Constitution européenne : les chrétiens entre colère et satisfaction
29 juin 2004
Le texte final du traité ne contient pas de référence explicite aux racines chrétiennes de l’Europe
Une défaite pour une série de pays à tradition fortement catholique, ainsi que pour le Vatican. Les Eglises protestantes, elles, insistent plutôt sur la reconnaissance du rôle et de l’indépendance des religions. Les vingt-cinq gouvernements de l’Union européenne se sont enfin mis d’accord sur un projet de Constitution. Dans la majorité des Etats membres, la ratification se fera par voie parlementaire. Dans une dizaine d’autres, il faudra passer par un référendum. Les analystes prédisent déjà plusieurs « non », notamment en Angleterre pour cause d’europhobie persistante. Du côté de l’est du continent (Pologne, Lituanie, Slovaquie, République tchèque), le refus du traité risque d’avoir une autre cause : le 18 juin dernier, la Conférence intergouvernementale a en effet refusé d’inscrire dans le préambule une référence directe à Dieu ou aux racines chrétiennes de l’Europe.
Après deux ans de controverse, ce refus signe la victoire de pays comme la France ou la Belgique, fervents opposants à toute entorse à la laïcité en politique, convaincus qu’une référence trop explicite au christianisme aurait refroidi la Turquie. Et la défaite de nations comme le Portugal ou l'Italie, de tradition catholique, mais où surtout le religieux imprègne encore bien des aspects de la vie sociale. Le Vatican, qui a pesé de tout son poids en faveur d’une mention explicite du christianisme, n’a pas tardé à manifester son mécontentement face à une « Europe à la mémoire oubliée ». A Rome, le cardinal Poupard, ministre de la culture du Saint-Siège, a directement mis en cause la France, accusée d’avoir imposé sa volonté à une majorité d’Européens.Un article bienvenuRéaction plus nuancée du côté de la Conférence des Eglises européennes (KEK en anglais). Cette grande organisation œcuménique regroupe 125 Eglises appartenant à la grande famille protestante (réformées, mais aussi baptistes, luthériennes, méthodistes ou pentecôtistes) et orthodoxe, mais pas catholique romaine. Elle s’est avouée largement satisfaite sur le projet de traité, même si « de nombreuses Eglises membres auraient souhaité une référence explicite aux racines chrétiennes dans le préambule ». Se réjouissant notamment du renforcement de la dimension sociale présente dans la dernière version du texte, la KEK a salué une « véritable reconnaissance de la liberté religieuse, du rôle et de l’identité propre des différentes Eglises et religions dans la vie publique européenne ».
En ce qui concerne les relations entre le spirituel et le temporel, le nouvel article de référence est le numéro 51, maintenu intact grâce à la présidence irlandaise, malgré plusieurs oppositions. Ce dernier stipule que « l’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les associations ou les communautés religieuses dans les Etats membres ». En clair, l’Europe politique ne compte pas s’immiscer dans les affaires propres aux religions, mais l’Union s’engage à maintenir un dialogue « ouvert, transparent et régulier » avec les Eglises. Autant d’éléments qui, en une époque où la déchristianisation atteint des proportions jamais connues sur le Vieux Continent, constituent plutôt une bonne nouvelle.
Après deux ans de controverse, ce refus signe la victoire de pays comme la France ou la Belgique, fervents opposants à toute entorse à la laïcité en politique, convaincus qu’une référence trop explicite au christianisme aurait refroidi la Turquie. Et la défaite de nations comme le Portugal ou l'Italie, de tradition catholique, mais où surtout le religieux imprègne encore bien des aspects de la vie sociale. Le Vatican, qui a pesé de tout son poids en faveur d’une mention explicite du christianisme, n’a pas tardé à manifester son mécontentement face à une « Europe à la mémoire oubliée ». A Rome, le cardinal Poupard, ministre de la culture du Saint-Siège, a directement mis en cause la France, accusée d’avoir imposé sa volonté à une majorité d’Européens.Un article bienvenuRéaction plus nuancée du côté de la Conférence des Eglises européennes (KEK en anglais). Cette grande organisation œcuménique regroupe 125 Eglises appartenant à la grande famille protestante (réformées, mais aussi baptistes, luthériennes, méthodistes ou pentecôtistes) et orthodoxe, mais pas catholique romaine. Elle s’est avouée largement satisfaite sur le projet de traité, même si « de nombreuses Eglises membres auraient souhaité une référence explicite aux racines chrétiennes dans le préambule ». Se réjouissant notamment du renforcement de la dimension sociale présente dans la dernière version du texte, la KEK a salué une « véritable reconnaissance de la liberté religieuse, du rôle et de l’identité propre des différentes Eglises et religions dans la vie publique européenne ».
En ce qui concerne les relations entre le spirituel et le temporel, le nouvel article de référence est le numéro 51, maintenu intact grâce à la présidence irlandaise, malgré plusieurs oppositions. Ce dernier stipule que « l’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les associations ou les communautés religieuses dans les Etats membres ». En clair, l’Europe politique ne compte pas s’immiscer dans les affaires propres aux religions, mais l’Union s’engage à maintenir un dialogue « ouvert, transparent et régulier » avec les Eglises. Autant d’éléments qui, en une époque où la déchristianisation atteint des proportions jamais connues sur le Vieux Continent, constituent plutôt une bonne nouvelle.