BE-JU : La restructuration de l’Eglise signe la fin du pasteur de village

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BE-JU : La restructuration de l’Eglise signe la fin du pasteur de village

6 mai 2004
Des postes à temps partiel, une disponibilité réduite, une collaboration régionale accrue: l’image du pasteur présent sur tous les fronts va changer
Les conséquences de la réduction des postes pastoraux commencent à apparaître . Victime probable, le catéchisme. Premiers échos.13 paroisses, sur les 22 que compte le Jura bernois, emploieront à l’avenir un ministre engagé à 80% et même à 60%. L’image d’Epinal du pasteur bascule. Atteignable 7 jours sur 7, bien intégré dans son village, visible dans les manifestations locales: si le pasteur travaille 3 ou 4 jours par semaine et s’engage ailleurs le reste du temps, il pourra difficilement assumer la même présence qu’avant. D’autant que le canton va lever l’obligation de résidence: les pasteurs ne seront plus tenus d’habiter la cure du village. Plus spécialisés, plus éloignés, ils devront se déplacer, se remplacer. «On risque de devenir des fonctionnaires qui chronomètrent chaque activité avant de repartir ailleurs », regrette l’un d’entre eux. «Je devrai probablement trouver un autre emploi à 40%, indique ce pasteur d’un petit village. Il faudra que les gens comprennent que je ne peux plus être aussi disponible.» Le mot est lâché. C’est la disponibilité généralement attendue des pasteurs qui est mise à mal par cette conception fragmentée des postes. Les difficultés auxquelles sont confrontés les ministres engagés à 60% le montrent à l’envi, il va falloir changer de conception.

Une collaboration entre paroisses voisines devrait permettre d’assurer le service de piquet et de partager les tâches. Mais ces réorganisations risquent d’être négociées sans cohérence, au gré des intérêts personnels ou des susceptibilités locales. Si une paroisse décide de faire cavalier seul, rien ne peut l’en empêcher. Dans tous les cas, les activités seront assumées par plusieurs collègues d’une même région. Les paroissiens doivent accepter d’avoir recours au pasteur de la paroisse voisine, y compris pour les services funèbres ou une visite. Les habitudes devront changer. Un homme de parole La conception d’un ministre engagé sur tous les fronts, homme orchestre de toutes les situations, est une idée assez récente. «C’est au moment du piétisme que le pasteur commence à devoir accompagner personnellement les gens, relativise le pasteur et historien Jean-Philippe Gobat. Auparavant, les ministres ne célébraient pas d’enterrement et ne faisaient quasiment aucune visite.» Certains documents montrent que les pasteurs rechignaient à rencontrer les familles, même quand elles étaient confrontées à des situations tragiques. A cette époque, les ministres ne passaient jamais de maison en maison. «Pendant des siècles, le pasteur s’est borné à prêcher et enseigner le catéchisme et c’est tout!», note Jean-Philippe Gobat. Victime probable: le catéEfficacité professionnelle, collaboration régionale: «L’offre va forcément diminuer», prévient ce président de paroisse d’un grand village. Doit-on transférer les tâches pastorales sur des laïcs peu nombreux et déjà très sollicités? Faudra-t-il se contenter des cultes radio plusieurs dimanches par mois? Les paroisses entament une réflexion.

Une victime semble pourtant toute désignée: le catéchisme. Amorcée il y a dix ans dans l’enthousiasme, la nouvelle catéchèse mobilise beaucoup d’énergie. 3 cycles sur 9 ans, l’effort est considérable. «J’ai déjà proposé de supprimer un cycle, avoue cette présidente. Si nous ne trouvons plus de catéchètes et que le pasteur dispose de moins de temps, ce sera incontournable.»

Une autre menace plane sur les engagements extra-paroissiaux: aumônerie d’hôpital, œcuménisme, projets associatifs, présence dans les médias… L’heure du choix a sonné pour plusieurs communautés: reste à espérer qu’elles résisteront à la tentation du repli. «Notre situation n’est pas encore désespérée, conclut un dernier président de paroisse. Il faut avoir confiance!»