Trois fêtes pas très protestantes

L’automne, temps de fête. / ©iStock
i
L’automne, temps de fête.
©iStock

Trois fêtes pas très protestantes

Antoine Schluchter
25 octobre 2022
Automne
On s’enfonce dans l’automne, entre frimas insistants et brumes persistantes, alors que déjà les forêts perdent de leur flamboyance. Soupe à la courge et plats mijotés s’invitent à nos tables ainsi qu’une série de fêtes qui interrogent les protestants que nous sommes.

Nous avons en effet assez spontanément tendance à sursauter à l’évocation de la Toussaint ou de la Fête des morts. Avec une propension à dégainer le verset imparable: «Laisse les morts enterrer les morts!». Et, pour l’occasion, d’appeler saint Paul à la rescousse: «Il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme» (1 Timothée 2. 5). On ne va donc pas en faire tout un plat.

La Toussaint, célébrée le 1er novembre, remonte au VIIe siècle et reprend la fête orthodoxe plus ancienne des martyrs. C’est le pape Boniface qui fit transformer le Panthéon romain en «église de Sainte-Marie aux martyrs». On ne risquait ainsi pas d’oublier un saint et pouvait bénéficier de leur intercession commune. Centré sur le Christ unique intercesseur, le protestantisme classique n’entre pas dans ces considérations. Dans le catholicisme actuel, on perçoit un nouveau regard qui consiste à «honorer la foule innombrable de ceux et celles qui ont été de vivants et lumineux témoins du Christ» (site de l’Eglise catholique en France).

La Fête des morts est célébrée le lendemain de la Toussaint et inverse le mouvement: après avoir bénéficié de la prière des saints, il s’agit de prier pour les défunts. Elle a été instituée au Xe siècle et propose une pratique où vivants et défunts pourraient avoir prise l’un sur l’autre. Le catholicisme contemporain ouvre de nouvelles perspectives: «…la mort est une réalité qu’il est nécessaire et possible d’assumer puisqu’elle est un passage à la suite du Christ ressuscité.» En particulier Enzo Bianchi, dans «Donner sens au temps» (Bayard 2004).

La fête d’Halloween, aujourd’hui à consonance très commerciale, a débarqué sur le Vieux-Continent et voit défiler des enfants dans des parures morbides, sonnant aux portes en quête de friandises. Même les courges deviennent inquiétantes. Les origines remontent à la très ancienne fête celtique de Samain, avec un jour hors du temps entre l’année écoulée et la nouvelle: «…les barrières sont baissées… l’irréel côtoie le réel… et les hommes peuvent communiquer avec l’autre monde» (Wikipédia). Peut-on en faire fi?

Deux apports protestants

En contrepoint, lors du Dimanche de la Réformation, nous rappelons que le 31 octobre 1517, Luther afficha un certain nombre d’affirmations qui donnèrent naissance au protestantisme et offrirent une vision de la foi centrée sur la grâce de Dieu tellement manifestée en Jésus-Christ qu’aucune intercession supplémentaire ni aucun contact avec les défunts ne pourraient être tolérés. Cap sur la vie via le Ressuscité!

Et puis, à la découverte du Nouveau-Monde, après une année où les Pères pèlerins ne durent leur survie qu’aux provisions et semences offertes par les autochtones, les nouveaux arrivés organisèrent un repas plantureux en y invitant leurs sauveurs. C’est la très belle fête de Thanksgiving qui signifie action de grâce. Il faut en avoir vécu une pour s’en rendre compte.

Alors, le protestant que je suis reste en interrogation, mais le chrétien que j'essaie d'être se dit que célébrer Dieu qui fait de tous ceux qui l’accueillent des saints, penser à nos chers disparus, honorer nos bienfaiteurs et accueillir toutes et celles et ceux qui sont éprouvés: plus qu’une fête d’un, deux ou trois jours, ce pourrait être le fil rouge de nos existences. Une fête permanente!

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription est confirmée.

Êtes-vous au courant de
l'ACTUALITÉ CHRÉTIENNE
de cette semaine ?

*Champs obligatoires - 🔒 Vos données resteront privées. Désinscription en 1 clic.