Elections sous haute tension dans l’Eglise réformée vaudoise

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Elections sous haute tension dans l’Eglise réformée vaudoise

17 juin 2004
Samedi, le synode doit choisir un nouvel exécutif
Fait inédit, deux pasteurs se présentent alors que leurs collègues ne sont pas démissionnaires. Visiblement, la législature qui se termine a provoqué des réactions. Analyse. La législature quadriennale s’achève et, samedi après-midi, le synode de l’Eglise réformée vaudoise (EERV) élira son nouveau Conseil synodal. Le plus souvent, cette échéance ne crée guère de remous. Pas cette fois. Deux pasteurs proposent en effet leurs services alors même que leurs trois collègues sortants se disent prêts à repartir pour un nouveau mandat.

« Ce n’est pas la première fois qu’il y a plus de candidats que de postes, explique le porte-parole de l’EERV, Pierre Marguerat. En revanche, le fait que certains se présentent sans qu’il y ait de démissionnaire est effectivement beaucoup plus rare ».

Pour comprendre l’événement, il faut se souvenir que les dernières années ont été plutôt agitées au sein de l’EERV. A plusieurs reprises, le Synode vaudois s’est déroulé dans un climat d’hostilité palpable, démontrant une profonde crise de confiance entre le parlement et le Conseil. Fin 2002, Line Richardet, l’une des quatre membres laïques de l’organe exécutif, avait jeté l’éponge avant une séance particulièrement houleuse, fatiguée de la tournure des débats. Durant les mois précédents, une fronde de pasteurs n’avait cessé de fustiger « une Eglise de papier » et le clivage grandissant entre ministres paroissiaux et nouveaux responsables régionaux et cantonaux.Mise en place douloureuse d’EAVBref, l’entrée dans la profonde restructuration Eglise à Venir (EAV) - qui demandait une modification radicale des habitudes et de la manière de travailler, avec notamment le passage de 157 à 84 paroisses – ne s’est pas déroulée sans heurts. Les autorités ecclésiales ont essuyé les plâtres. Aujourd’hui, les choses se sont apaisées. Cependant, une partie des mécontentements semble s’être cristallisée autour de la personnalité du pasteur Antoine Reymond, en partie parce qu’il est le seul conseiller synodal à plein temps (les autres occupent cette charge à 30% seulement) et qu’il a été désigné comme le porte-parole du collège. Ses propos n’ont pas toujours plu.

Ses partisans affirment que l’institution perdrait gros en ne réélisant pas quelqu’un à qui tout le monde reconnaît une très bonne connaissance des dossiers et de nombreux contacts au sein du monde politique, qui ont fait merveille durant la Constituante et se montrent bien utiles au moment où s’engagent les négociations autour de la mise en œuvre de nouvelle Constitution cantonale. Ses adversaires l’estiment justement trop proche du microcosme politique.

Si le seul candidat laïc devrait être élu sans peine pour remplacer Daniel Schmutz qui part après 6 ans au sein du Conseil, toute l’attention se focalisera sur la candidature des deux ministres Jean-Michel Sordet et Xavier Paillard. « La clé de répartition - 4 membres laïcs et 3 ministres - ne peut en effet être remise en question », rappelle Pierre Marguerat. Les deux pasteurs se connaissent bien et font cause commune pour proposer une « alternative » à la direction d’Eglise existante. « Les tensions de ces dernières années m’apparaissent comme la conséquence de la manière dont les dossiers ont été menés, avec très peu d’attention apportée au processus pour ne se concentrer que sur les résultats », note Xavier Paillard. Selon lui, ce fonctionnement est « néfaste en Eglise, où les gens ont besoin d’être entendus ».

Occupant depuis 2000 le poste de coordinateur de la région Nord Vaudois, membre de la commission de gestion du Synode et de l’équipe chargée du démarrage du futur Office protestant de formation, Xavier Paillard fait partie des voix qui comptent. La lutte s’annonce serrée.