Musulman devenu chrétien, Mehdi Djaadi fait son show

Mehdi Djaadi dans «Coming out» / Stéphane Kerrad
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Mehdi Djaadi dans «Coming out»
Stéphane Kerrad

Musulman devenu chrétien, Mehdi Djaadi fait son show

27 janvier 2023
Dans un stand-up truffé de personnages, le comédien français Mehdi Djaadi raconte son parcours spirituel, de l’islam au catholicisme. Un choc d’humour et une ode à l’amour de Dieu à découvrir au Centre culturel des Terreaux et jusqu’au 29 janvier.

Il aurait pu nommer son spectacle «Apostat», ce qui lui aurait peut-être «valu un fatwa». Il a donc préféré «Coming out», plus susceptible de récolter «des subventions théâtrales»… Sans succès d’ailleurs. Son show en est un, pourtant. Un vrai triomphe public et médiatique.

De passage à Lausanne après avoir fait le bonheur du public parisien, Mehdi Djaadi continue, sans prosélytisme, de convertir le public francophone à son humour. Dans son spectacle co-écrit et mis en scène par le comédien belgo-suisse Thibaut Evrard, ce jeune trentenaire d’origine algérienne, né à Saint-Etienne de parents musulmans, raconte l’épopée de sa foi, de la mosquée jusqu’à l’église.

«Je n’ai pas retourné ma veste. J’ai juste enfin trouvé la mienne», lâche-t-il en préambule de ce one-man-show aussi décapant que touchant. Entre stand-up et personnages, Mehdi Djaadi nous invite à découvrir sa première vie, celle d’un jeune musulman toujours fourré à l’école coranique.

Très vite, poutant, son amour pour Allah est inquiété par la tentation de «venger le Prophète contre ces mécréants de Français», un mantra salafiste qui va gangréner les cœurs des copains du quartier. Mehdi Djaadi ne cèdera pas, sur le conseil affolé de son père: «Il ne faut pas que tu les écoutes. Pas trop. Pas tout.»

A la place, Mehdi Djaadi escroquer des banque, en prenant de fausses identités. Ses premiers personnages, en somme. C’est alors qu’il fait la connaissance d’une autre figure: celle de Jésus.

Lausanne et ses athées progressistes

Mehdi Djaadi déploie alors une galerie de rencontres, télescopant les univers religieux et sociaux. Après une incursion dans le milieu évangélique, où on lui offre sa première Bible, il opère un virage catholique et tombe amoureux de la Vierge Marie. Les clichés dont il se rit sonnent juste, notamment quand il incarne sans les caricaturer (ou presque) un pasteur Noir à l’accent gouleyant, ou encore un curé lausannois que sa conversion chicane un peu: «Cela va vous attirer des ennuis. Et à nous aussi…»

Formé à La Manufacture, Mehdi Djaadi fait donc ces jours son grand retour dans la capitale vaudoise, après l’avoir quittée une fois son diplôme en poche. Sur scène, il dépeint d’ailleurs le microcosme culturel romand, où les «athées progressistes», majoritaires, se montrèrent peu tolérant envers le chrétien qu’il devenait, forcément homophobe et réactionnaire à leurs yeux. Ce que ce spectacle dément avec talent.