Vaud: Touche pas à ma paroisse !

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Vaud: Touche pas à ma paroisse !

18 novembre 2004
Alors que l’Eglise réformée cantonale doit réfléchir à la prochaine disparition d’une quinzaine de postes, une pétition demande de ne plus toucher aux forces paroissiales
Parmi les solutions d’avenir, on évoque des synergies avec certains services catholiques. Eclairages. Les Eglises attendent toujours des directives claires de la part de l’Etat de Vaud. Depuis l’annulation par le Tribunal fédéral de la votation populaire censée entériner ou annuler l’économie de 2,3 millions demandée aux deux institutions, nul ne sait exactement sur quel pied danser. Contraintes de faire preuve d’imagination, les Eglises supputent que le gouvernement vaudois va confirmer les mesures annoncées sous forme de décret. L’Eglise réformée vaudoise (EERV), en tout cas, préfère devancer la mauvaise nouvelle : « Nous avons élaboré un budget tenant compte de cette diminution de moyens », précise le membre permanent du Conseil synodal Antoine Reymond.

A plus long terme, l’EERV doit aussi composer avec une suppression de postes, sans doute entre 15 et 18, selon les estimations actuelles. « Nous essayons d’éviter tout licenciement en jouant sur les départs à la retraite et les fin de carrières anticipées », souligne encore le pasteur. Où couper ? Que supprimer ? Par voie de pétition, une quinzaine de ministres prennent les devants et demandent que soient privilégiés les postes de terrain, où se développe un contact direct avec la population. « Dans les paroisses, nous fonctionnons aux limites des capacités », explique à Dompierre l’un des pétitionnaires, Vincent Guyaz. Débat nécessairePour ce comité, c’est clairement du côté des postes régionaux ou communautaires (MCO) qu’il faut trancher dans le vif. « Les entités paroissiales regroupent parfois plus d’une dizaine de villages et sont déjà suffisamment difficiles à animer sans perdre toute proximité avec la population. Elargir à l’échelon régional ne me paraît pas viable », détaille pour sa part la pasteure Jocelyne Müller. Ancienne collaboratrice régionale dans le Nord vaudois, elle estime que « ces postes ne correspondent pas vraiment à un ministère et que l’on peut donc s’en passer ».

En 2001, peu après le démarrage de la réorganisation Eglise à Venir (EAV), un petit groupe révélait déjà son inquiétude devant l’appauvrissement du ministère paroissial en raison d’une « mode de la spécialisation ». Depuis lors, une évaluation est passée par là. Cette nouvelle pétition n’a-t-elle pas une guéguerre de retard ? « Les mesures d’économies annoncées obligent à des sacrifices supplémentaires. En revanche, la dévalorisation du rôle de pasteur en paroisse demeure plus que jamais d’actualité et l’Eglise doit en débattre », répond Vincent Guyaz, qui avoue ne pas savoir combien de voix se joindront à celle du comité, date prévue pour la clôture de cette récolte de signatures.

Antoine Reymond avoue comprendre ces inquiétudes et reconnaît que « la charge paroissiale atteint actuellement ses limites ». Si la priorité est bien donnée à la proximité, il faudra donc « réaménager certains postes en fonction des tâches fondamentales du ministère », actes ecclésiastiques et prédication notamment. Cela posé, le Conseiller synodal note que « la volonté de multiplier les lieux de présence est celle d’EAV. Or ce système nécessite une coordination, notamment dans un nécessaire partage des tâches ». Les régions conservent, selon Antoine Reymond, leur raison d’être, « mais on peut en revanche se demander quelle importance leur donner ». Le débat ne fait que commencer et devrait se poursuivre jusqu’au printemps prochain.