L’âgisme: un nouveau néologisme

L’Âgisme: un nouveau néologisme / ©Pixabay
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L’Âgisme: un nouveau néologisme
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L’âgisme: un nouveau néologisme

Philippe Zannelli
23 février 2021
MALTRAITANCE
L’utilisation abusive du suffixe «-isme» dans la création de néologismes nébuleux nuit gravement à la langue française. L’âgisme, par exemple, ma mère nonagénaire en ignore le sens.

L’âgisme est la violence exercée par la société sur les personnes âgées. Il appartient à la ségrégation sociale, cette discrimination qui se forme à l’égard d’êtres en raison de leurs race, ethnie, religion, sexe, âge, moeurs, condition sociale. D’où les mots racisme, ethnisme, religionnisme, sexisme, âgisme et bientôt moeursisme, socio- conditionnisme. Si le sexisme est sur le devant de la scène depuis des années, l’âgisme est bien caché. Du simple constat – C’est encore une vieille au volant – aux représentations stéréotypées – Les vieux coûtent cher à la retraite, et font couler notre société –, les propos âgistes ne manquent pas, les actes non plus. En 2011, la clinique La Source publiait un rapport sur la maltraitance envers les personnes âgées en Romandie. Elle affecte environ 20% des plus de 65 ans, soit 70'000 personnes.

Comme le souligne le pasteur Jacques Poujol, les faits qui secouent la société ne sont pas exclus des Églises. Un rapport accablant sur la violence faite aux femmes montrait qu’elle est plus grande dans les foyers chrétiens que dans la société laïque. Il faisait référence à la France. Ouf! Le rapport était si accablant qu’une commission sénatoriale a «convoqué» les têtes pensantes religieuses, peut-être dans l’espoir qu’elles se fassent pansantes. Ce qui vaut pour le sexisme vaut-il pour l’âgisme?

Je me fais autruche en ignorant le problème de la maltraitance des personnes âgées (accessibilité des lieux de culte, système audio performant, psautier en gros caractères, confort de l’assise…). Quand cette maltraitance sera prise en charge, elle permettra à d’autres personnes victimes de ségrégationnisme d’accéder à un peu plus de confort. L’âgisme n’a sa place ni dans la société ni en Église. L’Église est un lieu de mixité. Chacun sait qu’une grande hétérogénéité de profils règne dans chaque tranche d’âge. Chez les personnes âgées, il y en a de très actives. L’amalgame entre la retraite et la personne âgée ne va pas de soi. La retraite est un fait de société vieux d’à peine un siècle. Oserons-nous nous souvenir qu’avant 1918, quand une personne était en retraite, c’est qu’elle était morte? Nulle trace de retraite dans la Bible. Même pour les lévites: lorsqu’ils avaient terminé leur service actif à l’âge de 50 ans, ils aidaient leurs frères dans la tente d’assignation, (Nb 8, 26), jusqu’à la mort. Si aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années, celle-ci ne s’éteint pas avec l’âge. Pour preuve: à 90 ans, Jimmy Carter écrit un livre où il prend position contre le sexisme. À 91 ans, Jean d’Ormesson clame sa foi et la résurrection aux obsèques de Michel Déon devant un parterre d’érudits et de politiques.

Faut-il avoir été président ou académicien pour avoir droit à la parole? Quand nous lèverons- nous devant les cheveux blancs? Quand réaliserons-nous que la personne qui se confie dans l’Éternel a son feuillage toujours vert et qu’elle ne cesse de porter de fruit? Il est temps d’agir contre l’âgisme.

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