Suisse: Initiative politique contre la pauvreté

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Suisse: Initiative politique contre la pauvreté

17 mars 2005
Six conseillers nationaux déposent aujourd’hui au Parlement un postulat demandant la tenue régulière d’une Conférence nationale sur la pauvreté
Soutenus par cinq organisations actives dans la lutte contre la précarité, dont l’EPER, ils demandent une prise de conscience générale du problème et un dialogue entre tous les acteurs concernés. La pauvreté existe dans notre pays, et il faut vivre dans sa tour d’ivoire pour ne pas l’avoir rencontrée. Enjeu politique et social majeur, cette réalité n’est pourtant pas prise en compte comme telle. Aujourd’hui, six conseillers nationaux – dont l’universitaire romand Stéphane Rossini, du parti socialiste valaisan - déposent au Parlement fédéral un postulat demandant la tenue régulière d’une Conférence nationale sur la pauvreté.

« La pauvreté a de nombreux visages. Elle touche les familles, les jeunes, les personnes seules ou âgées. Elle ne se manifeste pas seulement par le manque d’argent, mais aussi par une exclusion sociale et un manque de reconnaissance. Elle rend difficile la recherche d’un travail ou d’une formation, elle empêche une pleine participation à la société », explique notamment le texte du postulat. L’un des enjeux d’une telle conférence, qui pourrait par exemple se tenir une fois par législature, est de réunir tous les acteurs de la lutte contre la précarité afin d’adopter une vision d’ensemble et d’affiner les stratégies existantes. Actuellement, ce que l’on nomme le « filet social » est composé de trois niveaux étatiques différents (Confédération, cantons et communes). Il touche non seulement l’aide sociale, mais aussi l’assurance invalidité ou l’assurance chômage. Ses acteurs sont multiples : politiques, instances politiques, associations, Eglises ou syndicats. « Jusqu’ici, il n’y a pas d’objectifs communs adoptés. Un échange entre tous ces acteurs permettrait une plus grande efficacité et l’obtention d’une vision d’ensemble », explique Stéphane Rossini.Indispensables échanges d’expériencesCinq organisations ont signé ce document : ATD Quart Monde, Caritas, l’Organisation suisse d’entraide ouvrière (OSEO) et la Conférence suisse pour le travail social (CSIAS). L’Entraide protestante suisse (EPER) apporte également son soutien, ainsi que l’explique à Lausanne sa secrétaire romande Marianne Tellenbach. « Notre charte rappelle que tous les hommes ont droit à une vie digne et sûre en matière sociale, économique et politique ». Pour cela, l’EPER apporte aide d’urgence et soutien aux populations les plus défavorisées de notre planète ; mais elle développe aussi plusieurs actions en faveur des populations étrangères présentes dans notre pays. « Cette initiative s’inscrit donc parfaitement dans notre combat ». Ueli Tecklenburg, le secrétaire général de la CSIAS remarque pour sa part que sa récente étude intitulée « La couverture du minimum vital dans le fédéralisme en Suisse » a justement révélé d’importantes disparités entre les régions. « Une Conférence nationale sur la pauvreté pourrait contribuer à harmoniser les prestations ». Autre espoir revendiqué : Nourrir une discussion sur les rôles et les responsabilités des trois échelons étatiques, « afin d’améliorer les formes de collaboration entre eux ».

En 2003, une première Conférence nationale sur la pauvreté a été mise sur pied par le Département fédéral de l’Intérieur. Les signataires du postulat y voient une initiative louable et utile. Cependant, « les conditions permettant la participation de personnes précarisé n’étaient pas réunies ». De plus, aucun responsable politique n’y a participé, seuls des représentants du monde associatif ou syndical étant présents. « Il importe donc désormais de maintenir une dynamique constructive d’analyse, d’évaluation, et de propositions d’action pour agir dans ce domaine », souligne encore le texte déposé hier au National.