L'environnement, aussi l'affaire des chrétiens

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L'environnement, aussi l'affaire des chrétiens

28 avril 2005
Dès mercredi se tiendra à Bâle l'assemblée générale du réseau chrétien européen pour l'environnement
Rencontre avec son président à Genève et éclairage sur ce vaste mouvement oecuménique qui participe à l'important renouveau théologique en matière de défense de la nature.« La terre doit être partagée, la Création n'est pas la disposition de l'homme qui en fait partie intégrante ». Ancien professeur théologie oecuménique à l'Université de Berne, Lukas Vischer est aujourd'hui président du groupe directeur de l'European Christian Environnement Network (ECEN), le Réseau chrétien européen pour l'environnement. Ce nom un peu barbare cache l'engagement des communautés chrétiennes du Vieux Continent en faveur de l'écologie et de la sauvegarde de notre écosystème.

La 5e assemblée générale de ce réseau se tiendra du 4 au 8 mai prochains à Bâle. « Nous tenterons de retrouver l'état d'esprit du grand Rassemblement oecuménique ‘Justice, paix et sauvegarde de la Création' qui s'y déroula en 1989 », explique Lukas Vischer. Autour du thème « La contribution des Eglises au développement durable en Europe », quelque 130 délégués des institutions orthodoxes, protestantes, catholiques et anglicanes de l'Est comme de l'Ouest prépareront également le futur grand rendez-vous des chrétiens européens, prévu en 2007 à Sibiu, en Roumanie.Relire les textesFondée en 1998, l'ECEN a pour but de « défendre un développement durable à tous les niveaux – local et continental – en faisant intervenir, parallèlement à la dimension écologique, les dimensions spirituelle, politique et économique de la vie », souligne Lukas Vischer. Et on le sait : depuis la fin des années 60, les chrétiens ont ravivé leur conscience écologique, mise à mal par plusieurs siècles « d'abandon du véritable message biblique sur la Création au profit d'une conception utilitariste de l'environnement ».

Comme l'animal prétendument dénué d'âme, la nature fut longtemps considérée comme un simple matériau à notre disposition. « Cette lecture d'un Ancien Testament ne se préoccupant que de la relation entre Dieu et l'homme se base sur une compréhension biaisée de quelques versets de la Genèse », signale Lukas Vischer. Ainsi le fameux « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer' », ou encore « Soyez dans la crainte et l'effroi de tous les animaux de la terre et de tous les oiseaux du ciel (...) Ils sont livrés entre vos mains ». Des passages qu'il convient de replacer dans leur contexte historico-culturel, notent les exégètes contemporains. « De plus, beaucoup de textes affirment au contraire que l'être humain est partie prenante de la Création. C'est pourquoi hommes et animaux sont créés le 6e et même jour : c'est un même espace terrestre qui leur est offert et dont ils doivent prendre soin ensemble ».Un discours à incarnerSans renier leur rôle social, les Eglises s'engagent chaque année davantage sur le terrain de l'écologie. Il existe ainsi en Suisse depuis 1986 un équivalent national de l'ECEN, la COTE ou Communauté oecuménique de travail Eglise et environnement, qui travaille à renforcer la conscience écologique des Eglises. Par ailleurs, de plus en plus de théologiens sont invités à de grands rassemblements en faveur de la sauvegarde de la planète. Quand l'initiative ne leur en revient pas, comme ce fut le cas en automne dernier avec l'important forum « Ecologie et spiritualité » qui se tint en Savoie et vit notamment la présence du biologiste Jean-Marie Pelt.

Pourtant, selon Lukas Vischer, « la contribution religieuse n'est pas toujours acceptée facilement par les ONG laïques ». A Bâle, la priorité de l'ECEN consistera donc aussi à développer un discours religieux crédible sur ces questions. Pour cela, « il faut que les Eglises commencent à incarner cette réflexion. Ce n'est pas encore totalement chose faite en Europe, notamment chez les latins ». La volonté de l'ECEN est donc d'encourager les communautés à se montrer « fidèles à la vérité du message biblique sur la Création ». Car sans commencer par donner l'exemple, les chrétiens n'ont guère de chance d'être entendus.UTILE

L'ECEN est présent sur Internet : www.ecen.org