Conflit ukrainien: des paroisses solidaires

Conflit ukrainien: des paroisses solidaires / © Shutterstock
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Conflit ukrainien: des paroisses solidaires
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Conflit ukrainien: des paroisses solidaires

Nathalie Ogi
31 mai 2022
Solidarité
Veillées, prières, cultes œcuméniques, cours de français. Les paroisses s’adaptent pour intégrer l’émotion suscitée par ce conflit aux portes de l’Europe ainsi que pour faire une place aux réfugiés.

En paroisse, comment parler de la guerre? Comment soutenir ces chrétiens venus de l’Est qui ne s’expriment pas dans notre langue et pratiquent la religion orthodoxe? Depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, ces questions interrogent de nombreuses communautés. En improvisant, elles tentent d’y répondre chacune à leur manière.

Près de Bienne, la paroisse de Nidau a choisi, dès le 24 février dernier, d’organiser une veillée bilingue (allemand-français) tous les vendredis soir. Depuis, une quinzaine de paroissiens des deux langues se rassemblent chaque semaine pour une méditation donnée à tour de rôle par les pasteurs de Bienne et de Nidau. Cette veillée est également ouverte aux catholiques. «Il s’agit de prier ensemble pour la paix», explique le pasteur biennois Carmelo Catalfamo. A chaque culte présidé par le ministre, la guerre en Ukraine est aussi devenue incontournable. Si elle n’en est pas toujours le thème central, il ne manque pas de l’évoquer dans les prières d’intercessions ou dans ses prédications. Il faut dire que les paroissiens sont très sensibles à la question et reprochent même à la paroisse de ne pas en faire assez pour les Ukrainiens. Mais la confession n’est pas la même. Carmelo Catalfamo pointe les défs qui en découlent: «Il faudrait mettre sur pied une structure orthodoxe pour leur offrir un lieu de spiritualité.»

Les différences de culture et de religion invitent en effet souvent à faire preuve de tact. Située à proximité du centre qui accueille 200 Ukrainiens à Prêles, la paroisse de Diesse a choisi de se manifester sans trop d’insistance, les réfugiés ayant besoin de se retrouver entre eux. Le pasteur Stéphane Rouèche a organisé le dimanche 1er mai un culte intergénérationnel «clin d’œil», en lien avec les réfugiés venus d’Ukraine et en soutien à ceux-ci. Les paroissiens ont confectionné sur un cadre un grand cœur, à l’aide de ballons, qui a ensuite été offert aux réfugiés. «A l’occasion de la Pâque orthodoxe, nous avons aussi peint des œufs aux couleurs de l’Ukraine.» Sollicitée par la Croix-Rouge, la paroisse va bientôt mettre sur pied des cours de français. Peu à peu, les liens se construisent, dans le respect des besoins des réfugiés.

Amen en ukrainien

Un bel élan de soutien s’est aussi manifesté à Romainmôtier (VD). Il est porté par un petit groupe de paroissiens et de citoyens qui œuvrent pour faciliter l’accueil d’une cinquantaine de réfugiés dans la région. Président de l’assemblée paroissiale, Michel Blanc est marié à une Ukrainienne et a vécu en Ukraine. Il a créé un petit coin de recueillement dans l’abbatiale, avec une icône de la Vierge ramenée de Kiev, des bougies et une prière de Martin Luther King traduite en russe. Avec le soutien du pasteur Nicolas Charrière, il a aussi organisé une grande fête à Pâques, suivie d’un petit déjeuner à la mode ukrainienne et suisse. Lors du culte de l’aube de Pâques, une jeune Ukrainienne a même porté l’icône dans l’église. Des textes de l’Evangile ont été lus en français et en ukrainien, tandis que le pasteur a dit quelques mots d’accueil et de bénédiction dans la langue slave. Un autre culte a été célébré sur le même mode une semaine plus tard, le jour de la Pâque orthodoxe. Pour le pasteur, c’est une évidence, «dès lors que les réfugiés sont là, on ne pouvait pas fêter Pâques sans penser aussi à eux».