Catéchisme: qu'en reste-t-il à l'âge adulte?

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Catéchisme: qu'en reste-t-il à l'âge adulte?

13 novembre 2000
L'évocation du catéchisme n'éveille chez la plupart d'entre nous que peu de souvenirs précis
La transmission des conceptions religieuses serait-elle en panne? Rien n'est moins sûr. Cinq personnes ayant suivi il y a plus de vingt ans un catéchisme protestant ou catholique témoignent de cette influence sur leur attitude religieuse actuelle.

Auteur d'un livre sur la crise des Eglises, "Les absents ont-ils toujours tort?", et aumônier dans les écoles secondaires supérieures vaudoises et à l'Université de Lausanne, le pasteur Virgile Rochat livre ses réflexions sur les réformes à apporter au catéchisme et s'inquiète de voir les Eglises perdre le contact avec les jeunes générations. L'évocation du catéchisme ne déclenche généralement pas des cris d'enthousiasme. Perçu comme un prolongement de l'école, il s'apparente aux yeux de beaucoup de jeunes à une obligation supplémentaire dans un programme hebdomadaire déjà très chargé. Voyant une proportion importante d'entre eux tourner le dos à l'Eglise une fois la confirmation accomplie, il est tentant de conclure à l'échec de la transmission des conceptions religieuses. Rien n'est moins sûr en réalité. Comme le révèlent nos témoignages, il s'avère que le catéchisme peut contribuer à forger des convictions religieuses solides et capables de soutenir un cheminement de foi à long terme.

§Francine Mahaim, 47 ans, juriste de formation, Echichens, protestante."Le catéchisme m'a laissé un bon souvenir. Le pasteur avait du charisme. Il nous parlait aussi de thèmes sociaux, moraux, éthiques, dans un langage accessible. Il nous donnait une ouverture sur le monde. Il ne nous jugeait pas si n'allions pas au culte le dimanche. Grâce à sa largesse d'esprit, j'ai compris que j'avais la possibilité de vivre ma foi librement, en tenant compte de mes besoins et de mes envies. Vous ne me verrez donc pas tous les dimanches à l'église. Je préfère y aller de temps en temps, à certaines occasions, quand j'en ressens vraiment la nécessité. J'ai passé à l'église les grands moments de la vie, baptêmes, mariage. Je lis la Bible avec mes enfants. Mon engagement religieux actuel s'appuie aussi sur l'apport de mes parents qui m'encourageaient à respecter les traditions".

§Gilbert Besençon, 47 ans, professeur de musique, protestant, Morges."Je garde un bon souvenir de mon catéchisme. C'était vers la fin des années 1960. Les événements de mai 68 faisait souffler un vent de non conformisme sur la Suisse. L'Eglise était vivante. Nous étions une bande de copains qui aimions nous retrouver au catéchisme. On pouvait dialoguer avec le pasteur sur les questions essentielles. Il s'attachait à nous rendre sensible à certaines tragédies humaines, notamment la 2e guerre mondiale, les camps de concentration. Cela dit, je crois que l'influence du catéchisme sur mon attitude religieuse actuelle est peu importante. Quand il m'arrive d'aller au culte, je ne recherche pas un message spécifiquement protestant, mais les réponses fournies par la culture chrétienne aux questions universelles sur le sens de la vie".

§Christophe Seydoux, 27 ans, gendarme, Vaulruz, catholique."De 7 à 12 ans, j'ai suivi un catéchisme très scolaire consistant à apprendre par cœur des textes de la Bible. Nous avions peu l'occasion de participer et de dialoguer avec le curé. C'était un peu frustrant, mais sur le moment, ça ne m'a pas vraiment gêné. C'était comme une mise en route. Le catéchisme est devenu nettement plus intéressant entre 12 et 15 ans. Ce n'était plus obligatoire et nous discutions de thèmes de la vie qui nous intéressaient. Cette période m'a beaucoup plu et s'est achevée par la "promesse de baptême", c'est-à-dire que nous reconnaissions l'importance d'avoir été baptisés et promettions de continuer dans la voie chrétienne. Pour moi, cette "promesse de baptême" a été le déclic. Même si je ne vais pas très souvent à l'Eglise, je suis croyant et pratique de façon individuelle".

§Sylviane Morandi, Genève, infirmière et conseillère de santé, 47 ans,protestante"J'ai apprécié mes années de catéchisme. Je me rappelle la camaraderie et l'amitié qui régnaient au sein de notre groupe. Une amitié plus forte que l'amitié traditionnelle du fait que cela se passait au sein de l'Eglise. On se faisait confiance, on pouvait compter les uns sur les autres. Je suis d'ailleurs restée liée avec ces amis de l'époque, et on est toujours prêt à s'entraider. Mais avant tout, le catéchisme m'a fait découvrir Dieu auquel je n'ai jamais cessé de croire. Ma relation à Dieu s'est épanouie lors des moments de fêtes, Noël, Pâques, de même qu'à la cérémonie de confirmation marquant la fin du catéchisme et qui était très émouvante. La croyance en Dieu est la base de ma vie religieuse, même si je suis à présent tournée vers les spiritualités orientales dont les valeurs de respect (des personnes, des animaux et de la nature), de tolérance et de libre arbitre, ainsi que l'absence de prosélytisme me semblent particulièrement importantes".

§Marc Barblan, 47 ans, éducateur spécialisé, Le Locle, protestant"J'ai le souvenir d'un catéchisme basé sur le dialogue et ancré dans le vécu, bien loin du rabâchache scolaire. Ainsi, nous avions parlé du problème de l'exclusion en lien avec l'une de nos camarades qui avait un physique ingrat et qui, à cause de cela, était mal vue de nous tous. Le pasteur qui était très pédagogue et fin psychologue a trouvé les mots justes pour nous convaincre qu'il fallait atténuer nos idées préconçues. Pour moi, le catéchisme a aussi été l'occasion de parler librement de mon expérience personnelle et sans être jugé. J'y ai consolidé les convictions religieuses acquises dans ma famille et au scoutisme. Elles n'ont pas faibli, malgré de longues années où je me suis éloigné de l'Eglise et en dépit du fait que la vie paroissiale et le culte dominical ne me passionnent guère, et me paraissent un peu ternes par rapport à ce que j'ai connu au catéchisme".