Livre : les religions monothéistes face à la maladie
22 avril 2004
Là où on ne parlait que de morale, on ne parle plus aujourd’hui que d’éthique
Cette dernière s’est-elle pour autant dégagée de toute imprégnation religieuse ? « Pas si sûr », estiment Nicolas Martin et Antoine Spire, les auteurs de « Dieu aime-t-il les malades ?». Pour comprendre de quelle nature sont aujourd’hui les débats bioéthiques les plus brûlants - procréation assistée, euthanasie ou encore cellules souches embryonnaires obtenues par clonage thérapeutique - les deux journalistes ont cherché à saisir quel regard le judaïsme, le christianisme et l’islam portent sur le corps, la santé et la souffrance.La maladie comme châtiment d’un péché et la souffrance comme mise à l’épreuve de la foi : les vieux schémas judéo-chrétiens ont la vie dure, quand bien même on croit s’être affranchi de toute influence religieuse et de tout dolorisme, cette exaltation morbide de la douleur salvatrice. Pour le texte biblique, l’homme, fait à l’image de Dieu, serait destiné à une vie heureuse et éternelle, et non pas à toutes les souffrances physiques et morales. Cependant la maladie et la mort sont toutes deux assimilées à des formes du mal et trouvent leur source dans le péché originel.
Pour l’islam aussi, le corps malade paie les dettes de l’âme. Le jeu entre souffrance et péché traverse les trois monothéismes et se retrouve aussi dans d’autres croyances, chez les animistes africains par exemple.
Les deux auteurs interrogent tour à tour la sociologue des religions Danièle Hervieu-Léger, le rabbin Marc-Alain Ouaknin, le Jésuite Paul Valadier et Soheib Bencheikh, imam à Marseille, sur les conceptions adoptées par les trois religions concernant le corps, la santé, la souffrance et la mort, mais aussi les questions que pose la bioéthique et plaident clairement pour une éthique affranchie de tout contexte religieux.
L’évident recul de l’emprise des institutions religieuses a fait place à une religiosité diffuse fondée sur la recherche individuelle et le bricolage personnel. Pour Danièle Hervieu-Léger, sociologue des religions, les grandes religions ont poussé l’homme à se réaliser dans le présent et à s’accomplir spirituellement ici et maintenant. Un choix qu’elle trouve surprenant et qui est à l’origine de toutes sortes de croyances parallèles ésotériques et d’une nébuleuse de mouvements religieux thérapeutiques. « Ce n’est pas parce qu’on a une médecine extraordinairement performante qu’on a moins besoin de constructions croyantes autour du thème de la guérison », remarque la chercheuse.
Danièle Hervieu-Léger rappelle que la guérison, pour les chrétiens, est la métaphore du salut. Or, dans les recompositions contemporaines des croyances, le salut dans l’autre monde devient de moins en moins plausible, voire même évanescent. « La crainte aujourd’hui n’est plus celle de l’enfer, mais celle de la déréliction physique et psychique, associée à la très grande vieillesse et à la dépendance ». La chercheuse estime encore que « la religion est bien le moyen de dire l’aspiration à une guérison pleine et entière que précisément la biomédecine ne donne pas ». Mais voilà : les Eglises sont en fait confrontées aujourd’hui à une remise en question des normes séculaires et à un débat théorique qui s’organise en fait en dehors d’elles, même si certains représentants des religions y sont associés. "Dieu aime-t-il les malades", les religions monothéistes face à la maladie", essai, éd. Anne Carrière, mars 2004.
Pour l’islam aussi, le corps malade paie les dettes de l’âme. Le jeu entre souffrance et péché traverse les trois monothéismes et se retrouve aussi dans d’autres croyances, chez les animistes africains par exemple.
Les deux auteurs interrogent tour à tour la sociologue des religions Danièle Hervieu-Léger, le rabbin Marc-Alain Ouaknin, le Jésuite Paul Valadier et Soheib Bencheikh, imam à Marseille, sur les conceptions adoptées par les trois religions concernant le corps, la santé, la souffrance et la mort, mais aussi les questions que pose la bioéthique et plaident clairement pour une éthique affranchie de tout contexte religieux.
L’évident recul de l’emprise des institutions religieuses a fait place à une religiosité diffuse fondée sur la recherche individuelle et le bricolage personnel. Pour Danièle Hervieu-Léger, sociologue des religions, les grandes religions ont poussé l’homme à se réaliser dans le présent et à s’accomplir spirituellement ici et maintenant. Un choix qu’elle trouve surprenant et qui est à l’origine de toutes sortes de croyances parallèles ésotériques et d’une nébuleuse de mouvements religieux thérapeutiques. « Ce n’est pas parce qu’on a une médecine extraordinairement performante qu’on a moins besoin de constructions croyantes autour du thème de la guérison », remarque la chercheuse.
Danièle Hervieu-Léger rappelle que la guérison, pour les chrétiens, est la métaphore du salut. Or, dans les recompositions contemporaines des croyances, le salut dans l’autre monde devient de moins en moins plausible, voire même évanescent. « La crainte aujourd’hui n’est plus celle de l’enfer, mais celle de la déréliction physique et psychique, associée à la très grande vieillesse et à la dépendance ». La chercheuse estime encore que « la religion est bien le moyen de dire l’aspiration à une guérison pleine et entière que précisément la biomédecine ne donne pas ». Mais voilà : les Eglises sont en fait confrontées aujourd’hui à une remise en question des normes séculaires et à un débat théorique qui s’organise en fait en dehors d’elles, même si certains représentants des religions y sont associés. "Dieu aime-t-il les malades", les religions monothéistes face à la maladie", essai, éd. Anne Carrière, mars 2004.