Rassemblant notamment des travaux de l’Institut d’éthique sociale de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), cet ouvrage faisait le point sur la juste attitude chrétienne face aux drames provoqués par le rejet définitif de certaines demandes d’asile. En clair : les chrétiens doivent-ils se mettre en marge de la légalité pour aider les requérants à retrouver une vie décente ? « Il existe indéniablement des situations où les décisions administratives de l’Etat de droit aboutissent à l’intolérable, explique l’un des auteurs, le professeur de théologie systématique Pierre Bühler. L’Eglise peut, et à mon sens doit, alors intervenir pour rappeler à l’Etat les principes qui devraient le fonder ». L’éthique chrétienne rappelle en effet que le respect dû à l’Etat ne constitue pas un absolu. « La dignité de la personne est une valeur supérieure aux respects des règles voulues par le politique », souligne Pierre Bühler.

Cette idée est celle de la désobéissance civile : on commet un acte illégal mais considéré comme légitime face à une ordonnance perçue comme inique. « Il y a un peu plus d’une décennie, les autorités ecclésiales suisses étaient beaucoup plus agressives dans leurs prises de position au sujet de l’asile, note encore Pierre Bühler. Ces dernières années, le soutien officiel n’est plus aussi clair. En revanche, en leur nom propre, de nombreux ministres continuent de s’engager, par exemple en hébergeant des clandestins ».