L’Evangile en ouverture du Festival des droits humains

"Le Nouvel Evangile" met à l’honneur l’épisode de la passion du Christ dans une version engagée politiquement / ©Vinca Film / Langfilm
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"Le Nouvel Evangile" met à l’honneur l’épisode de la passion du Christ dans une version engagée politiquement
©Vinca Film / Langfilm

L’Evangile en ouverture du Festival des droits humains

PASSION
Le film d’ouverture du FIFDH – Le Nouvel Évangile – met à l’honneur l’épisode de la passion du Christ dans une version engagée politiquement.

La Covid n’aura pas eu raison du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH). La 19e édition se tiendra du 5 au 14 mars, mais dans un format totalement numérique. Parmi les films proposés, Le Nouvel Evangile, du metteur en scène et réalisateur suisse Milo Rau, ouvrira le festival.

Camps de migrants

Que vient faire la passion du Christ dans la défense des droits humains ? Pour Milo Rau, le lien est apparu avec évidence lorsqu’il est venu poser sa caméra à Matera, dans le sud de l’Italie, localité qui servit de décor tant à l’Evangile selon saint Mathieu de Pasolini (1964) qu’à la Passion du Christ de Mel Gibson (2003). «On m’a demandé de monter un projet ici et j’ai tout de suite accepté. Mais quand je suis sorti de Matera (capitale européenne de la culture en 2019), j’ai trouvé une situation extrême: des milliers de migrants vivaient à ciel ouvert. J’ai alors compris que je ne pouvais pas réaliser un film sur Jésus aujourd’hui sans inclure ce problème social», explique le réalisateur de 42 ans et directeur du Théâtre national de Gand, en Belgique. Dans la périphérie de la ville se trouvent de nombreux camps des migrants travaillant illégalement dans les champs de tomates de la région.

Mi-documentaire, mi-fiction

Le film prend immédiatement forme pour Milo Rau avec la rencontre de l’activiste camerounais Yvan Sagnet, organisateur en 2011 de la première grève des ouvriers agricoles exploités dans la récolte de tomates et d’oranges en Italie du Sud. Il en deviendra le protagoniste, dans le rôle du Christ. Ses apôtres? Des migrant·e·s, des paysan·ne·s ou des travailleur·euse·s du sexe. Seul·e·s quelques professionnel·le·s participent, dont l’actrice qui a joué Marie dans le film de Mel Gibson et l’acteur incarnant le Christ chez Pasolini.

Le talent du cinéaste tient à la manière dont il mêle trois genres: la fiction, avec le récit de la passion; le documentaire, autour de la lutte contre l’exploitation des migrants menée par Yvan Sagnet; et les coulisses du film. Cet entrelaçage des niveaux de lecture donne aux paroles de l’Évangile une actualité saisissante. Autour de nombreuses scènes fictives représentant la passion, les migrants racontent leur histoire de vie dans les costumes qu’ils ont endossés pour jouer les apôtres, et dans le même décor. La scène d’expulsion des migrants de leurs camps vient tout naturellement rencontrer les paroles de l’Evangile, en voix off: «Le Fils de l’homme n’a pas de lieu où reposer sa tête» (Matthieu 8, 20).

Le parti pris du réalisateur est délibérément engagé: «Si Jésus vivait aujourd’hui, il serait du côté des migrants», a-t-il déclaré au Monde.

Les points forts du festival 

Grand entretien 
Rencontre avec la militante féministe et antiraciste Angela Davis. Retour sur près d’un demi-siècle de combat. Mercredi 10 mars, 20h. 

Rencontre avec la romancière Arundhati Roy qui lutte contre le radicalisme hindou et les discriminations contre les musulmans. Samedi 13 ou dimanche 14 mars. 

Films 
White Noise: en suivant trois représentants de la droite dure américaine, le film décortique la fabrique de l’extrémisme et de l’idéologie suprématiste. 

Coded Bias  le film révèle les biais racistes et sexistes de l’intelligence artificielle. Débat le mardi 9 mars, à 20h: Les algorithmes sont-ils sexistes? 

Audio 
Artistes et activistes s’exprimeront sur le podcast Utopia du FIFDH. Et chaque jour à 18h sur les réseaux, une militante raconte son parcours. Plus d’infos sur www.fifdh.org.

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