « la plupart des Églises chrétiennes seront sans doute réintégrées, finalement, et (que) ce n’est donc pas, à long terme, une question de liberté religieuse. Mais il y a là, à court terme, une régression des droits humains, étant donné que cela signifie qu’un seul parti politique, disposant d’une majorité au gouvernement, peut décider de qui est Église et de qui ne l’est pas. » Le parti Fidesz, du Premier ministre Viktor Orban, dispose de 227 sièges sur 386 au parlement hongrois. (875 mots- ENI-11-0086/RR)