Le théologien français Christian Grappe à l'Université de Lausanne : La création de l'homme et ses diverses interprétations
11 novembre 2004
Intervenant dans le cadre du colloque de l’Institut romand des sciences bibliques, le théologien français Christian Grappe s’est arrêté sur les multiples occurrences bibliques, parfois contradictoires, du célèbre verset de la naissance de l’homme
« L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant ». Parmi les passages charnières de la Bible, ce célèbre verset de Genèse 2,7 figure en bonne place. « Peu de textes sont à l’origine d’une aussi grande variété d’interprétations et de transpositions », a expliqué Christian Grappe à Dorigny. Professeur à Strasbourg, le théologien dispense un cours ce semestre à l’Université de Lausanne. Il intervenait ici dans le cadre du colloque de l’Institut romand des sciences bibliques.
Véritable récit à lui tout seul, ce verset semble ouvrir des perspectives infinies aux auteurs bibliques, si bien que l’on ne peut parler d’une simple citation répétée dans son cas. « Nous ne sommes pas dans le contexte d’un sens fixé une fois pour toute que l’on reprend, mais d’une constante relecture ». Cette dernière prend plusieurs formes. Celle de la Création, d’abord, où le souffle devient esprit de vie donné par Dieu, par distinction avec la dimension charnelle et humaine. Philon d’Alexandrie écrit notamment : « Aussi y a-t-il deux sortes d’hommes, ceux qui existent par le souffle divin (…) et ceux qui vivent par le sang et par le plaisir de la chair ». Le refus du retour au néantAutre contexte où l’on retrouve Genèse 2,7 : celui de la résurrection. Etonnant puisque le passage de Genèse 3,19 semble exclure ce développement avec le célèbre « puisque tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». L’homme tiré de la terre (« adama ») est appelé à y retourner. « Mais cette logique du retour au néant a été ignorée par certains milieux », explique Christian Grappe. C’est ainsi que, selon lui, on retrouve l’anthropologie de ce verset en plusieurs endroits comme par exemple dans Ezéchiel 37, 10 : « Je prophétisai, selon l'ordre qu'il m'avait donné. Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds: c'était une armée nombreuse, très nombreuse ».
Troisième perspective, celle d’une nouvelle naissance. C’est l’idée que d’une recréation où ce qui arrivera à la fin des temps ressemblera aux événements des origines. « La résurrection de Jésus arrachera l’homme à sa condition d’animal. Esprit vivificateur, le Christ est le nouvel Adam : la nouvelle création qu’il inaugure est puissance de vie indestructible ».
Ainsi, conclut Christian Grappe, Genèse 2,7 peut être comme un « ‘hypotexte’ servant de point de départ et de support à des relectures qui se configurent à des degrés divers au texte-source, n’hésitent pas à le placer dans de nouveaux cadres et à finalement le transfigurer en l’interprétant en termes de nouvelle naissance ».
Véritable récit à lui tout seul, ce verset semble ouvrir des perspectives infinies aux auteurs bibliques, si bien que l’on ne peut parler d’une simple citation répétée dans son cas. « Nous ne sommes pas dans le contexte d’un sens fixé une fois pour toute que l’on reprend, mais d’une constante relecture ». Cette dernière prend plusieurs formes. Celle de la Création, d’abord, où le souffle devient esprit de vie donné par Dieu, par distinction avec la dimension charnelle et humaine. Philon d’Alexandrie écrit notamment : « Aussi y a-t-il deux sortes d’hommes, ceux qui existent par le souffle divin (…) et ceux qui vivent par le sang et par le plaisir de la chair ». Le refus du retour au néantAutre contexte où l’on retrouve Genèse 2,7 : celui de la résurrection. Etonnant puisque le passage de Genèse 3,19 semble exclure ce développement avec le célèbre « puisque tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». L’homme tiré de la terre (« adama ») est appelé à y retourner. « Mais cette logique du retour au néant a été ignorée par certains milieux », explique Christian Grappe. C’est ainsi que, selon lui, on retrouve l’anthropologie de ce verset en plusieurs endroits comme par exemple dans Ezéchiel 37, 10 : « Je prophétisai, selon l'ordre qu'il m'avait donné. Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds: c'était une armée nombreuse, très nombreuse ».
Troisième perspective, celle d’une nouvelle naissance. C’est l’idée que d’une recréation où ce qui arrivera à la fin des temps ressemblera aux événements des origines. « La résurrection de Jésus arrachera l’homme à sa condition d’animal. Esprit vivificateur, le Christ est le nouvel Adam : la nouvelle création qu’il inaugure est puissance de vie indestructible ».
Ainsi, conclut Christian Grappe, Genèse 2,7 peut être comme un « ‘hypotexte’ servant de point de départ et de support à des relectures qui se configurent à des degrés divers au texte-source, n’hésitent pas à le placer dans de nouveaux cadres et à finalement le transfigurer en l’interprétant en termes de nouvelle naissance ».