Les jours du « saigneur » de l’Ouganda sont comptés
9 août 2004
Joseph Kony et son Armée de Résistance du Seigneur terrorisent l’Ouganda depuis seize ans
Tristement connu bien au-delà des frontières de son pays pour avoir enrôlé de force plus de 20’000 enfants dans son armée révolutionnaire, le « saigneur » de l’Ouganda a subi au cours de ces derniers mois une série de revers qui pourraient rapidement mettre un terme à ses ambitions belliqueuses. Le 13 juillet dernier, l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) subissait un revers important au Nord de l’Ouganda. Kenneth Banya, considéré comme le stratège du mouvement révolutionnaire, a été arrêté avec 135 combattants rebelles, alors qu’il menait une mission de reconnaissance.
Retranchés à l’arrière des lignes des troupes gouvernementales soudanaises qui ont longtemps armé la LRA, Joseph Kony et ses hommes sont aujourd’hui contraints de produire du charbon pour assurer leur survie. Cette reconversion confirmerait le lâchage logistique de la LRA par les autorités du Soudan.
Deux raisons expliquent le retrait de l’Armée de Résistance du Seigneur toujours plus au nord du Soudan. D’une part, les principales forces armées sud-soudanaises ont décidé ce printemps de s’engager dans la lutte contre la LRA. D’autre part, le ras-le-bol de la population du Nord de l’Ouganda, fief de Joseph Kony, n’a cessé de grandir.
En outre, une série de défections a laminé les effectifs de la LRA au cours des six derniers mois, suite à l’offre d’amnistie promise par le gouvernement ougandais aux déserteurs. La plus importante d’entre elles, en septembre 2003, a vu une centaine de rebelles déposer les armées et a permis la libération de 250 enfants. Une réponse à l’amnistie promise par Kampala aux déserteurs.
La récente arrestation de Kenneth Banya et les renseignements qu’il a fournis aux autorités ougandaises pourraient bien accélérer l’élimination de Joseph Kony et de son armée. Dans une interview consacrée le 25 juillet à un quotidien de Kampala, capitale ougandaise, Kenneth Banya s’est déclaré fatigué de ces années de combat et de fuite. « Je regrette d’avoir consacré les meilleures années de ma vie à cette cause aussi inutile que dévastatrice », a-t-il notamment indiqué.
Nsaba Buturo, ministre de l’information ougandais et porte-parole du gouvernement, a confirmé que l’évolution récente de la situation nourrit l’espoir d’un dénouement imminent de la «tragédie dans laquelle ce rebelle habité par les démons a plongé le Nord de l’Ouganda».Un Etat basé sur les dix commandementsA Kampala, personne ne croit plus depuis longtemps aux motivations religieuses de Joseph Kony. Bien que ce dernier ait promis l’instauration d’un Etat basé sur les dix commandements, son langage religieux n’était en réalité qu’un moyen démagogique pour obtenir les faveurs de l’importante majorité chrétienne du pays et manipuler ses adeptes. Mais les chrétiens ne sont pas dupes, les atrocités commises par Joseph Kony et son armée relèvent surtout de la folie meurtrière et démoniaque de ce dernier.
Au fil des ans, ce révolutionnaire a en effet enlevé plus de 20'000 enfants –les garçons pour en faire des soldats et les femmes pour en faire des esclaves sexuelles et des épouses pour ses combattants. Il promettait à ses soldats une protection contre les balles des ennemis, en les aspergeant d’une eau « magique ». Ceux qui tombaient au combat étaient punis pour avoir transgressé les vingt commandements de la LRA, adaptation des dix commandements bibliques.
On prête aussi à Joseph Kony d’avoir amputé une jambe aux personnes se déplaçant à vélo, pour éviter que ces derniers ne puissent alerter Kampala au sujet des mouvements des troupes de la LRA. Opérant en petites unités, son armée s’abattait sur des villageois pour tuer, violer, piller et emmener de force de nouvelles recrues. Cette guerre civile a fait au moins 100'000 morts et 1.2 millions de déplacés en dix-huit ans. Conflit Nord-SudSi l’Armée de Résistance du Seigneur a pu se développer, c’est surtout en raison de la concurrence politique entre le Nord et le Sud de l’Ouganda. En 1986, l’actuel président Yoweri Museveni, un militaire du Sud-Ouest, renversait un groupe de colonels du Nord du pays. En réaction, une guérisseuse du nom d’Alice Auma a alors levé une armée dans le nord de l’Ouganda, les Forces mobiles du Saint-Esprit, dans le but de reprendre le pouvoir. Joseph Kony a succédé à Alice Auma après l’exil de celle-ci en novembre 1987, et a rebaptisé son mouvement armé du nom d’Armée de Résistance du Seigneur. Dans le Nord du pays, le soutien est venu principalement d’anciens dirigeants politiques en mal de pouvoir à qui Joseph Kony promettait des responsabilités politiques locales.Dénouement imminentDans les rues de Kampala, dont se font l’écho les deux principaux quotidiens de la capitale ougandaise, il est question d’un dénouement imminent. Ces derniers mois, la population du Nord s’est montrée plus coopérative avec l’armée ougandaise, et au risque de leur vie, plusieurs hommes d’Eglise ont appelé les civils se désolidariser de la LRA. Et Les Eglises du reste du pays, appellent régulièrement leurs fidèles à prier pour Joseph Kony, pour les victimes du Nord du pays, pour une intervention divine et le rétablissement de la paix.
Jamais le gouvernement n’a cru pareillement en ses chances de crever cet abcès et de mettre fin à dix-huit de guérilla. Fin juillet, il a officiellement demandé au Soudan de lui livrer Joseph Kony. L’étau se resserre auteur du « saigneur » de l’Ouganda.
Retranchés à l’arrière des lignes des troupes gouvernementales soudanaises qui ont longtemps armé la LRA, Joseph Kony et ses hommes sont aujourd’hui contraints de produire du charbon pour assurer leur survie. Cette reconversion confirmerait le lâchage logistique de la LRA par les autorités du Soudan.
Deux raisons expliquent le retrait de l’Armée de Résistance du Seigneur toujours plus au nord du Soudan. D’une part, les principales forces armées sud-soudanaises ont décidé ce printemps de s’engager dans la lutte contre la LRA. D’autre part, le ras-le-bol de la population du Nord de l’Ouganda, fief de Joseph Kony, n’a cessé de grandir.
En outre, une série de défections a laminé les effectifs de la LRA au cours des six derniers mois, suite à l’offre d’amnistie promise par le gouvernement ougandais aux déserteurs. La plus importante d’entre elles, en septembre 2003, a vu une centaine de rebelles déposer les armées et a permis la libération de 250 enfants. Une réponse à l’amnistie promise par Kampala aux déserteurs.
La récente arrestation de Kenneth Banya et les renseignements qu’il a fournis aux autorités ougandaises pourraient bien accélérer l’élimination de Joseph Kony et de son armée. Dans une interview consacrée le 25 juillet à un quotidien de Kampala, capitale ougandaise, Kenneth Banya s’est déclaré fatigué de ces années de combat et de fuite. « Je regrette d’avoir consacré les meilleures années de ma vie à cette cause aussi inutile que dévastatrice », a-t-il notamment indiqué.
Nsaba Buturo, ministre de l’information ougandais et porte-parole du gouvernement, a confirmé que l’évolution récente de la situation nourrit l’espoir d’un dénouement imminent de la «tragédie dans laquelle ce rebelle habité par les démons a plongé le Nord de l’Ouganda».Un Etat basé sur les dix commandementsA Kampala, personne ne croit plus depuis longtemps aux motivations religieuses de Joseph Kony. Bien que ce dernier ait promis l’instauration d’un Etat basé sur les dix commandements, son langage religieux n’était en réalité qu’un moyen démagogique pour obtenir les faveurs de l’importante majorité chrétienne du pays et manipuler ses adeptes. Mais les chrétiens ne sont pas dupes, les atrocités commises par Joseph Kony et son armée relèvent surtout de la folie meurtrière et démoniaque de ce dernier.
Au fil des ans, ce révolutionnaire a en effet enlevé plus de 20'000 enfants –les garçons pour en faire des soldats et les femmes pour en faire des esclaves sexuelles et des épouses pour ses combattants. Il promettait à ses soldats une protection contre les balles des ennemis, en les aspergeant d’une eau « magique ». Ceux qui tombaient au combat étaient punis pour avoir transgressé les vingt commandements de la LRA, adaptation des dix commandements bibliques.
On prête aussi à Joseph Kony d’avoir amputé une jambe aux personnes se déplaçant à vélo, pour éviter que ces derniers ne puissent alerter Kampala au sujet des mouvements des troupes de la LRA. Opérant en petites unités, son armée s’abattait sur des villageois pour tuer, violer, piller et emmener de force de nouvelles recrues. Cette guerre civile a fait au moins 100'000 morts et 1.2 millions de déplacés en dix-huit ans. Conflit Nord-SudSi l’Armée de Résistance du Seigneur a pu se développer, c’est surtout en raison de la concurrence politique entre le Nord et le Sud de l’Ouganda. En 1986, l’actuel président Yoweri Museveni, un militaire du Sud-Ouest, renversait un groupe de colonels du Nord du pays. En réaction, une guérisseuse du nom d’Alice Auma a alors levé une armée dans le nord de l’Ouganda, les Forces mobiles du Saint-Esprit, dans le but de reprendre le pouvoir. Joseph Kony a succédé à Alice Auma après l’exil de celle-ci en novembre 1987, et a rebaptisé son mouvement armé du nom d’Armée de Résistance du Seigneur. Dans le Nord du pays, le soutien est venu principalement d’anciens dirigeants politiques en mal de pouvoir à qui Joseph Kony promettait des responsabilités politiques locales.Dénouement imminentDans les rues de Kampala, dont se font l’écho les deux principaux quotidiens de la capitale ougandaise, il est question d’un dénouement imminent. Ces derniers mois, la population du Nord s’est montrée plus coopérative avec l’armée ougandaise, et au risque de leur vie, plusieurs hommes d’Eglise ont appelé les civils se désolidariser de la LRA. Et Les Eglises du reste du pays, appellent régulièrement leurs fidèles à prier pour Joseph Kony, pour les victimes du Nord du pays, pour une intervention divine et le rétablissement de la paix.
Jamais le gouvernement n’a cru pareillement en ses chances de crever cet abcès et de mettre fin à dix-huit de guérilla. Fin juillet, il a officiellement demandé au Soudan de lui livrer Joseph Kony. L’étau se resserre auteur du « saigneur » de l’Ouganda.