Le devenir humain

Le chemin pour se connaître n’est jamais arrêté ou limpide. / © John Salzarulo / Unsplash
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Le chemin pour se connaître n’est jamais arrêté ou limpide.
© John Salzarulo / Unsplash

Le devenir humain

Alain Wyss
24 août 2022
Transition
Se préoccuper de l’avenir de l’humain est tout aussi urgent que l’avenir de notre planète.

Au IIIe siècle, dans une société païenne et saturée d’idoles, Tertullien affirmait: «On ne naît pas chrétien, on le devient.» Au XVIe siècle, après des décennies d’obscurantisme et de domination religieuse, Erasme affirmait: «On ne naît pas humain, on le devient.» Au XXe siècle, après des millénaires de domination patriarcale, Simone de Beauvoir écrivait: «On ne naît pas femme, on le devient.» Aujourd’hui, après des années de déconstruction des modèles et des repères anciens, on pense: «On ne naît ni chrétien, ni homme, ni femme et on ne sait pas qui on va devenir…»

Ce qui me frappe, c’est que l’on a voulu à chaque époque s’affranchir d’un modèle dominant pour tenter de devenir davantage soi-même. Les siècles et les générations passent, mais la question «Qui suis-je?» reste la plus essentielle, la plus personnelle et la plus universelle. Répondre à ce questionnement ne peut se faire sans tenir compte du lieu, de l’époque, de la famille et de la culture dans lesquels on vit et on a grandi. On ne devient pas qui on est tout seul et pourtant cela reste une quête, et une réalisation personnelle. En s’inspirant de Jung, on peut appeler cela notre chemin d’individuation. En s’inspirant du message et de la vie de Jésus, on peut appeler cela notre chemin d’humanisation et de divinisation. L’un ne pouvant se réaliser pleinement sans l’autre.

Dans la pluralité des voies actuelles vers la connaissance de soi, la singularité du chemin que Jésus ouvre est celle d’une transformation et d’une transfiguration de nos vies et de nos personnes. On ne devient pas qui on est en cherchant à se comprendre et se définir soi-même par rapport aux autres. On devient qui on est en acceptant de devenir ce que l’on n’est pas encore. L’image de l’enfantement ou d’une seconde naissance est souvent reprise pour décrire ce processus qui ne s’accomplit qu’en partie durant notre vie terrestre. Ce long processus d’éclosion de soi nécessite de se quitter pour mieux se trouver. Renoncer à dire: je suis comme ceci et comme cela pour découvrir que je suis aussi en partie ce que j’affirme ne pas être… Je suis plus grand, plus large, plus complet, plus différent et autrement que je le crois. Croire, le mot est lâché, et c’est précisément ce qui me permet de me lâcher! Croire que je peux quitter mon propre moi pour faire confiance à une vie autre que la mienne qui vit en moi et qui me guide sur le chemin de l’accomplissement de soi. On ne devient pas pleinement chrétien, sans que la vie du Christ nous habite et nous anime. On ne devient pas pleinement humain, si l’on ne reconnaît pas la présence du divin autour de nous et en nous. On ne devient pas des frères et soeurs en humanité, si l’on rejette la présence d’un Père, car il ne peut y avoir de fraternité sans reconnaissance de paternité…

Formation d’adultes

Notre région propose plusieurs parcours de croissance personnelle et spirituelle en étant convaincue que l’une ne peut se développer sans l’autre. L’appellation «formation d’adultes» vise moins à proposer des formations qu’à offrir des lieux pour que puisse «prendre forme» notre devenir humain au service d’un monde plus adulte et responsable. La spécificité de cette approche passe par la conviction que Jésus est l’image de l’homme accompli et qu’il nous «forme» à son école pour le devenir. Bienvenue à chacun et chacune!