L’Église protestante de Genève reconnaît le ministère LGBTI+

Adrian Stiefel et la pasteure Vanessa Trüb lors de la cérémonie de reconnaissance de ministère.
i
Adrian Stiefel et la pasteure Vanessa Trüb lors de la cérémonie de reconnaissance de ministère.

L’Église protestante de Genève reconnaît le ministère LGBTI+

27 juin 2018
Il lui aura fallu 15 ans pour déconstruire un parcours l’ayant amené à croire que foi et homosexualité étaient incompatibles.

«Encore aujourd’hui, je n’ai aucune idée de ce qui m’a pris de te proposer la création d’une antenne pour les personnes LGBTI+, car à ce moment-là je ne fréquentais plus l’Église depuis 15 ans», a témoigné Adrian Stiefel, s’adressant à la pasteure Carolina Costa. À l’ouverture du Lab, l’espace de l’Église protestante de Genève (EPG) pour les jeunes adultes en recherche de sens et de spiritualité dans le temple de Plainpalais, il avait en effet porté ce projet. Devenu chargé de ministère, sa vocation a été officiellement reconnue dimanche 24 juin, à l’occasion d’un culte. «Une avancée significative vers une Église inclusive et un accueil sans équivoque des personnes LGBTI+ en milieu ecclésial», précise l’EPG dans un communiqué.

«Durant mon adolescence, on m’a présenté l’homosexualité comme quelque chose dont il fallait guérir», se souvient Adrian Stiefel. «Il m’aura fallu 15 ans pour déconstruire ces enseignements.» L’accueil en Église de personnes quelles que soient leur orientation sexuelle et affective ou leur identité de genre ne va pas de soi. Raison pour laquelle, Adrian Stiefel dit avoir vécu un «double coming out. Celui de ma foi et celui de mon homosexualité.»

L’Église a commis des erreurs

«Cette reconnaissance dont tu bénéficies est d’une importance capitale, car c’est le signe que notre institution malgré ses erreurs et malgré ses maladresses est en chemin de reconnaissance. Les pas que nous avons faits sont des pas sur lesquels nous ne reviendrons pas», a déclaré Blaise Menu, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres de Genève qui appelle à une «véritable conversion des regards.» Blaise Menu a par ailleurs rappelé que la Compagnie apporte son soutien et sa reconnaissance pour le ministère d’Adrian Stiefel. «Ce sont les signes d’un Dieu non pas détestable parce que jugeant et excluant, mais le signe d’un Dieu aimant et incluant pour tout dire inclusif.»

«La Bible est faite de traces de personnes qui ont voulu exprimer ce qu’est l’expérience vivante de la relation avec Dieu», a rappelé Carolina Costa, énumérant la diversité des textes présents dans ce corpus. «Dans l’ensemble de la Bible, il y a quatre versets qui semblent condamner l’homosexualité. Et pour les chercheurs en sciences bibliques, ces passages parlent en fait de relations sur un mode de violence, sans lien avec ce que nous appelons aujourd’hui homosexualité. Par contre, on peut trouver des milliers de versets montrant la volonté de Dieu d’être en relation avec chacune et chacun.»

Après une dernière rencontre Barbecue ce mardi, l’Antenne LGBTI+ prendra sa pause estivale. Les activités reprendront le 4 septembre. L’Antenne se donne pour but d’offrir un espace non jugeant pour approfondir les questions existentielles et spirituelles pour toutes les personnes de 16 à 45 ans, quelles que soient leur religion, leur orientation affective et sexuelle ou leur identité de genre. Conscient des difficultés existantes pour concilier vie de foi et orientation sexuelle minoritaire, le Lab créera à la rentrée, le 11 septembre, un groupe de parole pour les parents croyants d’enfants LGBTI+.