Des pasteur·es investissent d’autres médias

Des pasteur·es investissent d’autres médias / ©iStock
i
Des pasteur·es investissent d’autres médias
©iStock

Des pasteur·es investissent d’autres médias

Hors les lieux
Les Eglises protestantes genevoise et vaudoise ont toutes deux développé une présence sur les réseaux sociaux et sur internet, avec des objectifs pas forcément convergents.

Un blog, des podcasts, une chaîne Twitch, une lettre hebdomadaire, du contenu pour TikTok, un forum de discussion, un compte Instagram, des vidéos… La liste est longue et loin d’être exhaustive. Plusieurs ministres ont investi les «nouveaux» médias avec la ferme volonté d’offrir une présence réformée sur le web et d’y partager le message de l’Evangile.

L’évangélisation est bien l’objectif avoué des pasteurs de l’Eglise protestante de Genève (EPG) Marc Pernot et Carolina Costa, qui ont tous les deux un 20% dédié à ce ministère. «Ils ont leur propre manière de faire catéchèse sur le web, chacun avec sa personnalité. Leurs productions, très différentes, sont complémentaires et au service du même message réformé», explique Emmanuel Rolland, secrétaire général adjoint chargé de la mission au sein de l’EPG.

Une première approche

Marc Pernot est le précurseur de cette présence «hors les paroisses» avec son blog jecherchedieu.ch, lancé en 2018. Il y a développé du contenu pastoral, catéchétique et paroissial. Le pasteur répond également aux questions des internautes: «Cette paroisse en ligne est une première approche de la foi chrétienne. Elle permet de réconcilier des gens avec Dieu, de nourrir leur foi, de les encourager à lire la Bible et à prier. L’objectif n’est pas de faire communauté, au contraire, il s’agit de les aiguiller vers une paroisse physique.»

Depuis deux ans, Carolina Costa réalisait, parallèlement à son ministère, des vidéos, vidéos-livres, lettres hebdomadaires et autres contenus. Ce «ministère web d’évangélisation» a intégré le giron de l’EPG en janvier dernier: «La voix réformée est presque inexistante sur internet. Nous entendons la faire connaître. Nous voulons faire Eglise là où les gens sont, donc aussi sur le web. Notre communauté en ligne – Au puits de l’Evangile – se rencontre chaque mois par Zoom. Une communauté virtuelle, bien que réellement fraternelle, ne remplace cependant pas forcément une communauté physique. La majorité de nos habitués fréquente également des lieux.»

Une Eglise pour les geeks

Au sein de l’Eglise réformée vaudoise (EERV), les pasteurs Olivier Keshavjee et Eloïse Deuker vivent des réalités très différentes. Le premier est, depuis septembre dernier, à la tête d’un ministère cantonal – Open Source Church, une église par des geeks, pour des geeks – alors que la seconde alimente son compte Instagram professionnel, Eloïse pasteure, sur son temps libre. Ils n’ambitionnent pas que ceux qui les suivent rejoignent une paroisse traditionnelle.

Alors pasteur en paroisse, Olivier Keshavjee a réalisé, un jour, qu’il y avait toute une partie de sa personnalité qu’il devait «laisser de côté dans son ministère». Il est aujourd’hui à la tête d’une communauté en ligne, et en train d’aménager un local en studio: «Nous avons un forum de discussion et une chaîne Twitch sur laquelle nous proposons des vidéos ‹live› (en direct, NDLR) ainsi que toutes sortes d’émissions. Je propose, par exemple, des méditations à partir de textes du Hobbit de J.R.R. Tolkien. Pour être un bon pasteur et partager la bonne nouvelle, je dois assumer, dans mon ministère, le fait d’être un geek.»

Eloïse Deuker, pasteure à la paroisse du Pied du Jura, a réalisé, pour sa part, qu’il y avait peu de comptes qui parlaient de théologie, notamment de protestantisme: «Les gens s’intéressaient à mon contenu. Ils avaient envie d’en savoir plus sur le christianisme et le protestantisme. J’ai à cœur de présenter ses fondamentaux, son histoire et la manière dont la foi protestante se vit aujourd’hui. Certains de mes followers participent déjà à la vie de l’Eglise, d’autres se sont rapprochés d’une paroisse pour assister à un culte ou rejoindre un groupe d’étude biblique, mais ce n’est pas sur mon incitation.»