Bénir une union ou un modèle?

Bénir une union ou un modèle? / © Mathieu Paillard
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Bénir une union ou un modèle?
© Mathieu Paillard

Bénir une union ou un modèle?

Maëlle Bader, pasteure
26 août 2021
Société
La votation de fin septembre sur le mariage pour tou·te·s est une question civile et politique et non religieuse, mais elle ouvrira la possibilité aux Eglises de bénir – ou non – ces mariages.

Voilà que les arguments bibliques et dogmatiques fleurissent et que les émotions prennent souvent le dessus. Mais que représente le mariage dans notre tradition réformée?

La célébration religieuse d’une union n’a pas de valeur juridique, c’est la bénédiction d’une union civile préexistante. Il s’agit pour un couple de présenter publiquement son amour, son envie de s’engager l’un·e envers l’autre et de reconnaître qu’il y a dans ce choix de vie une vulnérabilité. Il s’agit alors de demander à l’assemblée et à Dieu de l’assistance, afin d’avancer dans les difficultés de la vie et de pouvoir traverser les moments plus ardus dans la confiance de ce partenariat de vie.

Nous qui parlons si souvent d’amour, d’amour du prochain, d’amour plus fort que tout… qu’y a-t-il de plus sincère que d’accompagner deux personnes qui souhaitent s’aimer, se soutenir, s’entraider et porter des projets ensemble?

La votation de septembre dérange parce qu’elle remet en question certaines de nos habitudes, notamment notre conception de la famille traditionnelle. Mais il faut reconnaître que ces familles ne sont plus la majorité. Aujourd’hui, nous voyons des familles de toutes les couleurs: il y a par exemple les recomposées, celles sans enfants, celles avec un père au foyer, celles avec un couple de même sexe et tant d’autres réalités…

Toutes ces familles existent actuellement, il ne sert à rien de les nier. La plupart ont des droits, offerts, car le noyau correspond au modèle traditionnel d’un homme et d’une femme.

Pourtant, en tant que chrétien·ne·s, il me semble que nous sommes appelé·e·s à accueillir et à aimer notre prochain, tel·le qu’iel est. Permettre aux couples de même sexe de s’unir de manière civile et de bénir religieusement cette union, c’est légitimer leur existence. Ces situations existent, à nous de leur dire que nous les voyons, que nous leur faisons une place, que nous voulons qu’ils soient reconnus dans notre société et dans nos Eglises. C’est leur permettre de protéger leurs familles et les éventuels enfants qui y grandissent.

Nous sommes forts pour annoncer des valeurs telles que l’amour ou l’accueil du prochain… mais en sommes-nous capables? Voter «oui» serait, il me semble, une manière d’affirmer cet engagement social aujourd’hui et de reconnaître nos frères et sœurs dans leur humanité. 

Reconnaître l’humain qui se trouve en face
de nous, non pas malgré sa façon de vivre,
mais avec celle-ci, n’est pas toujours une tâche aisée.
Heureusement, nous ne sommes pas seul·e·s!
Prière

Toi qui dépasses l’entendement humain,
Ton accueil inconditionnel m’impressionne.

J’aimerais avoir la force de voir réellement
celles et ceux que je rencontre sur mon chemin,
que Tu as parfois Toi-même placé•e•s là
pour me faire grandir.

Sois à mes côtés, afin que je sois capable
moi aussi d’accueillir.

De donner une place à chacun et chacune.
Que je puisse être actrice d’un mouvement de vie,
promotrice de la coexistence entre tous
les humains.

L’auteure de cette page

Maëlle Bader est pasteure à Courtelary-Cormoret et dans la collaboration des paroisses de l’Erguël, dans l’Eglise de Berne-Jura-Soleure.