L'homme qui a les clés de Saint-Pierre à Genève
3 janvier 2006
Kurde protestant, Jean-Emmanuel Cebah a choisi de se réfugier à Genève pour vivre sa foi
Converti à l’âge de seize ans, il s’est fait baptiser et porte désormais un nom biblique. Sa passion pour l’apôtre Paul guide en permanence sa quête spirituelle. Aujourd’hui, il est gardien de la cathédrale Saint-Pierre. Rencontre.« Regardez ce livre, c’est extraordinaire !». Assis dans son coin bureau au cœur même de la cathédrale Saint-Pierre à Genève, Jean-Emmanuel Cebah tend la bible e^traduite en langue kurde. «C’est l’édition de 2004 ! Il a fallu attendre si longtemps pour que le livre saint soit traduit dans la langue des terres qui l’ont vu naître alors qu’ elle avait été traduite dans plus de deux mille langues jusqu’à ce jour».
Kurde d’origine, Jean-Emmanuel Cebah s’est converti au protestantisme il y a dix-huit ans en Turquie orientale. Aujourd’hui, il est gardien de la cathédrale à Genève : « J’ai les clés de Saint-Pierre ! », dit-il en riant. Nettoyer, ranger, régler l’éclairage, accueillir les visiteurs, les renseigner au besoin, ce sont là les tâches essentielles de Jean-Emmanuel Cebah qui passe ses journées au sein même de l’église en compagnie de quatre collègues gardiens comme lui.
Son parcours de vie, quand bien même il n’a qu’une trentaine d’années, est pour le moins surprenant. Converti au protestantisme à l’âge de seize ans grâce à un oncle réfugié en Allemagne, il s’est dès lors investi totalement dans une quête spirituelle qui lui a fait découvrir Saint Paul de Tarse. « C’est mon modèle. Je suis né dans le berceau de la chrétienté, la patrie d’Abraham. Mes racines ne sont pas turques mais kurdes et cette nuance est de grande importance. C’est notre peuple qui est l’héritier de l’histoire du pays ». Il s’exprime avec un petit accent rond qui trahit une origine méditerranéenne, mais ses propos sont clairs et déterminés: «La Turquie se veut un pays laïque et démocratique, mais il faut savoir qu’en pratique, les choses sont bien différentes. L’islam est la religion officielle, il n’y a pas de place pour les chrétiens, les Turcs n’acceptent pas qu’on soit différent ».
Nouvellement converti, Jean-Emmanuel aurait voulu vivre sa foi au grand jour, mais la réalité politique de son pays l’en empêche. «Il y a bien une communauté protestante dans ma ville. Je me souviens que nous nous retrouvions entre chrétiens pour des réunions. Mais elles étaient mal vues des autorités turques ». A-t-il connu des persécutions ? Des pressions psychologiques ? Jean-Emmanuel acquiesce mais n’en dit pas plus.
Après des études universitaires en économie politique et en pédagogie, il décide de quitter son pays pour Genève. «C’était dans cette ville que je voulais vivre et nulle part ailleurs ! dit-il, c’est la cité de Calvin, le centre de la Réforme, la Rome protestante. D’ailleurs, je connais l’histoire de la Réforme sur le bout des doigts, bien mieux que la majorité des Genevois ».
Le jeune Kurde arrive en 1998 dans la cité du bout du lac comme réfugié politique et religieux. Il choisit de troquer officiellement son nom d’origine, qui est alors Recep Bahceci, contre un nom à consonance biblique ; il devient ainsi Jean-Emmanuel Cebah. Il est baptisé à Vernier en 1999. Le plus beau jour de sa vie, assure-t-il. Dans la foulée, il s’inscrit à la Faculté autonome de théologie protestante de l’Université de Genève et en suit assidûment les cours.
Très actif dans sa paroisse, il n’oublie pas la communauté kurde de Genève qu’il fréquente régulièrement. Jean-Emmanuel Cebah n’a pas encore trouvé la perle rare qui deviendra sa femme mais il a une idée très précise sur le sujet ; elle sera chrétienne et engagée comme lui. C’est son vœu le plus cher.
Kurde d’origine, Jean-Emmanuel Cebah s’est converti au protestantisme il y a dix-huit ans en Turquie orientale. Aujourd’hui, il est gardien de la cathédrale à Genève : « J’ai les clés de Saint-Pierre ! », dit-il en riant. Nettoyer, ranger, régler l’éclairage, accueillir les visiteurs, les renseigner au besoin, ce sont là les tâches essentielles de Jean-Emmanuel Cebah qui passe ses journées au sein même de l’église en compagnie de quatre collègues gardiens comme lui.
Son parcours de vie, quand bien même il n’a qu’une trentaine d’années, est pour le moins surprenant. Converti au protestantisme à l’âge de seize ans grâce à un oncle réfugié en Allemagne, il s’est dès lors investi totalement dans une quête spirituelle qui lui a fait découvrir Saint Paul de Tarse. « C’est mon modèle. Je suis né dans le berceau de la chrétienté, la patrie d’Abraham. Mes racines ne sont pas turques mais kurdes et cette nuance est de grande importance. C’est notre peuple qui est l’héritier de l’histoire du pays ». Il s’exprime avec un petit accent rond qui trahit une origine méditerranéenne, mais ses propos sont clairs et déterminés: «La Turquie se veut un pays laïque et démocratique, mais il faut savoir qu’en pratique, les choses sont bien différentes. L’islam est la religion officielle, il n’y a pas de place pour les chrétiens, les Turcs n’acceptent pas qu’on soit différent ».
Nouvellement converti, Jean-Emmanuel aurait voulu vivre sa foi au grand jour, mais la réalité politique de son pays l’en empêche. «Il y a bien une communauté protestante dans ma ville. Je me souviens que nous nous retrouvions entre chrétiens pour des réunions. Mais elles étaient mal vues des autorités turques ». A-t-il connu des persécutions ? Des pressions psychologiques ? Jean-Emmanuel acquiesce mais n’en dit pas plus.
Après des études universitaires en économie politique et en pédagogie, il décide de quitter son pays pour Genève. «C’était dans cette ville que je voulais vivre et nulle part ailleurs ! dit-il, c’est la cité de Calvin, le centre de la Réforme, la Rome protestante. D’ailleurs, je connais l’histoire de la Réforme sur le bout des doigts, bien mieux que la majorité des Genevois ».
Le jeune Kurde arrive en 1998 dans la cité du bout du lac comme réfugié politique et religieux. Il choisit de troquer officiellement son nom d’origine, qui est alors Recep Bahceci, contre un nom à consonance biblique ; il devient ainsi Jean-Emmanuel Cebah. Il est baptisé à Vernier en 1999. Le plus beau jour de sa vie, assure-t-il. Dans la foulée, il s’inscrit à la Faculté autonome de théologie protestante de l’Université de Genève et en suit assidûment les cours.
Très actif dans sa paroisse, il n’oublie pas la communauté kurde de Genève qu’il fréquente régulièrement. Jean-Emmanuel Cebah n’a pas encore trouvé la perle rare qui deviendra sa femme mais il a une idée très précise sur le sujet ; elle sera chrétienne et engagée comme lui. C’est son vœu le plus cher.