Un CD hip hop contre le racisme :Des rappeurs lausannois et l’Entraide protestante (EPER) font cause commune
L’association des milieux hip hop lausannois et de l’EPER ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait trois ans que la maison de rap indépendante Fliprod, qui a créé en 1999 son premier album « Lozane sex prime », et l’EPER collaborent dans le cadre de l’organisation annuelle de la Journée des Réfugiés. De ces contacts est né le projet de sortir un album de rap réunissant des titres écrits tout spécialement pour dénoncer toute forme de racisme. A travers les mots des chanteurs, souvent issus de l’immigration et qui savent donc bien de quoi ils parlent, l’EPER souhaite faire passer auprès des 13 à 18 ans son appel à la tolérance. Car la prévention des préjugés racistes fait partie intégrante de son mandat, de même que la défense des réfugiés et l’intégration des immigrés dans notre pays. L’album qui réunit les créations de 8 groupes de rap bénéficie non seulement du soutien de l’EPER mais aussi de celui du Fonds de projets contre le racisme de la Confédération. En tout, ce sont 50'000 francs qui ont pu être réunis sur une période de 2 ans.
Dans cette compilation, les chanteurs évoquent les conflits, les incompréhensions, l’intolérance qui peuvent surgir dans un immeuble et pourrir la vie entre voisins de palier qui se regardent en chiens de faïence; ils disent, chacun à leur manière, parfois provocante, les malaise de notre société, la difficulté qu’il y a à se sentir différent à cause de la couleur de sa peau, de son accent étranger, de ses différences culturelles ; ils évoquent les blessures et les injustices que vivent ceux qui ne sont pas comme tout le monde, et qui finissent par « péter les plombs ».
« Depuis 10 ans, j’vis ici des fois méprisé, avec un accent sans qu’on oublie », scande le rappeur Yvan du groupe Llyrico Musical, connu des scènes lausannoises. Rappeur d’origine vénézuélienne, Chakal, lui, dénonce l’individualisme « fric et fringues » qui appelle la réponse musclée du « flic et des flingues ». L’engrenage contre lequel il faut lutter à tout prix. « Avoir la haine » ne peut qu’appeler la haine, rappellent-ils tous en choeur.
Carlos, du groupe Sens Unik, lui, s’est glissé dans la peau d’un râleur raciste qui regrette le temps où « tout était propre, où tous étaient blancs ». Quant au chanteur du groupe Mens Sana, il évoque la peur qu’il lit dans le regard des autres : «Ils croient que je deale quand j’attends juste une meuf pour un rencard… ».
François Sanchez, chanteur et coordinateur de la maison de production Fliprod, souhaite que cette démarche commune qui bénéficie du soutien officiel de la Confédération, permette de donner une autre image de la culture hip hop pour enfin « sortir le rap de la cave ». Nous ne sommes pas des « yos » à pittbulls, prêts à la bastonnade, avec un training dans les chaussettes ».
Un kit pédagogique accompagne l’album. Il sera mis dès cet automne à disposition des écoles et des apprentis de 13 à 18 ans, pour servir de base à des animations contre toute forme de racisme et de ségrégation.