L’Eglise réformée Berne-Jura dessine son avenir

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L’Eglise réformée Berne-Jura dessine son avenir

22 octobre 2004
Jeudi dernier à Moutier, l’Eglise réformée Berne-Jura a présenté le bilan d’un long processus de réflexion sur sa mission et ses structures
Deux mots d’ordre : une collaboration accrue entre les paroisses et un retour aux tâches pastorales de base. Perspectives. Quel visage aura l’Eglise réformée Berne-Jura demain ? Parvenues au terme d’un long processus baptisé « ReformAction », les quelque 33 paroisses du canton du Jura et de la partie francophone de Bienne et du Jura bernois commencent à pouvoir esquisser une vision d’avenir.

En 1999, le Synode d’arrondissement décidait d’engager une vaste réflexion concernant les missions et les structures d’une Eglise confrontée comme ses homologues à une baisse de fréquentation et des ressources. A l’heure du bilan, premier constat : si la volonté de départ consistait à « donner la parole aux gens de la base et aux personnes en marge », force est de constater que l’écho rencontré ne répondit pas aux attentes. « Le processus s’est voulu mobilisateur du peuple de l’Eglise. Or il faut admettre que la majorité silencieuse est restée fidèle à elle-même », reconnaît Lucien Boder, pasteur et coordinateur de « ReformAction ». Les initiateurs du projet en concluent qu’au fond « l’avenir des structures ecclésiales inquiète les ministres, mais ne passionne pas les gens », selon les termes de Philippe Kneubühler, directeur du Centre de Sornetan et membre de l’équipe.

Regrouper les activités annexes

Interprété comme une adhésion, même discrète, à l’organisation actuelle, ce relatif désintérêt populaire ne mènera donc pas à un chamboulement majeur. Plus marquée qu’ailleurs, la structure presbytérienne – qui laisse l’essentiel du pouvoir et des moyens financiers aux paroisses - ne se voit pas remise en question.

En revanche, il s’agit de se diriger vers une « région paroissiale », soit un renforcement de la collaboration entre les 33 structures locales actuelles. Le constat de ReformAction est que la population demeure attachée aux missions de base du pasteur : prédication, sacrements, catéchèse et visites. A l’opposé , la multiplicité des petites initiatives ne semble pas toujours répondre à un besoin ou en tout cas rencontrer le succès escompté. Pour retrouver une « Eglise disponible pour les autres et non pour elle-même, il conviendrait de décharger le pasteur de paroisse de ces tâches annexes pour le recentrer sur son terrain d’action traditionnel avec une qualité et une disponibilité accrues », précise encore Philippe Kneubühler.

Bref, la principale proposition issue de ReformAction consiste à privilégier l’aspect qualitatif au détriment du quantitatif. « Par exemple, une partie des lectures bibliques pourraient fort bien être regroupées à Sornetan, qui deviendrait également un pôle de compétence pour le catéchisme et la formation d’adultes », détaille Lucien Boder. De même, c’est autour du Centre social protestant (CSP) que graviteraient les activités touchant au social et à la solidarité envers les étrangers ou les démunis. A terme, ce niveau « supraparoissial » pourrait se voir renforcé par l’engagement de laïcs aux compétences ciblées.

Le Synode d’arrondissement consacrera un après-midi à débattre de ce rapport lors de sa prochaine séance du 13 novembre. D’ores et déjà, Philippe Nicolet, président du Conseil du Synode jurassien (CSJ), lui réserve un accueil plutôt favorable. Selon cet aumônier pénitentiaire, le premier mérite visible de ces quatre années de débat aura été de « convaincre les paroisses de dépasser leurs particularismes pour mieux travailler en commun ». De fait, une douzaine d’entre elles sont déjà engagées dans des rapprochements, notamment au niveau des cultes et des offres touchant la jeunesse. La métaphore choisie pour illustrer le processus ReformAction fut celle du film aux multiples scènes. Si les acteurs ont quelque peu fait défaut, il faudra attendre pour découvrir si cela se terminera effectivement par un happy end.