Humilité

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[pas de légende]

Humilité

Matteo Silvestrini
15 octobre 2023
Dépasser les apparences pour retrouver l’indispensable. Une Plume d’Erguël du pasteur de Villeret Matteo Silvestrini, parue dans la Feuille d’avis du district de Courtelary, le vendredi 13 octobre.

L'humilité est une vertu mal comprise !  Un bon chrétien d’antan confondait souvent humilité, avec « rabaissement », voire « humiliation ». Aujourd’hui nous avons intégré, à juste titre, le fait qu’il n’est pas bon d’être rabaissés, et que l’humiliation est une violence intolérable lorsque nous la subissons. Nous n’apprécions pas les personnes qui se présentent de manière arrogante ou hautaine. Mais parfois nous avons de la peine à bien nous situer, à savoir si nous sommes en train d’agir avec arrogance ou justesse. Parfois, de peur d’être humiliés nous devenons arrogants ou, au contraire, de peur d’être arrogants nous finissons par nous rabaisser et par nous dévaloriser. Je pense que le concept d’humilité pourrait nous venir en aide pour trouver un positionnement confortable et correct vis-à-vis de nous et de nos frères et sœurs.

Ce n'est certainement pas une chose facile, que d’être humble, et je me rends compte pour ma part que je ne suis pas capable de le mettre en pratique autant que je le voudrais. Le mot humilité dérive du latin humus, qui signifie « terreaux ». L’humilité c’est ce qui nous relie à la terre, qui nous rappelle notre finitude et la vanité des choses matérielles de ce monde. Etre humble signifie être vrai, sans ornements, sans froufrous.  L’humilité est une quête de la vérité qui est en nous. Cette vérité n’a pas besoin d’ornements. L’humilité signifie renoncer à nos ornements, qui ne seraient qu’une entrave à la recherche de la vérité.

Certes, dans la vie nous portons parfois des ornements, des habits de travail ou, parfois, des distinctions (diplômes, certificats…) Ils sont le signe des rôles et des fonctions que nous avons au sein de la société. Aussi dans la vie quotidienne nous avons des signes et des ornements distinctifs, certains d’entre nous sont bien placés, d’autres moins. Mais, dans la spiritualité chrétienne, chacune et chacun de nous sait qu’il ne s’agit là que d’ornements éphémères, symboles des fonctions portés aussi par d’autres, avant et après nous et pour lesquelles nous ne sommes pas indispensables. Nous savons que, dessous nos habits et ornements, il y a la matière brute, l’humus. Cette conscience nous rendra humbles. Dans l’humilité il y a une reconnaissance véritable de nos limites et de nos forces et sans orgueil ou fausse modestie, nous les mettons au service des autres. Nos limites nous imposent d’accepter l'aide des autres et leur expérience, nous imposent de reconnaître que nos vérités peuvent être subjectives et non universelles, et ne doivent donc pas être imposées, mais proposées. Et bien plus de nos vérités, c’est notre personne toute entière, avec ses forces et ses faiblesses, qui sera mise au service des autres, pour grandir toutes et tous ensemble, vers l’accomplissement d’une quête, celle de la vérité qui est en nous. Et si dans nos ornements nous ne sommes pas indispensables, dans cette vérité, qui nous rends uniques et humbles, nous sommes bien indispensables !