Neuchâtel: La mort ne sera plus silencieuse

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Neuchâtel: La mort ne sera plus silencieuse

5 février 2004
Evoquer la fin de la vie sans tabou. Briser le silence social actuel et oser dire ses peurs, ses doutes
Le mois prochain, une exposition originale et la tenue d’un premier Café mortel ouvriront les portes de l’inconnu. Les deux initiatives d’Elizabeth Reichen-Amsler sont nées au cœur de son cheminement personnel. Il y a deux ans, alors qu’elle venait d’être consacrée diacre au sein de l’Eglise réformée de Neuchâtel (EREN), cette spécialiste de l’accompagnement a dû faire face au décès de son père. « Je me suis rendu compte que je n’y étais pas du tout préparée. Je me sentais désarmée face à la multitude des questions qui surgissaient soudain ». Elizabeth Reichen-Amsler essaie alors d’évoquer autour d’elle ce sujet dont on ne parle en fait jamais. Elle s’aperçoit de la force du tabou qui entoure la fin de la vie, qui n’épargne personne.

A la même époque, le canton de Neuchâtel décide d’accorder aux musulmans un carré réservé à l’intérieur des cimetières officiels. « J’ai été impressionnée par la manière dont les différentes parties en cause avaient réussi à s’écouter dans un débat très difficile. J’ai commencé à me documenter, à trouver des pistes de réflexion sur ce thème, notamment dans les approches proposées par les trois grandes religions monothéistes ». Cheminement en douze stationsLe résultat le plus inédit de cette recherche porte le titre accrocheur de « Café mortel ». Un première édition de ce Café se déroulera le 23 mars dans le bistrot du Théâtre du Passage, avant une seconde dans un établissement de La Chaux-de-Fonds. L’idée de ces rencontres, où chacun est invité à évoquer ce que cette perspective lui inspire comme crainte ou comme interrogation, doit être mise au crédit de l’ethnologue genevois Bernard Crettaz. « Lors d’une conférence en septembre dernier, il s’est dis mis à disposition pour une telle aventure. Je lui ai téléphoné le lendemain ». Si l’expérience est appelée à se répéter, voire à trouver place dans d’autres villes, ces rendez-vous ne deviendront pas forcément réguliers, à l’instar des très répandus Cafés théologiques ou philosophiques : « On va se laisser guider, voir quelles sont les demandes exprimées, et si cela correspond à une attente et sous quelle forme ».

Autre réalisation d’Elizabeth Reichen-Amsler autour du même thème, une exposition qui sera inaugurée le 11 mars prochain à l’Hôtel de Ville de Neuchâtel, avant de faire halte au Musée d’histoire de la Chaux-de-Fonds puis au Centre sportif de Couvet, dans le Val de Travers. « Il s’agit d’un cheminement à travers une douzaine de stations évoquant différents aspects de la mort auxquels ont se trouve confronté ». S’y retrouve par exemple une approche philosophique avec ce qu’en ont dit des figures fondatrices comme Socrate, Jésus ou Mahomet. Le parcours s’arrêtera aussi sur tout ce qui a trait aux rituels présents dans le judaïsme, le christianisme et l’islam. « On y présentera également une interrogation sur différents rituels d’accompagnement, présentés de manière très ouverte, vu qu'ils ne cessent d’évoluer ». Le tout sera abordé dans la perpsective de la vie, car prendre conscience de sa finitude permet de mieux apprécier et éclairer son existence.