Création théâtrale à Yverdon-les-Bains: Des jeunes font d'Abraham l'un de leurs potes

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Création théâtrale à Yverdon-les-Bains: Des jeunes font d'Abraham l'un de leurs potes

29 avril 2004
Abraham, héros et zonard malgré lui : à entendre les jeunes du Centre d’Animation de Jeunesse Oecuménique (CAJO) d’Yverdon-les-Bains parler du personnage central du spectacle qu’ils vont jouer dès le 28 mai prochain à l’aula de l’Ecole d’Ingénieurs (EIVD), on a l’impression qu’ils parlent d’un de leurs potes, pas du vieillard chenu auquel une certaine imagerie biblique nous a habitués
Les auteurs de la pièce ont réussi leur pari : dépoussiérer la figure du patriarche et en faire un homme dont la vie rejoint la nôtre.

(Photos à disposition sur le site du CAJO : www.cajo.ch)Le spectacle « Abraham en chantier » fait déjà parler de lui, avant même la première représentation: lors du culte retransmis par la Télévision suisse romande dimanche 25 avril, les téléspectateurs ont pu voir un extrait filmé de la pièce montée par le Centre d’animation de jeunesse œcuménique (CAJO) d’Yverdon-les-Bains. De quoi mettre l’eau à la bouche et motiver encore davantage les 8 jeunes comédiens embarqués dans l’aventure.

Construite autour du personnage de l’Ancien Testament, cette création théâtrale est une oeuvre collective. Pascal Berney et Christian Vez, animateurs catholique et protestant du CAJO, Cynthia Berney, institutrice, et Caroline Richardet, étudiante en théologie, ont planché ensemble sur son écriture. Un jeune musicien professionnel, Yves Hurlimann, a composé les parties chantées à capella par un octuor, qui donnera au spectacle ses respirations et assurera les transitions entre les scènes, qui promettent d’être déroutantes. « Nous avons travaillé le texte biblique au corps à corps », explique Pascal Berney. Pour les 2 animateurs du CAJO, l’exercice n’était pas nouveau. Ils avaient déjà écrit et monté deux autres spectacles, « Passion », un oratorio autour des textes d’Etty Hillesum et « Qui sauvera la Suisse de quoi ? » à l’occasion d’Expo 02. Les représentations avaient fait salle comble. Fort de ces succès, ils ont remis ça. Et choisi de proposer différentes lectures du récit de la vie d’Abraham et d’en actualiser le propos.

« Nous aimerions permettre au public de se rebrancher sur une histoire souvent méconnue, explique Christian Vez, nous avons voulu montrer en quoi il est en réalité un héros malgré lui, en ce sens qu’il n’a rien fait pour que Dieu se manifeste à lui, mais qu’il se laisse faire puis se met en route et paie de sa personne ». Au cours du spectacle, on suit à la fois les aventures d’Abraham telles que la Bible les raconte et la façon dont ces épisodes ont inspiré les jeunes acteurs. Abraham et Sara se retrouvent ainsi tour à tour en zonards ou en bédouins.

En amorçant les répétitions, les jeunes ont âprement discuté pour mettre au point leurs personnages aux opinions fort contrastées, un peu à leur image. Car ils ne sont pas forcément croyants et se méfient comme de la peste de tout prosélytisme. Pas question pour eux d’évangéliser les spectateurs ! Ils préfèrent, au travers les différentes facettes de ceux qu’ils incarnent tour à tour, parler de leurs doutes, de leurs choix, de ce chemin qu’ils sont en train de faire à la recherche de leur identité, un peu comme Abraham au désert. « J’ai eu envie, à travers ce spectacle, de découvrir des choses en moi », explique Samuel qui a déjà participé à des activités du CAJO, notamment une randonnée à Taizé en vélo. « Tout le monde peut être Abraham », renchérit Julie Burdet, d’Orbe, l’une des jeunes comédiennes. Leila, embarquée un peu malgré elle dans l’aventure, est contente en fin de compte de relever un défi, celui de découvrir qu’elle est capable d’être « autre chose qu’elle-même ». Les différentes compréhensions de l’histoire du patriarche a conduit les jeunes comédiens à s’affronter et à s’impliquer dans le spectacle avec leur personnalité, bien au-delà de ce qu’ils avaient imaginé au départ. A l’instar de leur héros, ils se sont mis en route, chacun à partir de leurs convictions et de leur réalité. Résultat : une brochette de jeunes qui se donnent à fond, pour que le spectacle ne soit pas une simple saynète pour fête paroissiale, mais une véritable création théâtrale susceptible d’interpeller chacun.