Economies : les Eglises vaudoises ne feront pas campagne
26 août 2004
Seule l’union leur donnerait une chance d’être entendue par le peuple
Mais parce que leurs intérêts divergent, réformés et catholiques ne devraient pas combattre ensemble la diminution annoncée de leurs subventions. Explications.Une tuile. Les Eglises vaudoises ne sont pas épargnées par les coupes budgétaires proposées par le Conseil d’Etat vaudois afin d’assainir les finances du canton (lire encadré). Catholiques et réformés voient ainsi leurs subventions rabotées de 3,1 millions. Un sacrifice d’autant plus douloureux qu’il adviendra dès l’année prochaine, ne laissant guère le temps aux deux institutions de se retourner.
Du côté protestant, visiblement, on tombe de haut. Début juillet, à peine la conférence de presse du gouvernement achevée, l’Eglise réformée vaudoise (EERV) se fendait-elle d’un communiqué irrité. Rédigé à la hâte, il regrettait l’absence de « toute concertation préalable » et regrettait vivement des « décisions unilatérales et mal fondées ». Le choc a été d’autant plus grand que depuis plusieurs mois, Eglises et représentants de l’Etat se rencontrent régulièrement pour négocier les modalités d’application des futurs jos_content légaux sur les religions. Licenciements en vueLes semaines ont passé, et la colère s’est apaisée. Reste une « profonde déception » quant à la manière, une « vive inquiétude » sur le fond, et un sentiment d’injustice. L’EERV se remet à peine du gros effort consenti pour la mise en place, en 2000, de sa restructuration. Baptisée Eglise à Venir (EAV), cette dernière constituait déjà une réponse à des objectifs d’économies exigés par l’Etat : diminution des charges de 9% avec disparition de près de la moitié des paroisses, 800'000 francs annuels à la trappe sur 3 exercices budgétaires, soit l’équivalent d’une quinzaine de postes en moins. « Aujourd’hui, on nous demande de renoncer à 1,8 million, ce qui représente 5% de notre budget de fonctionnement, précise Antoine Reymond, membre permanent du Conseil synodal, l’organe exécutif des protestants. Ce montant équivaut à une quinzaine de postes. Nous jouerons sur les départs à la retraite, mais il y aura risque de licenciements ». Cette perspective pourrait ne pas émouvoir en regard du nombre important d’emplois disparaissant un peu partout. Cependant, un pasteur ne se recycle pas facilement. Et pour l’heure, aucune mesure d’accompagnement n’est prévue par l’Etat pour les éventuels remerciés.
Il faudra attendre début octobre et le vote préalable du Grand Conseil pour que les Eglises sachent exactement ce qui les attend. « Pour l’heure, nous renforçons nos liens avec les partis présents au Parlement. A force de faire partie du paysage, on se sent un peu comme des ‘connus inconnus’. Il faut mieux expliquer la diversité de notre présence dans la société », note Antoine Reymond. Ne pas prendre le risque du désaveu populaireEt ensuite ? L’EERV tentera-t-elle de convaincre les contribuables de renoncer à cette nouvelle ponction ? « Cette décision appartiendra au Synode et pas au Conseil synodal, rappelle Antoine Reymond. De toute manière, il serait suicidaire de monter au créneau tous seuls, sans les catholiques ». De récents courriers parus dans 24 heures le montrent : le risque d’auto goal serait grand avec un débat qui se transformerait en remise en question du lien entre les Eglises et l’Etat.
La seule chance pour les Eglises de convaincre le peuple qu’elles ne peuvent renoncer à ces montants sans faillir à leur mission, serait de parler d’une seule voix, et de se présenter unies. Or, sauf retournement complet de situation, on peut affirmer qu’il n’en sera rien. La Fédération des paroisses catholiques n’a nullement l’intention de monter au créneau. « Aller devant le peuple pour demander un traitement de faveur pour les Eglises alors que tous les secteurs de l’Etat se serrent la ceinture serait absurde. C’est une question de réalisme politique », avertit Jean-Philippe Gogniat, secrétaire général de la Fédération des paroisses catholiques vaudoises. En clair, selon lui, aucun espoir de trouver une oreille compréhensive de la part des citoyens. Il reconnaît pourtant qu’avec 60 millions annuels, la subvention aux Eglises représente à peine 1,2% du budget cantonal, et n’a pas augmenté depuis longtemps. « Mais même délicates, nos situations financières n’ont rien de catastrophiques. Nous ne combattrons pas ce projet ».
Ainsi, si les Eglises ont trouvé jusqu’à maintenant un langage commun dans le cadre du chantier législatif de la nouvelle Constitution, il n’y aura pas d’union sacrée face à ce coup dur. A moins d’un coup de théâtre, elles ne prendront pas le risque d’un désaveu populaire. D’autant que, du côté catholique, il existe une autre raison de faire preuve de solidarité. Depuis plusieurs mois en effet, la Fédération a déposé une demande de modification d’imposition du salaire de ses prêtres. Obtenir gain de cause constitue pour elle une priorité qui vaudra bien un petit effort par ailleurs. Bien sûr, officiellement, « les deux objets ne sont pas liés, explique Jean-Philippe Gogniat. Simplement, avant de parler solidarité, nous demandons justice dans l’application de notre statut ». Bref, les réformés se retrouvent bien seuls.
Du côté protestant, visiblement, on tombe de haut. Début juillet, à peine la conférence de presse du gouvernement achevée, l’Eglise réformée vaudoise (EERV) se fendait-elle d’un communiqué irrité. Rédigé à la hâte, il regrettait l’absence de « toute concertation préalable » et regrettait vivement des « décisions unilatérales et mal fondées ». Le choc a été d’autant plus grand que depuis plusieurs mois, Eglises et représentants de l’Etat se rencontrent régulièrement pour négocier les modalités d’application des futurs jos_content légaux sur les religions. Licenciements en vueLes semaines ont passé, et la colère s’est apaisée. Reste une « profonde déception » quant à la manière, une « vive inquiétude » sur le fond, et un sentiment d’injustice. L’EERV se remet à peine du gros effort consenti pour la mise en place, en 2000, de sa restructuration. Baptisée Eglise à Venir (EAV), cette dernière constituait déjà une réponse à des objectifs d’économies exigés par l’Etat : diminution des charges de 9% avec disparition de près de la moitié des paroisses, 800'000 francs annuels à la trappe sur 3 exercices budgétaires, soit l’équivalent d’une quinzaine de postes en moins. « Aujourd’hui, on nous demande de renoncer à 1,8 million, ce qui représente 5% de notre budget de fonctionnement, précise Antoine Reymond, membre permanent du Conseil synodal, l’organe exécutif des protestants. Ce montant équivaut à une quinzaine de postes. Nous jouerons sur les départs à la retraite, mais il y aura risque de licenciements ». Cette perspective pourrait ne pas émouvoir en regard du nombre important d’emplois disparaissant un peu partout. Cependant, un pasteur ne se recycle pas facilement. Et pour l’heure, aucune mesure d’accompagnement n’est prévue par l’Etat pour les éventuels remerciés.
Il faudra attendre début octobre et le vote préalable du Grand Conseil pour que les Eglises sachent exactement ce qui les attend. « Pour l’heure, nous renforçons nos liens avec les partis présents au Parlement. A force de faire partie du paysage, on se sent un peu comme des ‘connus inconnus’. Il faut mieux expliquer la diversité de notre présence dans la société », note Antoine Reymond. Ne pas prendre le risque du désaveu populaireEt ensuite ? L’EERV tentera-t-elle de convaincre les contribuables de renoncer à cette nouvelle ponction ? « Cette décision appartiendra au Synode et pas au Conseil synodal, rappelle Antoine Reymond. De toute manière, il serait suicidaire de monter au créneau tous seuls, sans les catholiques ». De récents courriers parus dans 24 heures le montrent : le risque d’auto goal serait grand avec un débat qui se transformerait en remise en question du lien entre les Eglises et l’Etat.
La seule chance pour les Eglises de convaincre le peuple qu’elles ne peuvent renoncer à ces montants sans faillir à leur mission, serait de parler d’une seule voix, et de se présenter unies. Or, sauf retournement complet de situation, on peut affirmer qu’il n’en sera rien. La Fédération des paroisses catholiques n’a nullement l’intention de monter au créneau. « Aller devant le peuple pour demander un traitement de faveur pour les Eglises alors que tous les secteurs de l’Etat se serrent la ceinture serait absurde. C’est une question de réalisme politique », avertit Jean-Philippe Gogniat, secrétaire général de la Fédération des paroisses catholiques vaudoises. En clair, selon lui, aucun espoir de trouver une oreille compréhensive de la part des citoyens. Il reconnaît pourtant qu’avec 60 millions annuels, la subvention aux Eglises représente à peine 1,2% du budget cantonal, et n’a pas augmenté depuis longtemps. « Mais même délicates, nos situations financières n’ont rien de catastrophiques. Nous ne combattrons pas ce projet ».
Ainsi, si les Eglises ont trouvé jusqu’à maintenant un langage commun dans le cadre du chantier législatif de la nouvelle Constitution, il n’y aura pas d’union sacrée face à ce coup dur. A moins d’un coup de théâtre, elles ne prendront pas le risque d’un désaveu populaire. D’autant que, du côté catholique, il existe une autre raison de faire preuve de solidarité. Depuis plusieurs mois en effet, la Fédération a déposé une demande de modification d’imposition du salaire de ses prêtres. Obtenir gain de cause constitue pour elle une priorité qui vaudra bien un petit effort par ailleurs. Bien sûr, officiellement, « les deux objets ne sont pas liés, explique Jean-Philippe Gogniat. Simplement, avant de parler solidarité, nous demandons justice dans l’application de notre statut ». Bref, les réformés se retrouvent bien seuls.