De Neuchâtel à Bethléem
3 septembre 2004
A peine licencié en herméneutique, un étudiant neuchâtelois est parti onze mois au Proche-Orient, en plein territoires occupés, pour travailler au sein des Unions chrétiennes locales
Sur place, il a contribué au succès de l’action « Des oliviers pour la paix ». Rencontre. A 26 ans, licence d’herméneutique religieuse en poche, Sébastien Fornerod est parti onze mois en Cisjordanie. A Bethléem, plus exactement, dans le cadre d’un échange entre HorYzon – la branche internationale des Unions chrétiennes suisses - et leur homologue sur place, les YMCA d’East Jerusalem. « Durant mes études, je m’étais intéressé à la manière dont les premiers ministres israéliens successifs évoquaient la problématique du territoire national. J’ai eu envie de confronter la théorie à la réalité », explique avec simplicité ce Neuchâtelois.
Ainsi, d’août 2003 à juillet dernier, le jeune homme a participé à deux actions initiées par le réseau mondial des Unions chrétiennes. La plus connue d’entre elles consiste, grâce à des dons recueillis en Occident, à replanter des oliviers là où ils ont été arrachés en raison de l’extension des colonies israéliennes. Près de 7'000 arbres ont déjà été plantés ces trois dernières années. « A terme, le but serait d’atteindre le chiffre de 50'000, souligne Sébastien Fornerod. C’est une action qui marche bien, à la fois pacifique et significative de résistance à la colonisation. Une sorte de pari sur l’avenir avec pour symbole un arbre qui peut vivre un millénaire ».
Grâce aux nouvelles récoltes possibles, de nombreux Palestiniens retrouvent une source de revenus. « C’est aussi un moyen de redonner de l’espoir ». Aller au bout de cette volonté aboutit à la commercialisation de plusieurs produits dérivés via les magasins des Unions mondiales. « Cet aspect-là s’avère plus compliqué à mettre en place, notamment en raison de la forte concurrence dans le domaine du commerce équitable ». Etre entendu pour existerAvec le recul, Sébastien Fornerod se souvient de ses premières surprises lors de son arrivée à Bethléem, cité qui abrite tant de lieux célèbres du christianisme, de la Basilique de la Nativité à la grotte où Jérôme aurait traduit la Vulgate. «Comme beaucoup d’Européens qui suivent de loin ce qui se passe au Proche-Orient, j’avais peur de prendre le bus ou d’aller dans des magasins. En fait, les bombes explosent en Israël, pas dans les territoires occupés ». En revanche, il apprend vite à se méfier des quelque quatre cents "check points" qui quadrillent les environs. « Il y en a dans pratiquement chaque carrefour, et c’est souvent dangereux. Il faut bien observer, savoir détecter quand la tension monte ».
Avec Ramallah, Bethléem fait partie des endroits qui regroupent encore une importante minorité chrétienne (lire encadré), descendante des premières communautés. « L’une de mes volontés était également de contribuer à renforcer le réseau de la vingtaine d’organisations chrétiennes locales, explique le jeune homme. « L’objectif est en passe d’être atteint. Espérons que cela aidera à la prise de conscience qu’un Palestinien n’est pas forcément musulman ».
Ce séjour a convaincu Sébastien Fornerod qu’une forte présence internationale reste indispensable dans les territoires occupés. « Nous avons clairement observé la différence d’attitude de l’armée en présence ou en absence d’Occidentaux ». Sans illusion sur la portée globale de son travail face à l’incessante dégradation du conflit, le Neuchâtelois espère au moins avoir apporté son savoir-faire. « Etre présent au milieu des Palestiniens, les écouter et parler avec eux constituent déjà des signes de solidarité qui leur permettent d’avoir le sentiment d'être entendus, d’exister. Témoigner de leur réalité une fois rentrés chez soi constitue d’ailleurs une injonction permanente dans leur bouche ».
Ainsi, d’août 2003 à juillet dernier, le jeune homme a participé à deux actions initiées par le réseau mondial des Unions chrétiennes. La plus connue d’entre elles consiste, grâce à des dons recueillis en Occident, à replanter des oliviers là où ils ont été arrachés en raison de l’extension des colonies israéliennes. Près de 7'000 arbres ont déjà été plantés ces trois dernières années. « A terme, le but serait d’atteindre le chiffre de 50'000, souligne Sébastien Fornerod. C’est une action qui marche bien, à la fois pacifique et significative de résistance à la colonisation. Une sorte de pari sur l’avenir avec pour symbole un arbre qui peut vivre un millénaire ».
Grâce aux nouvelles récoltes possibles, de nombreux Palestiniens retrouvent une source de revenus. « C’est aussi un moyen de redonner de l’espoir ». Aller au bout de cette volonté aboutit à la commercialisation de plusieurs produits dérivés via les magasins des Unions mondiales. « Cet aspect-là s’avère plus compliqué à mettre en place, notamment en raison de la forte concurrence dans le domaine du commerce équitable ». Etre entendu pour existerAvec le recul, Sébastien Fornerod se souvient de ses premières surprises lors de son arrivée à Bethléem, cité qui abrite tant de lieux célèbres du christianisme, de la Basilique de la Nativité à la grotte où Jérôme aurait traduit la Vulgate. «Comme beaucoup d’Européens qui suivent de loin ce qui se passe au Proche-Orient, j’avais peur de prendre le bus ou d’aller dans des magasins. En fait, les bombes explosent en Israël, pas dans les territoires occupés ». En revanche, il apprend vite à se méfier des quelque quatre cents "check points" qui quadrillent les environs. « Il y en a dans pratiquement chaque carrefour, et c’est souvent dangereux. Il faut bien observer, savoir détecter quand la tension monte ».
Avec Ramallah, Bethléem fait partie des endroits qui regroupent encore une importante minorité chrétienne (lire encadré), descendante des premières communautés. « L’une de mes volontés était également de contribuer à renforcer le réseau de la vingtaine d’organisations chrétiennes locales, explique le jeune homme. « L’objectif est en passe d’être atteint. Espérons que cela aidera à la prise de conscience qu’un Palestinien n’est pas forcément musulman ».
Ce séjour a convaincu Sébastien Fornerod qu’une forte présence internationale reste indispensable dans les territoires occupés. « Nous avons clairement observé la différence d’attitude de l’armée en présence ou en absence d’Occidentaux ». Sans illusion sur la portée globale de son travail face à l’incessante dégradation du conflit, le Neuchâtelois espère au moins avoir apporté son savoir-faire. « Etre présent au milieu des Palestiniens, les écouter et parler avec eux constituent déjà des signes de solidarité qui leur permettent d’avoir le sentiment d'être entendus, d’exister. Témoigner de leur réalité une fois rentrés chez soi constitue d’ailleurs une injonction permanente dans leur bouche ».