Au Honduras, la bio-ingénierie face aux catastrophes

Situés à proximité des habitations, les talus de terre les menacent en cas de précipitations intenses. / ©EPER
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Situés à proximité des habitations, les talus de terre les menacent en cas de précipitations intenses.
©EPER

Au Honduras, la bio-ingénierie face aux catastrophes

Climat
Comme certains pays voisins, le Honduras connaît déjà des épisodes climatiques extrêmes. L’Entraide protestante y soutient un programme innovant pour protéger les habitations des catastrophes.

Petit territoire d’Amérique centrale exposé à deux façades maritimes, avec la mer des Caraïbes à l’est et l’océan Pacifique à l’ouest, le Honduras fait face depuis une décennie à des cyclones d’une intensité toujours plus grande. Dans ce pays, l’Entraide protestante (EPER) mène des projets d’entraide depuis plu- sieurs décennies. Face à l’intensité croissante des tempêtes tropicales, l’un des enjeux principaux concerne la reconstruction des maisons.

«Quand un cyclone passe, il détruit tout, occasionnant des morts et des blessés, mais aussi la destruction totale des habitations, la perte des biens. Pour une famille, c’est terrible, il faut tout recommencer», explique Leticia Flores, responsable locale de programme pour l’EPER au Honduras. Comment prévenir de telles catastrophes, amenées à se répéter parfois à un rythme annuel? La solution choisie dans un programme pilote de l’ouest du pays, parmi les zones les plus exposées, est à la fois innovante et basée sur des techniques ancestrales. On pourrait la qualifier de «low-tech»; elle vise à utiliser des matériaux existants pour deux objectifs: stabiliser les talus contre lesquels reposent les habitations et drainer les sols.

Tiges de vétiver

Pour ce qui est des talus, il s’agit d’utiliser des plantes de vétiver, une herbacée abondamment disponible sur place. Ses tiges, fractions de tiges, racines ou branches (capables de s’enraciner et de développer une plante adulte complète) constituent des éléments déterminants pour la stabilisation des pentes. «Cela va contribuer à retenir l’eau et à fixer le talus, pour éviter que l’eau et la terre ne dévalent sur l’habitation attenante», explique Leticia Flores. Pour ce qui est du drainage, la solution consiste à creuser des canaux et d’y insérer une série de matériaux inertes (béton, tiges de bambou, pierres...). Ici aussi, l’objectif est de retenir et drainer l’eau, lorsqu’elle monte, pour limiter l’étendue et l’impact des inondations soudaines. Des solutions développées avec l’aide d’une spécialiste en biotechnologies.

Les habitants connaissent ces méthodes, utilisées jusque-là dans l’agriculture traditionnelle. «Mais c’est la première fois qu’elles sont déployées à si vaste échelle, sur des zones d’habitations et dans le cadre d’un projet mené par l’EPER», assure Leticia Flores. Le programme pilote ne concerne pour le moment que 38 habitations dans trois communes. Il est mené en partenariat avec les autorités locales, notamment les comités d’urgence locaux et régionaux. Le but est de former les familles, mais aussi de développer des solutions de prévention, à moindre coût, dans l’un des pays les plus inégalitaires d’Amérique latine.

Définitions

La bio-ingénierie utilise les effets mécaniques et hydrologiques bénéfiques d’une communauté végétale pour remplir une fonction d’ingénierie. La végétation affecte les conditions hydrologiques d’une pente et influence la vitesse et le volume de l’écoulement de l’eau par les processus d’interception de la pluie, d’écoulement des racines, d’évaporation des gouttelettes sur les feuilles, d’évapotranspiration et d’infiltration.

La stabilisation biotechnique fait référence à l’utilisation combinée de matériaux végétaux vivants et de composants mécaniques et structurels inertes. Les composants inertes comprennent une large gamme de matériaux tels que le béton, le bois, la pierre, les géotextiles et les géogrilles.