« Il faut être vigilant, car le fanatisme est plus contagieux qu’un virus. On peut facilement l’attraper, même en essayant de le vaincre ou de le combattre. Les médias nous montrent à quel point il est facile de se métamorphoser en anti-fanatiques fanatiques, en militants anti-fondamentalistes et anti-djihad ». Amos Oz sait de quoi il parle. Cofondateur du mouvement « La paix maintenant », il a pris une part active à l’élaboration des accords de Genève, estime que son enfance passée à Jérusalem dans les années 40 a fait de lui un « expert en fanatisme comparé » et que son expérience passée de fanatique l’autorisent à parler de ce fléau. « Le fanatisme est plus ancien que l’islam, relève-t-il de cet opuscule, plus vieux que le christianisme, que le judaïsme, que les notions d’Etat, de gouvernement, de système politique, idéologique ou religieux. Le fanatisme est une constante de la nature humaine, un gène déficient ». L'écrivain israélien propose deux remèdes, l’humour et l’imagination : « J’ai découvert le traitement contre le fanatisme, le sens de l’humour. Je n’ai jamais vu un fanatique avoir le sens de l’humour, ni une personne qui en soit dotée devenir fanatique, à moins de l’avoir perdu ». Savoir se moquer de soi, c’est avoir le sens du relatif qui empêche de se s’arc-bouter sur des certitudes. Et l’auteur de rappeler les mots du poète Yehouda Amichaï : « Là où nous avons raison, il ne repoussera jamais des fleurs ».

Autre solution préconisée par Amos Oz pour s’affranchir de tout fondamentalisme: faire appel à l’imagination pour se mettre dans la peau de l’autre, qui est l’ennemi, pour chercher à le comprendre, mais aussi pour imaginer ce qui arriverait si on mettait à exécution les menaces proférées, pour entrevoir les crimes qui en découleraient. Amos Oz, Comment guérir un fanatique, éd. Gallimard. janvier 2006