Crêt-Bérard: se former au théâtre interactif pour la paix

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Crêt-Bérard: se former au théâtre interactif pour la paix

8 juillet 2004
La décennie « Vaincre la violence » lancée en 2001 par le Conseil Œcuménique des Eglises (COE) rend inventif
En témoignent les nombreuses initiatives répertoriées sur la Toile pour faire avancer la paix dans le monde. Dans ce foisonnement de projets, la formation à la paix par le biais du théâtre interactif proposée à Crêt-Bérard est pour le moins originale.

La paix commence en soi : animatrice du Mouvement International de Réconciliation et membre de la plateforme œcuménique vaudoise, Catherine Meyland en est intimement convaincue. Avant de lutter contre la violence des autres, il faut commencer par débusquer et apprivoiser la sienne. Mais cette part d’ombre propre à chacun, on n’a en général pas franchement envie de s’y confronter. « C’est pourtant en acceptant de reconnaître la violence en soi qu’on peut commencer à s’attaquer au problème dans le monde. Se borner à considérer la violence des autres, c’est rester dans le jugement. Pour la formatrice, c’est à travers le domaine sensible des émotions qu’on peut parvenir à appréhender la violence. Avec Anja Puhlmann, psychologue engagée dans l’action théâtrale depuis vingt ans, elle a mis au point une formation au théâtre interactif. Le but de cette forme de théâtre est de permettre au spectateur d’intervenir en cours de spectacle et d’exprimer sa manière de gérer la violence dans des scènes de la vie quotidienne qui lui sont proposées. « Le théâtre est un moyen idéal de communication pour inviter les spectateurs à s’engager dans une démarche de paix et de non-violence », explique Catherine Meyland.

Troupes de théâtre amateur visées

Les deux formatrices se sont inspirées du Théâtre de l’Opprimé du dramaturge brésilien Augusto Boal, qui utilise le théâtre comme moyen de connaissance et de transformation de la réalité intérieure, relationnelle et sociale. Cette méthode de théâtre a pour but de rendre le public actif et vise à transformer les situations de malaise, de mal-être, de conflit, d’oppression. La démarche reprise et adaptée par les deux psychologues, s’adresse en premier lieu aux metteurs en scène et aux acteurs des troupes de théâtre amateur, qu’elles considèrent comme un relais privilégié pour élargir la conscience personnelle et citoyenne de chacun sur la problématique. Leur cours d’initiation au théâtre interactif permettra aux troupes d’inviter par la suite le spectateur, non seulement à assister à une représentation théâtrale, mais à y prendre part, en intervenant dans la suite du scénario esquissé par les comédiens. Une façon les spectateurs comme pour les acteurs d’adopter un angle de vue nouveau sur les conflits banals dont ils ont pu être les témoins ou dans lesquels ils ont été partie prenante. « En participant à l’élaboration du scénario, on ne parle plus sur la violence, on entre de plain-pied dans la problématique, on s’y implique physiquement et sur le plan émotionnel par le jeu ».