Dieu, poste restante: 100 lettres au Créateur
15 avril 2004
Dieu ? Cher Dieu ? Mon Dieu ? Mon Père ? Seigneur ? Vous l’Insaisissable ? Comment commencer une lettre à Dieu ? Et surtout comment Lui parler quand on sait que d’autres vont lire la missive ? Une centaine de personnalités se sont prêtées à l’exercice : Eliette Abécassis, Sœur Emmanuelle, Dalil Boubakeur, André Chouraqui, Ahmadou Kourouma, Shimon Peres, Gilbert Sinoué, l’Abbé Pierre, Yves Duteil, Jean-Claude Basset, Khaled Bentounès… Etonnante poste restante que ce recueil de textes qui invite à la réflexion en toute liberté
Ecrire à Dieu, et par-dessus le marché publier ces missives qui relèvent de l’intime, de la prière ou du corps à corps avec ses doutes et ses colères, est bien compliqué. « On n’écrit pas à Dieu,: l’épistolier, c’est Lui, nous sommes la lettre », tranche l’écrivain Jean-François Colosimo. Bruno Chenu renchérit : « L’important ne sera jamais les lettres de l’homme à Dieu, mais les lettres de Dieu à l’homme ».
L’éditeur s’entête dans son projet et met en dialogue dans un recueil les lettres au Créateur d’une centaine de personnalités, religieuses ou laïques, moines, cheikhs, imams, rabbins, bahaïs ou bouddhistes, écrivains, intellectuels, philosophes et scientifiques.
Les voix singulières qui se répondent sans le savoir dans ce recueil font écho au propre cheminement de chaque lecteur et relance la réflexion qui s’est enlisée dans les sables de l’indifférence, mais aussi les choix spirituels devenus, en ces temps d’intolérance, parfois bien encombrants. « Il devient de plus en plus difficile de s’afficher avec Toi en ces temps de tourmentes intégristes, écrit Claudette Marquet, productrice pour France 2 de l’émission « Présence protestante », beaucoup de violents n’ont que Ton Nom à la bouche. Ils lapident, violent, exécutent, massacrent, dominent, prétendent dire le juste et le droit, assurés qu’ils sont que dans ces actes et ces mots indignes se décline Ta volonté ».
Dans le chaos du monde actuel qui pousse à la négation de Dieu, le temps est aux questions insupportables. Ce ne sont pas forcément des laïcs qui les posent mais des hommes hantés par l’idée de Dieu. « Où es-tu, tandis que le monde gémit et se déchire ? Ton silence est écrasant…Où est Ta voix dans ce qu’ils disent ? », demande le dominicain François Boesflug, qui bute sur le divin silence. « Une réponse de Ta part me ferait du bien », lance de son côté Jacques Lanzmann, l’athée. L’académicien Jean-Denis Bredin, lui, a fait son deuil de l’improbable rencontre : « Nous les exclus de la foi, nous savons bien que vous ne croiserez pas notre chemin, que nous crèverons dans le doute».
Face à ceux qui ne croient pas, ou qui sont pleins de colère et de rejet, il y a les messagers de l’aube. « C’est au cœur des lignes de fracture du monde que Tu Te révèles le plus », écrit Dominique Paturle, diacre de la communauté de Sappel. Il y a ceux qui appellent à la fraternité, à l’espérance partagée, à l’amour envers et contre tout, à la confiance renouvelée, à la paix. Apparaît en filigrane un Dieu qui ne peut pas tout, un Dieu qui souffre, surpris par la conduite des hommes qu’il a voulu libres. Un Dieu qui a choisi de partager la faiblesse des plus pauvres, qui habite le silence, le repli de l’âme et se complaît dans le manque. Un Dieu masqué par les sombres actions des hommes, et qui ne ressemble à rien de ce que tous les allumés de Dieu veulent nous faire croire. Lettres à Dieu, éd. Calmann-Lévy, 356 pages, mars 2004.
L’éditeur s’entête dans son projet et met en dialogue dans un recueil les lettres au Créateur d’une centaine de personnalités, religieuses ou laïques, moines, cheikhs, imams, rabbins, bahaïs ou bouddhistes, écrivains, intellectuels, philosophes et scientifiques.
Les voix singulières qui se répondent sans le savoir dans ce recueil font écho au propre cheminement de chaque lecteur et relance la réflexion qui s’est enlisée dans les sables de l’indifférence, mais aussi les choix spirituels devenus, en ces temps d’intolérance, parfois bien encombrants. « Il devient de plus en plus difficile de s’afficher avec Toi en ces temps de tourmentes intégristes, écrit Claudette Marquet, productrice pour France 2 de l’émission « Présence protestante », beaucoup de violents n’ont que Ton Nom à la bouche. Ils lapident, violent, exécutent, massacrent, dominent, prétendent dire le juste et le droit, assurés qu’ils sont que dans ces actes et ces mots indignes se décline Ta volonté ».
Dans le chaos du monde actuel qui pousse à la négation de Dieu, le temps est aux questions insupportables. Ce ne sont pas forcément des laïcs qui les posent mais des hommes hantés par l’idée de Dieu. « Où es-tu, tandis que le monde gémit et se déchire ? Ton silence est écrasant…Où est Ta voix dans ce qu’ils disent ? », demande le dominicain François Boesflug, qui bute sur le divin silence. « Une réponse de Ta part me ferait du bien », lance de son côté Jacques Lanzmann, l’athée. L’académicien Jean-Denis Bredin, lui, a fait son deuil de l’improbable rencontre : « Nous les exclus de la foi, nous savons bien que vous ne croiserez pas notre chemin, que nous crèverons dans le doute».
Face à ceux qui ne croient pas, ou qui sont pleins de colère et de rejet, il y a les messagers de l’aube. « C’est au cœur des lignes de fracture du monde que Tu Te révèles le plus », écrit Dominique Paturle, diacre de la communauté de Sappel. Il y a ceux qui appellent à la fraternité, à l’espérance partagée, à l’amour envers et contre tout, à la confiance renouvelée, à la paix. Apparaît en filigrane un Dieu qui ne peut pas tout, un Dieu qui souffre, surpris par la conduite des hommes qu’il a voulu libres. Un Dieu qui a choisi de partager la faiblesse des plus pauvres, qui habite le silence, le repli de l’âme et se complaît dans le manque. Un Dieu masqué par les sombres actions des hommes, et qui ne ressemble à rien de ce que tous les allumés de Dieu veulent nous faire croire. Lettres à Dieu, éd. Calmann-Lévy, 356 pages, mars 2004.