Asile : Les Eglises vaudoises ne se mettront pas hors-la-loi

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Asile : Les Eglises vaudoises ne se mettront pas hors-la-loi

4 septembre 2004
Le gouvernement cantonal a confirmé que les 523 requérants déboutés devaient partir
Pour l’heure, pas de résistance officielle de la part des Eglises. Alors que le délai de renvoi a été prolongé jusqu’au 12 septembre, au refuge de Malley, la diacre Nicole Schneider s’active.Assurer une présence, manifester sa solidarité. Vendredi soir dernier, les Eglises réformée et catholique vaudoises ont décidé de ne pas entrer en résistance institutionnelle. « Nous continuerons à accueillir la Maison des migrations dans les locaux de la paroisse du sud-ouest, mais pour l’heure il n’y aura pas de nouvelle prise de position officielle », confirme le conseiller synodal en charge du dossier Patrick Felberbaum.

La veille, le gouvernement a confirmé le renvoi des 523 requérants déboutés. Vaud n’a d’autre choix que « d’exécuter les décisions de Berne », a expliqué l’UDC Jean-Claude Mermoud lors d’une conférence de presse à haute tension. Attendue, cette fermeté désole les associations et les personnes engagées pour la défense des requérants concernés. Dans la maison paroissiale de Malley, la diacre Nicole Schneider reste sur le front. « L’avenir ? Il ne nous appartient pas. La paroisse a toujours dit qu’elle offrait ses lieux de manière provisoire. Nous sommes simplement heureux de le faire ».

Au moins le délai de dix jours donné par l’Exécutif va-t-il permettre de souffler un peu. D’organiser la grande manifestation prévue. D’intensifier la récolte de signatures de soutien. Pour des raisons évidentes, ce qui est devenu le refuge de Malley est loin de faire le plein. Une famille et un jeune homme y vivent. « Elle sert plutôt de lieu de consultation, de réunion pour la Coordination asile, elle est un point de rencontre ». On le sait, la plupart des requérants se cache pour éviter une expulsion forcée. Certains fidèles approuvent, d’autres moinsEn attendant, comment réagissent les fidèles ? Nicole Schneider : « La décision a été prise très vite, entre deux téléphones. L’ensemble du Conseil paroissial ne s’est prononcé que plus tard en faveur de cette permanence d’urgence ». Parmi les fidèles, certains apportent une aide concrète, des victuailles, des boissons, une présence. « On m’a signalé que vous aviez besoin d’eau, je vous ai acheté six bouteilles », glisse en coup de vent cette voisine. La faible fréquentation du dernier culte d’août a cependant montré que tout le monde n’approuvait pas cette action. « Bien sûr, une partie des gens est mécontente, reconnaît la diacre. Nous sommes une Eglise multitudiniste et c’est normal. Nous devons simplement veiller à ne pas rejeter ceux qui pensent autrement ». Faudrait-il organiser une rencontre avec ces derniers ? « Je n’y crois pas trop ».

Lors de son assemblée ordinaire, le Synode de l’Eglise réformée vaudoise (EERV) avait apporté « un appui bienvenu ». Le Conseil synodal protestant et le vicariat catholique avaient ensuite appuyé la résolution du Grand Conseil demandant que certaines personnes soient considérées comme non refoulables. Que vont-elles faire maintenant que le Conseil d’Etat a maintenu sa position ? Pour l’instant, pas de résistance. Mais les Eglises n’empêcheront pas non plus certains de leurs membres, à l’instar de la pasteure Hélène Küng, à « ne pas abandonner ces gens ». Nicole Schneider rappelle que « l’Eglise réformée n’est pas hiérarchique. Symboliquement fort, un tel engagement de l’institution laisserait de toute manière les paroisses libres de leur choix ». Pour sa part, Patrick Felberbaum estime qu’un « désaveu officiel n’aurait de réelle portée que s’il était décidé par le Synode ».

Sur le terrain, en attendant l’échéance fatidique du 12 septembre, Nicole Schneider apportera ce qu’elle peut. « Dieu est le Dieu de la vie, qui tient d’abord compte des gens avant de respecter les lois », sourit-elle un peu tristement.