Jean Biondina, futur directeur de l’Eglise protestante de Genève :En route vers une Eglise conviviale qui ose s’affirmer

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Jean Biondina, futur directeur de l’Eglise protestante de Genève :En route vers une Eglise conviviale qui ose s’affirmer

14 avril 2005
Pour mener à bien sa restructuration afin de mieux coller à la réalité du terrain tout en tenant compte d’une baisse de ses ressources, l’Eglise protestante de Genève s’est dotée d’un directeur
Surprise : alors qu’elle cherchait à l’extérieur un professionnel, c’est dans ses rangs qu’elle a trouvé l’homme de la situation : Jean Biondina, pasteur à Plan-les-Ouates. Portrait.Au premier juillet prochain, Jean Biondina, 49 ans, pasteur à Plan-les-Ouates, troquera la robe de pasteur pour endosser le costard cravate de décideur en chef de l’Eglise protestante genevoise. « L’occasion, dit-il avec une pointe d’humour, d’arrêter de se perdre dans des palabres sans fin ; après consultation, il y aura immanquablement décision ! ». Qu’on se le tienne pour dit ! La tâche ne sera pas aisée quand on sait que les protestants ont l’habitude de tout décider à tous les niveaux et dans tous les coins et que, de ce fait, rien n’est véritablement arrêté de façon concertée. Le futur directeur recevra les grandes orientations du Consistoire et devra trouver les moyens de les appliquer. Il n’aura de compte à rendre qu’au Consistoire et au comité de ce dernier. Cela n’empêchera pas de travailler de concert avec les différents partenaires qui font vivre l’Eglise.

Le parcours de Jean Biondina est plutôt atypique : d’origine catholique à la fois par sa mère italienne et son père tessinois, il a tout envoyé promener à l’âge d’entrer au cycle à Chêne-Bourg où il a grandi. A dix-huit ans, il redécouvre la foi au sein d’une Eglise évangélique de Genève de type pentecôtiste. Et découvre du même coup la Bible, dont il a le sentiment très intime que la Parole s’adresse à lui. « Ce fut une très belle période constitutive de ma foi », se souvient-il.

Il est apprenti puis employé pendant six ans dans un laboratoire en parfumerie de la place. Mais la question de témoigner de l’Evangile le taraude. Il prend la difficile décision, alors qu’il n’a pas de maturité, d’entreprendre des études de théologie à l’Université de Genève. Cinq ans plus tard, licence en poche, il accomplit différents stages au sein de l’Eglise protestante de Genève, est nommé secrétaire des groupes bibliques (GBU) des Ecoles et des Universités de Genève puis devient pasteur de paroisse au Centre paroissial œcuménique de Meyrin, qui réunit deux Eglises sous un même toit. Il s’y sent comme un poisson dans l’eau, travaillant en étroite collaboration avec les catholiques et les évangéliques. Puis il est nommé pasteur à la paroisse protestante de Plan-les-Ouates-Bardonnex-Perly-Certoux. Homme de défi mais aussi de dialogue, il est tenté par l’appel d’offre de l’Eglise protestante genevoise qui cherche la perle rare pour prendre la direction opérationnelle des nouvelles orientations décidées lors de sa restructuration. Il en discute en famille, - il a deux filles de 26 et 20 ans - et tente sa chance.

« Le défi qui m’attend est formidable, dit-il, l’œil pétillant, il nous faut valoriser une Eglise à la carte, qui va à la rencontre des gens là où ils se trouvent, qui soit en adéquation avec ce qu’ils vivent au quotidien et soit attentive à leurs préoccupations. C’est pourquoi nous avons investi six lieux de rencontre spécifiques à Genève pour retrouver ceux qui n’arrivent pas à adhérer à une vie paroissiale mais qui souhaitent développer leur propre spiritualité. Nous voulons une Eglise qui prennent soin des laïcs, mais aussi des pasteurs et des diacres, comme ces derniers doivent prendre soin de leur communauté. Nous voulons enfin une Eglise qui a de l’audace et exprime ses opinions. Qui ose être fière de ce qu’elle est, de cette liberté intérieure qui est constitutive de l’identité protestante, assortie du sens de la responsabilité, mais qui ne disparaît pas dans le paysage au nom de cette liberté.