Œuvres protestantes d'entraide: Fusion de nouveau à l’ordre du jour
1 juillet 2004
Moins de deux ans après une première tentative, l’Entraide protestante suisse et Pain Pour le Prochain vont à nouveau tenter de fonder une structure commune
Enjeux et perspectives. Tout a commencé par une annonce d’emploi, au début il y a quelques mois. Pain Pour le Prochain (PPP),oeuvre d’entraide protestante concentrée sur la recherche de fonds et la politique de développement, mettait au concours son poste de secrétaire central. Pour les Eglises du nord ouest de la Suisse, soit les deux Bâle, Argovie et Soleure, il fallait saisir l’occasion pour ne pas remplacer le démissionnaire Christophe Stückelberger. Et réengager un processus de fusion avec la grande Entraide protestante Suisse (EPER), très active auprès des migrants, mais aussi dans l’aide d’urgence et la coopération (lire encadré).
A priori, l’idée n’a rien de saugrenu. « Dans le monde réformé de ce côté-ci de la Sarine, en tout cas, il n’y a pas la place pour trois oeuvres distinctes », note le secrétaire romand de PPP Théo Buss, qui fait également allusion au Département missionnaire (DM), pendant francophone de la Mission 21 alémanique. Sa collègue de l’EPER Corinne Henchoz-Pignani reconnaît pour sa part qu’un rapprochement structurel « coûterait moins cher en frais administratifs et aurait le mérite de la clarté pour les donateurs ». La question du soutien des Eglises à leurs Œuvres d’entraide est d’ailleurs à l’ordre du jour dans le canton de Vaud, comme à Genève et à Neuchâtel. Le Synode de ce dernier a même demandé à son exécutif de « soutenir les démarches entreprises au plan suisse en vue d’une fusion entre ces organismes de mission et d’entraide ». "On constate que les paroisses ont de plus en plus de mal à remplir leurs obligations vis à vis des Œuvres d’entraide », indique la co-responsable du Département cantonal diaconie et entraide, Jacqueline Lavoyer. Pour beaucoup d’observateurs, le fidèle a du mal à s’y retrouver et il faut lui simplifier la tâche. Un premier échec difficilement digéréMais voilà, en 2002, une première tentative s’était soldée par un échec malgré un long et épuisant travail préparatoire. Pour Théo Buss, la principale raison de ce blocage avait été financière : « Nous nous sommes rendu compte qu’une fusion nous ferait perdre une campagne de récolte de fonds annuelle. D’après nos calculs, c’était un manque à gagner de près de 7 millions de francs suisses ».
Pour pallier ce problème, on se dirigerait aujourd’hui vers une solution qui permettrait de conserver le nom de chaque entité. « Le principe de nouvelles décisions est acquis. Mais aucun calendrier ne nous a été imposé. Nous ne sommes pas mis sous pression », précise Corinne Henchoz-Pignani. Le Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), qui, en début d’année, a transformé EPER et PPP en deux fondations, a ainsi refusé de lier cette finalité à la nomination ponctuelle d’un nouveau responsable de PPP, qui devrait d’ailleurs intervenir durant l’été. Questions en suspensPas de précipitation donc, et c’est tant mieux parce que plusieurs écueils se dressent encore sur le chemin. D’abord, que faire du Département missionnaire (DM) ? « L’assemblée des délégués de la FEPS a créé une table ronde qui devrait aboutir à la création d’un pôle missionnaire suisse », explique Théo Buss. Donc, pour l’heure, PPP et EPER discuteront de leur côté. Charge au DM de s’entendre avec Mission 21. Ce qui n’est pas évident puisqu’il existe d’importantes différences entre les deux : « Mission 21 fonctionne par projets de manière indépendante. Le DM dépend des Eglises qui lui ont délégué leurs tâches de mission extérieure », détaille l’attaché de presse du DM, Bertrand Cartier. De plus, en Suisse romande, DM, EPER et PPP sont regroupés au sein du ministère Terre Nouvelle, leur lien direct avec les paroisses, et éditent un magazine éponyme commun. D’autre part, on sait que la mission moderne prend souvent des allures de coopération. Il ne sera donc difficile d’expliquer que ce qui était réuni hier sera dissocié demain.
Malgré son désir de voir les choses avancer, Théo Buss nourrit une autre crainte, celle de voir les réformés renoncer à la politique de développement. « Si le gros, c’est à dire l’EPER, absorbe le petit PPP, nous courons le danger d'abandonner le domaine qui ne fait pas partie du mandat de l’EPER, mais pour lequel PPP est très présent au niveau fédéral. Si nous devenions complémentaires au sein d’une structure unifiée, il faudrait absolument que la politique de développement, qui s’attaque aux structures des déséquilibres nord-sud, soit conservée ». Bref, il faut continuer à apporter de l’aide aux populations qui en ont besoin sans omettre de changer les choses chez nous pour qu’elles changent chez eux.
A priori, l’idée n’a rien de saugrenu. « Dans le monde réformé de ce côté-ci de la Sarine, en tout cas, il n’y a pas la place pour trois oeuvres distinctes », note le secrétaire romand de PPP Théo Buss, qui fait également allusion au Département missionnaire (DM), pendant francophone de la Mission 21 alémanique. Sa collègue de l’EPER Corinne Henchoz-Pignani reconnaît pour sa part qu’un rapprochement structurel « coûterait moins cher en frais administratifs et aurait le mérite de la clarté pour les donateurs ». La question du soutien des Eglises à leurs Œuvres d’entraide est d’ailleurs à l’ordre du jour dans le canton de Vaud, comme à Genève et à Neuchâtel. Le Synode de ce dernier a même demandé à son exécutif de « soutenir les démarches entreprises au plan suisse en vue d’une fusion entre ces organismes de mission et d’entraide ». "On constate que les paroisses ont de plus en plus de mal à remplir leurs obligations vis à vis des Œuvres d’entraide », indique la co-responsable du Département cantonal diaconie et entraide, Jacqueline Lavoyer. Pour beaucoup d’observateurs, le fidèle a du mal à s’y retrouver et il faut lui simplifier la tâche. Un premier échec difficilement digéréMais voilà, en 2002, une première tentative s’était soldée par un échec malgré un long et épuisant travail préparatoire. Pour Théo Buss, la principale raison de ce blocage avait été financière : « Nous nous sommes rendu compte qu’une fusion nous ferait perdre une campagne de récolte de fonds annuelle. D’après nos calculs, c’était un manque à gagner de près de 7 millions de francs suisses ».
Pour pallier ce problème, on se dirigerait aujourd’hui vers une solution qui permettrait de conserver le nom de chaque entité. « Le principe de nouvelles décisions est acquis. Mais aucun calendrier ne nous a été imposé. Nous ne sommes pas mis sous pression », précise Corinne Henchoz-Pignani. Le Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), qui, en début d’année, a transformé EPER et PPP en deux fondations, a ainsi refusé de lier cette finalité à la nomination ponctuelle d’un nouveau responsable de PPP, qui devrait d’ailleurs intervenir durant l’été. Questions en suspensPas de précipitation donc, et c’est tant mieux parce que plusieurs écueils se dressent encore sur le chemin. D’abord, que faire du Département missionnaire (DM) ? « L’assemblée des délégués de la FEPS a créé une table ronde qui devrait aboutir à la création d’un pôle missionnaire suisse », explique Théo Buss. Donc, pour l’heure, PPP et EPER discuteront de leur côté. Charge au DM de s’entendre avec Mission 21. Ce qui n’est pas évident puisqu’il existe d’importantes différences entre les deux : « Mission 21 fonctionne par projets de manière indépendante. Le DM dépend des Eglises qui lui ont délégué leurs tâches de mission extérieure », détaille l’attaché de presse du DM, Bertrand Cartier. De plus, en Suisse romande, DM, EPER et PPP sont regroupés au sein du ministère Terre Nouvelle, leur lien direct avec les paroisses, et éditent un magazine éponyme commun. D’autre part, on sait que la mission moderne prend souvent des allures de coopération. Il ne sera donc difficile d’expliquer que ce qui était réuni hier sera dissocié demain.
Malgré son désir de voir les choses avancer, Théo Buss nourrit une autre crainte, celle de voir les réformés renoncer à la politique de développement. « Si le gros, c’est à dire l’EPER, absorbe le petit PPP, nous courons le danger d'abandonner le domaine qui ne fait pas partie du mandat de l’EPER, mais pour lequel PPP est très présent au niveau fédéral. Si nous devenions complémentaires au sein d’une structure unifiée, il faudrait absolument que la politique de développement, qui s’attaque aux structures des déséquilibres nord-sud, soit conservée ». Bref, il faut continuer à apporter de l’aide aux populations qui en ont besoin sans omettre de changer les choses chez nous pour qu’elles changent chez eux.