Fin de l’aide sociale pour les requérants déboutés :Vallorbe, antichambre de la clandestinité ?
2 avril 2004
Le Centre d’enregistrement des requérants d’asile (CERA) de Vallorbe est l’un des quatre passages obligés pour ceux qui veulent obtenir le statut de réfugié
Désespérés, fatigués et angoissés, des jeunes, des familles et des couples venus des quatre coins du globe rêvent de pouvoir recommencer leur vie à l’abri des persécutions et de la misère. Reportage.Aminata, Georges et leur bébé de 7 mois viennent de passer leur première nuit au CERA. Perdus au milieu des procédures, ils ont manqué leur premier rendez-vous pour la visite médicale. Georges n’a plus qu’une seule certitude : «Nous ne pouvons plus vivre au Togo, là-bas nos vies sont en danger ». «Mon mari y est menacé car il fait de la politique contre le pouvoir en place », continue Aminata. David, 19 ans, a passé deux ans en prison au Congo. « Du jour au lendemain, sans aucun procès, on m’a jeté en prison ! », explique-t-il. A moitié Hutu et à moitié Tutsi, il n’est accepté par aucun des deux clans. Selon lui, ce métissage ethnique est la cause de ses problèmes. « Un étranger, visiteur de prison, m’a aidé à m’enfuir en graissant la patte d’un gardien, puis il m’a mis en contact avec un réseau de passeurs », se souvient-il. Sa première destination devait être le Canada. Mais la filière qui a organisé son départ l’a finalement dirigé vers l’Europe. « Il faut qu’en aucun cas je sois renvoyé dans mon pays d’origine », explique-t-il.Une attente sans finLa journée type d’un requérants d’asile est placée sous le signe de l’ennui. Aucune activité n’est prévue. La télévision qui tourne en boucle et le football sur un terrain bétonné et grillagé sont les seules échappatoires. L’aire de jeu pour les enfants est cadenassée. « Plus la personne reste longtemps, plus elle risque d’exploser », analyse Hélène Küng. L’inactivité, la course contre la montre pour faire recours en cas de réponse négative et les douloureuses expériences que les requérants ont vécues forment un cocktail explosif.
La durée du séjour à Vallorbe oscille actuellement entre 5 et 30 jours. Le centre peut accueillir 240 personnes au maximum. « Avec l’entrée en vigueur des mesures d’allégement, on risque bien de voir certaines personnes rester plus d’un mois au CERA », estime Hélène Küng, aumônière. Selon elle, chaque jour, 10 à 15 personnes franchissent le seuil de cette institution. Elle craint que la situation dans le centre devienne encore plus difficile à gérer. La clandestinité en dernier recoursHélène Küng arpente les locaux pour informer les nouveaux arrivants : « Certains apprennent le soir à 20 heures leur transfert le lendemain matin à 6 heures 30 vers un autre centre au Tessin ou en Suisse allemande ». Réuni dans le hall d’entrée, un petit groupe d’hommes originaires de l’ex-Yougoslavie scrute le tableau qui rythme la journée d’un requérant. « Si ton numéro est inscrit, cela signifie que ton audition a lieu aujourd’hui », explique Branco . En attente d’un troisième entretien, il est en train de perdre espoir. « En Suisse, on n’a pas l’habitude de ne rien faire !» plaisante-t-il. Il est venu une première fois en Suisse il y a dix-sept ans, y a travaillé au noir pendant plusieurs années sans déposer de demande d’asile et dans l’espoir de retourner en Serbie. Une première tentative de retour s’est soldée par un échec. En Serbie, il est accusé de ne pas avoir participé à l’effort de guerre et il est menacé de mort. «Aujourd’hui, je veux sortir de l’illégalité, car je voudrais me marier en Suisse », explique-t-il. En cas de refus, il n’exclut pas un retour dans la clandestinité.
« Si je n’obtiens pas l’asile en Suisse, j’essaierai dans un autre pays », raconte une jeune Ivoirienne. Et la clandestinité ? « Ce sera dur mais pas aussi désespéré que ma vie en Côte d’Ivoire », conclut-elle. Pour leur part, les Togolais Georges et Aminata ne préfèrent pas imaginer les conséquences d’un éventuel refus. « Notre avenir n’est pas au Togo », répète Georges.
Munie d’un plan de la Vallorbe, Hélène Küng montre au jeune couple le supermarché le plus proche. « Il faut que je trouve des affaires pour le bébé », explique Aminata. Les requérants ont le droit de sortir jusqu’à 17 heures. A l’entrée du centre, un panneau leur rappelle que tout achat effectué en ville doit être accompagné d’un ticket de caisse. Dans le cas contraire, les courses sont confisquées.
La durée du séjour à Vallorbe oscille actuellement entre 5 et 30 jours. Le centre peut accueillir 240 personnes au maximum. « Avec l’entrée en vigueur des mesures d’allégement, on risque bien de voir certaines personnes rester plus d’un mois au CERA », estime Hélène Küng, aumônière. Selon elle, chaque jour, 10 à 15 personnes franchissent le seuil de cette institution. Elle craint que la situation dans le centre devienne encore plus difficile à gérer. La clandestinité en dernier recoursHélène Küng arpente les locaux pour informer les nouveaux arrivants : « Certains apprennent le soir à 20 heures leur transfert le lendemain matin à 6 heures 30 vers un autre centre au Tessin ou en Suisse allemande ». Réuni dans le hall d’entrée, un petit groupe d’hommes originaires de l’ex-Yougoslavie scrute le tableau qui rythme la journée d’un requérant. « Si ton numéro est inscrit, cela signifie que ton audition a lieu aujourd’hui », explique Branco . En attente d’un troisième entretien, il est en train de perdre espoir. « En Suisse, on n’a pas l’habitude de ne rien faire !» plaisante-t-il. Il est venu une première fois en Suisse il y a dix-sept ans, y a travaillé au noir pendant plusieurs années sans déposer de demande d’asile et dans l’espoir de retourner en Serbie. Une première tentative de retour s’est soldée par un échec. En Serbie, il est accusé de ne pas avoir participé à l’effort de guerre et il est menacé de mort. «Aujourd’hui, je veux sortir de l’illégalité, car je voudrais me marier en Suisse », explique-t-il. En cas de refus, il n’exclut pas un retour dans la clandestinité.
« Si je n’obtiens pas l’asile en Suisse, j’essaierai dans un autre pays », raconte une jeune Ivoirienne. Et la clandestinité ? « Ce sera dur mais pas aussi désespéré que ma vie en Côte d’Ivoire », conclut-elle. Pour leur part, les Togolais Georges et Aminata ne préfèrent pas imaginer les conséquences d’un éventuel refus. « Notre avenir n’est pas au Togo », répète Georges.
Munie d’un plan de la Vallorbe, Hélène Küng montre au jeune couple le supermarché le plus proche. « Il faut que je trouve des affaires pour le bébé », explique Aminata. Les requérants ont le droit de sortir jusqu’à 17 heures. A l’entrée du centre, un panneau leur rappelle que tout achat effectué en ville doit être accompagné d’un ticket de caisse. Dans le cas contraire, les courses sont confisquées.