Le 15 avril prochain, Genève aura enfin son Musée de la Réforme

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Le 15 avril prochain, Genève aura enfin son Musée de la Réforme

2 novembre 2004
Le Mur des Réformateurs, la cathédrale Saint-Pierre : jusqu’alors, les pérégrinations des touristes dans la cité de Calvin tournaient court
L’ouverture en avril prochain du Musée International de la Réforme viendra combler un manque. Sa direction a été confiée à la pasteure Isabelle Graesslé qui a expliqué lors de la conférence de mardi 2 novembre comment elle compte rendre l’histoire vivante et à la portée de tous.

L’ouverture le 15 avril prochain du Musée international de la Réforme dans la prestigieuse Maison Mallet construite au 18e siècle sur l’emplacement du cloître de Saint-Pierre où fut votée la Réforme en 1536, constitue un événement pour Genève, haut lieu de la foi réformée. « Nous voulons en faire un lieu de mémoire et de transmission de la culture et de la foi protestantes tourné vers l’avenir, résume Isabelle Graesslé, ancienne modératrice de la Compagnie des pasteurs de l’Eglise protestante de Genève, qui a pris la direction du musée. Il s’agira pour la directrice fraîchement nommée par le Conseil de Fondation du Musée, de rester fidèle à la fois à l’histoire et aux positions théologiques de la Réforme née de la protestation de Luther en 1517 et reprise par Calvin en 1536 ; de réactualiser et de réinterpréter la pensée protestante pour initier une réflexion sur le religieux dans la société actuelle, tiraillée entre désenchantement et recherche de sens.

En projet, toutes sortes d’animations et d’activités destinées à faire mémoire des textes, des doctrines, des personnalités, mais surtout à faire découvrir la modernité d’une idée comme la prédestination de Calvin. Au programme, une nuit de la poésie protestante, des conférences, des expositions thématiques qui permettront de reprendre les « slogans » du protestantisme, d’étudier les filiations imaginaires ou réelles entre le protestantisme et d’autres courants religieux, mais aussi d’analyser avec humour les clichés qui collent à la peau des protestants. C’est dans cet esprit que le comédien Bernard Haller a été invité le 16 avril prochain, lors des festivités d’inauguration, à monter en chaire à la cathédrale Saint-Pierre pour interpréter in situ sa parodie d’une prédication protestante.

Banquet théologique et guerres de religion

Dans l’une des salles sera reconstitué un banquet théologique virtuel présidé par Calvin. Les assiettes des convives « parleront » et évoqueront les prises de position - et de bec - des théologiens sur le thème de la prédestination. Par ailleurs un cabinet de musique invitera le visiteur à prendre place sur des bancs d’église et à écouter des psaumes huguenots, des chorals luthériens, des chants contemporains des Eglises réformées du Sud. Une salle sera consacrée à la Bible dans laquelle les Réformateurs ont puisé leur principal message, à savoir que le salut est offert à tout le monde.

Au travers d’une collection prestigieuse de livres et de gravures du 16e siècle, patiemment réunie et offerte par Jean-Paul Barbier Mueller, sera retracée l’expansion de la Réforme calviniste en France mais aussi les persécutions et les guerres dont les Huguenots ont été les victimes. Une salle sera dédiée aux caricatures polémiques entre partisans de l’ancienne foi regroupés autour du pape et des adeptes de la nouvelle foi.

La figure de Michel Servet, que Calvin condamna au bûcher, sera évoquée dans la montée d’un escalier ! Enfin, au café du Musée seront exposés quelque 400 objets provenant des Eglises réformées du monde entier. Les visiteurs pourront également se relier à un site Internet qui leur permettra de consulter la liste des noms des réfugiés huguenots ayant fui la France après la Révocation de l’Edit de Nantes. Chacun pourra y vérifier s’il a des ascendances huguenotes.

Coût du musée : 5,1 millions de francs assurés entièrement par des privés, mais il manque encore 500'000 francs, que se chargera de trouver AMIDUMIR, l'Association des Amis du Musée.