Thérapies spirituelles en question

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Thérapies spirituelles en question

18 mai 2004
Après deux ans d’activité, le Centre intercantonal d’information sur les croyances croule sous les demandes
Et formule quelque inquiétude à propos de certains mouvements issus du New Age.La spiritualité devient un marché où l’offre foisonne. Les collectivités publiques comme les individus peinent à y voir clair, souvent inquiets de se trouver sans le savoir en présence d’un mouvement sectaire. Autant dire que le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) ne chôme pas depuis l’ouverture au public en 2002 (lire encadré).

En Suisse, le domaine du religieux reste de compétence cantonale. Au niveau fédéral, rien n’existe pour recueillir des informations objectives dans le domaine. Le CIC comble ce manque, en collaboration avec l’Observatoire des religions en Suisse de l’Université de Lausanne, centré lui sur le travail académique et la recherche. Sa mission est délicate : rendre attentif aux points potentiellement problématiques de certains mouvements ou techniques, tout en respectant la liberté de croyance et d’expression garantie par la démocratie. « Notre but n’est pas de prendre position, mais d’informer, en nous basant notamment sur les données issues des mouvements eux-mêmes et sur la littérature scientifique existante. Lorsqu’il existe un rapport d’autorité publique, nous le fournissons », explique la directrice Nathalie Narbel. Organisme subventionné par l’Etat, le CIC n’a pas à distribuer de bons ou de mauvais points. Voilà pourquoi, dans le cadre de cette présentation de ses activités, aucun nom ne sera donné. Prévention aussiPourtant, même si le rôle du Centre ne consiste pas à condamner ou à stigmatiser, son travail sur certains dossiers suffit à mettre le doigt sur des dérives inquiétantes. L’exemple le plus frappant est celui des médecines alternatives s’appuyant sur des croyances spirituelles, qui séduisent de plus en plus de monde. Fait symptomatique, en 2003, 30% des demandes adressées au CIC concernaient « ces mouvements thérapeutiques qui se présentent comme une réponse au stress et aux angoisses engendrées par la crise économique et le mode de vie actuel », comme le note Nathalie Narbel.

Se revendiquant du « soigner autrement », englobant la personne dans sa totalité, ces doctrines ont vu le jour dans le sillage du New Age et disposent désormais d’une visibilité certaine. « Beaucoup d’entre elles considèrent que l’individu est capable de se guérir lui-même et proposent une explication spirituelle à l’état de santé, s’appuyant souvent sur de éléments ésotériques », précise encore Nathalie Narbel. L’une de leurs particularités est de proposer souvent à la fois des thérapies et des formations, en offrant des méthodes de développement personnel et de bien-être. Une partie de ces mouvements apparaît dangereux aux yeux du CIC, notamment parce que ceux qui les pratiquent ne disposent pas des compétences requises et proposent des techniques clairement farfelues à des prix parfois très élevés. Ainsi, pour sa directrice, le CIC participe également à un effort de prévention en favorisant une meilleure connaissance d’un phénomène religieux polymorphe.