Neuchâtel: l'Eglise accompagne ceux qui ont perdu un être cher

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Neuchâtel: l'Eglise accompagne ceux qui ont perdu un être cher

19 août 2004
Aux personnes qui ont perdu un proche, Pauline Pedroli, animatrice de l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN), propose un groupe d’accompagnement qui démarre à Cortaillod en septembre
Son objectif: offrir aux endeuillés un espace pour leur permettre de sortir de leur douloureux silence, les aider à reprendre pied dans la vie sociale, spirituelle et affective.« Les suites de deuil sont un passage fort de la vie, où l’Eglise a une présence et une parole à offrir ». Convaincue que cette mission correspond à un véritable besoin qu’elle a détecté sur le terrain, cette laïque, enseignante de formation engagée comme animatrice à plein temps dans la paroisse neuchâteloise du Joran, a mis sur pied un premier groupe d’accompagnement en 2003. L'expérience menée conjointement avec Gérard Berney, aumônier au Centre de soins palliatifs La Chrysalide à la Chaux-de-Fonds, s’est avérée concluante, ce qui l’a poussée à constituer un deuxième puis un troisième groupe pour assurer une présence chaleureuse et un lieu d’accueil protégé à ceux qui ont besoin d’un appui pour réapprendre à « entendre la fragile musique de la vie ».

« Le travail de deuil n’est pas une maladie dont il faut guérir, mais un cheminement qui fait partie de la vie, une période de très grande de vulnérabilité où l’on a tendance à se replier sur soi, à se recroqueviller dans sa douleur », remarque Pauline Pedroli. Qui précise que les groupes d’accompagnement sont toujours animés par un homme et une femme et régis par des règles très précises pour que chacun puisse commencer à se reconstruire dans un cadre protégé. Aucun jugement, quel qu’il soit, n’y est toléré. La part des chosesLes réunions s’échelonnent sur 4 mois, de septembre à décembre, à raison de trois heures par quinzaine. Une première rencontre permet à chacun de s’exprimer, de raconter l’histoire de l’absence qui l’affecte; on aborde ensuite les différentes étapes du deuil, on redonne place aux émotions et on cherche à analyser les conséquences du deuil dans sa vie. Et on apprend à prendre soin de soi. Puis, dans une cinquième rencontre, on aborde l’art de créer et de développer des nouveaux liens avant de s’attaquer à la taraudante question de la culpabilité et de la loyauté, pour terminer avec celle du pardon. Tout au long de ce cycle, on cherche à faire la part des choses. La dernière rencontre, intitulée « grandir intérieurement », permet d’envisager le sens qu’on peut donner à la perte qu’on vient de vivre, comment l’insérer dans sa propre histoire de vie.

Il faut préciser toutefois que le groupe n’accueille pas seulement des endeuillés de fraîche date, mais des participants confrontés à une mort déjà ancienne, mais marquante et qui leur pose problème. « Les histoires de famille sont souvent si compliquées, il est parfois utile de les démêler, de comprendre l’impact d’une mort, précise l’animatrice avant de poursuivre : « Tout deuil est difficile, ses étapes sont impossibles à mesurer dans le temps. Il n’y a pas un schéma standard pour tout le monde, pour aller de l’avant. Il est des étapes qu’on peine à aborder, qu’on a sautées, ou dont on a fait l’économie, et qui hypothèquent une véritable renaissance personnelle.