Sexe, amour et amitié dans la Bible :Un cycle de conférences pour sortir des stéréotypes

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Sexe, amour et amitié dans la Bible :Un cycle de conférences pour sortir des stéréotypes

17 mai 2004
« Alerte rose sur la théologie » : le cycle de conférences organisé par l’Association des étudiants en théologie de l’Université de Genève et le groupe C+H ( (chrétiens homosexuels) dans le cadre de la Gay Pride 04 qui se déroulera à Genève début juillet, propose une mise en perspective pour sortir des stéréotypes et dépassionner le débat d’opinion
« Parler de sexualité à l’Université, c’est aussi normal que de parler de mondialisation ! » estime Nadja Eggert, présidente de l’Association des étudiants en théologie de l’Université de Genève. L’association genevoise organise avec Jean-Paul Guisan, théologien, fondateur du groupe C+H (chrétiens homosexuels)et secrétaire romand de Pink Cross (Organisation suisse de Gais) une série de quatre conférences consacrées aux différents aspects de la sexualité et de l’homosexualité depuis l’Ancien Testament jusqu’au christianisme naissant. «Mener une vaste réflexion historique et théologique sur la sexualité dans un contexte dépassionné, sans se focaliser sur l’homosexualité, proposer une information fiable sur cette thématique, c’est notre façon à nous d’ancrer la théologie dans la société d’aujourd’hui ! », explique cette étudiante en dernière année de théologie.

Les conférences seront données par des professeurs d’université et une théologienne chevronnée. Jean-Jacques Aubert, professeur à l’Institut des Sciences de l’Antiquité de l’Université de Neuchâtel, ouvrira les feux avec un exposé intitulé : « Christianisme antique, droit romain et homosexualité : pratique sociale, discours moral et sanctions juridiques dans l’Antiquité tardive ».

Yolande Boinnard, théologienne et formatrice d’adultes, abordera plus particulièrement la question des femmes et des hommes dans la Bible et des stéréotypes qui leur sont liés, « afin de cesser d’utiliser et de brandir les versets bibliques comme des recettes de cuisine qu’il faut appliquer à la lettre, pour se mettre véritablement à la recherche, dans les textes, du projet de Dieu pour l’humanité ».

Frédéric Amsler, professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie de l’Université de Genève, parlera de l’illusion de la maîtrise du corps dans l’ascétisme chrétien antique, alors que Thomas Römer, professeur de l’Ancien Testament à la Faculté de théologie de Lausanne, évoquera l’histoire de Sodome et Gomorrhe, de David et Jonathan, de Gilgamesh et Enkidu, pour aborder la question du sexe, de l’amour et de l’amitié dans la Bible hébraïque. Ce tour d’horizon historique des diverses approches culturelles a pour objectif de montrer que les préjugés changent d’une époque à une autre et que la sexualité moderne ne peut être appréhendée dans les mêmes catégories que celles en vigueur dans l’Ancien Testament ou au temps des premiers chrétiens. « Le mode d’emploi de la vie d’aujourd’hui ne peut être calqué sur celui en vigueur il y a 2 ou 3000 ans, rappelle Yolande Boinnard, ce n’est pas dans les textes bibliques évoquant la sexualité qu’on va trouver des réponses pour les questions qui se posent à nous aujourd’hui ». La théologienne vaudoise rappelle qu’à l’époque où les Ecritures ont été rédigées, il était important pour la survie du peuple d’Israël de croître et de se multiplier. Actuellement, sur le plan mondial, on est dans un contexte de surpopulation. La situation est très nouvelle. Ce n'est donc pas dans les textes bibliques évoquant la sexualité qu'on va trouver des réponses pour les questions qui se posent à nous aujourd'hui à ce propos; il faut plutôt observer comment la Bible parle d'une manière générale des hommes, des femmes, de leurs relations, de l'amour. Notre travail d’exégète et d’éthicien nous oblige à partir d’une parole biblique dont il ne faut pas perdre de vue que son but est la vie et le bonheur. Elle cite la tradition juive : Un maître qui n’a pas dit quelque chose de nouveau sur la Torah ne lui est pas fidèle. « Notre défi, c’est d’être fidèle à la volonté de Dieu, de s’en inspirer pour être à l’écoute de notre temps. C'est plus exigeant, mais aussi plus fructueux que d'appliquer des versets à la lettre, sans les replacer dans leur contxte culturel et sociologique".