La prière, une forme d’intelligence

Chloé Mathys / © Alain Grosclaude
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Chloé Mathys
© Alain Grosclaude

La prière, une forme d’intelligence

STÉRÉOTYPES
Que se passe-t-il lorsque l’on prie? La prière est-elle un moyen de revisiter notre vécu? La chercheuse Chloé Mathys mène une enquête anthropologique au sein de divers milieux chrétiens.

En théologie, la prière chrétienne est souvent définie de manière théorique, parfois de manière normative – à partir des textes bibliques, on identifie ce à quoi elle est censée correspondre et comment elle devrait être pratiquée. Face à cela, l’approche de Chloé Mathys, doctorante en philosophie des religions, est résolument empirique: «L’objectif est de regarder ce qui se joue effectivement lorsqu’une personne prie, pour chercher à aboutir à une définition issue de la description des pratiques.»

Elle réalise donc une enquête qualitative de deux ans. «J’accompagne les interlocuteurs dans la formulation de ce qu’ils expérimentent de la prière, et comment cela a évolué dans leur vie.» Les personnes interrogées reflètent la diversité du christianisme: orthodoxes, dominicains, évangéliques… Une communauté qu’une partie de sa famille fréquentait d’ailleurs lorsqu’elle était enfant. C’est dans ce cadre que la prière l’a interpellée. «Quand j’assistais à des célébrations, cela m’amusait de voir dans les prières collectives tous les messages que l’on fait passer à d’autres personnes que Dieu.» Et étudier la prière, s’enthousiasme-t-elle, «c’est parfois étudier une forme d’intelligence. Ce qui s’y passe est extraordinaire. Un enfant en colère contre son frère qui décide de ‹remettre› sa colère à Dieu, en ayant l’image d’un Dieu qui aime aussi son frère, c’est intéressant en matière de distance critique et de travail sur soi!».

La chercheuse souhaiterait identifier les éléments variables ou stables entre les prières de ses différent·e·s interlocuteur·rice·s. À ce stade, il est trop tôt pour tirer des conclusions. Mais les pistes se multiplient. Par exemple, Chloé Mathys s’intéresse aux variations du sentiment d’être «écouté·e». Comment expliquer que certaines prières sont vécues comme « entendues», et d’autres non? Comment en vient-on à considérer une émotion ou un événement comme une «réponse»? «Une hypothèse de travail, pour le moment, c’est la nomination de Dieu. Il y a peut-être un lien entre le sentiment d’être entendu·e·s et la manière de le nommer.»

La thèse en bref

Intitulé actuel «L’adresse au divin. Une philosophie empirique de la prière» (dir. Ghislain Waterlot et Samuel Lézé), UNIGE.

Soutenance prévue 2023.

Infos www.re.fo/cmathys.

Parcours Classe préparatoire à Strasbourg (licence de philosophie, 2016), Ecole normale supérieure de Lyon (Master de philosophie, 2018).

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